La crête acérée des montagnes piquée de sapins austères se baignait d’une lueur dorée à mesure que l'aube dispersait les ténèbres de l'horizon. De longs et langoureux rayons de soleil déplacés les ombres et donnait à la neige le scintillement cristallin d’un joyau. Reaper gravissait la pente raide d’un flan montagneux qui la poudreuse révélait délicat à passer. Les larges pattes du loup s’enfonçaient dans la texture molle et collante, déplaçant parfois de grosses plaques de glace cachées qui s’effondraient dans des gerbes blanches. La queue longeant son dos droit, il avançait avec lenteur et application, encore dans l’ombre du pic de la montagne. Luttant contre un élan de fatigue qui menaçait depuis peu, Reaper garda le rythme et finit par atterrir sur un vaste plateau neigeux en contrebas. Peut-être le vestige d’un lac engourdit par l’hiver. Il tira ses pattes de la couche de neige qui tentaient de le retenir à chaque pas fait dans la poudreuse et s’engagea sur la glace épaisse et givrée. Là il eut le temps de souffler comme il se fut assit. Une brise légère venu du sud secouait les poils en bataille de sa fourrure. Avant que le froid n’engourdisse ses muscles chauffés, il se redressa en ravalant le coin de langue pendante qui traînait au coin de sa gueule et reprit l’ascension en captant des odeurs diverses et variés. Il était dans la bonne direction. Non pas qu’il en doutait depuis qu’il s’était mit en chemin, mais un coup de pouce lui indiquant qu’il ne s’était pas pommé durant le voyage était rassurant. Enfin un bon point.

Un hurlement soudain brisa le silence rompu par les craquements de la glace de la montagne à peine éveillée. Les oreilles du mâle se tournèrent sur la gauche, avant que sa tête suive le mouvement et que ses yeux se dardent sur la silhouette tachetée d’une louve. Reaper se dirigea vers elle de sa démarche féline, les traits de son visage ne trahissant pas grand -chose à part une très légère curiosité.