Sujet: I''m never white ... I''m Shadow. [ PV Akhmes. ] 20.05.09 16:01
I'm never white ... I'm Shadow.
Il faisait froid, très froid. Enfin, non. Il ne faisait sans doutes pas tellement froid, mis Coma White, lui, sentait la bise glacée lui percer la fourrure avec autant de facilité que s'il c'était s'agit d'une feuille de papier. Il faut dire que Coma n'était pas taillé pour le froid. Grand, très grand, avec des pattes gigantesques, comme de grandes tiges dont on ne savait que faire. Il était maigre, aussi. Certains diraient "svelte", lui préférait dire "rachitique". Ça lui donnait l'impression d'être laid. Ça lui faisait tellement de bien ... Et puis il y avait son pelage, aussi. Quelle saloperie. Fin, très fin, qui lui collait aux côtes. En permanence ébouriffé, terne, sale, crasseux. Il était une ombre parmi les ombres, comme diraient d'autre. Mais ça lui convenait parfaitement, voyez-vous. C'était tellement plus facile d'être caché, en fuite, en permanence, vagabond dans sa vie comme dans son âme ... Ça l'aidait.
Aujourd'hui, Coma White avait pris son courage à deux mains - enfin, deux mains ... Deux grandes guiboles dans lesquelles il s'emmêlait tout le temps - et s'était approché de la terre Sibeska. Aussitôt, il avait été fasciné. La neige, partout, partout, partout ... Coma n'aimait pas le froid, mais il aimait la neige. Pourquoi ? Facile. Blanc = pureté, perfection, magnificence. Neige = blanc. Donc, neige = pureté, perfection, magnificence. C'est la même façon de raisonner que "Les oeufs cuits sont durs, al vie est dure, donc la vie est un oeuf cuit", sauf que là, ça marche. Et puis, le blanc ... Comment faites-vous pour y rester insensible, vous ? N'importe quoi étant blanc méritait l'adoration de Coma White. Une colombe morte trouvée au pied d'un sapin ? Il l'enterrait et pleurait - mentalement, voyons, mentalement - les restes d'une créature pure, donc blanche. Les premiers flocons de neige apparaissant dans la lueur de la nuit ? Coma pouvait passer des heures à admirer ce spectacle, quitte à se prendre un arbre au retour pour avoir laissé la perfection atteindre son globe oculaire. Globe oculaire ... Quand on y pense, c'était la seule chose que le grand vagabond pouvait considérer comme belle en lui. Ses yeux étaient blanc pâle, légèrement gris. Ses yeux étaient donc la perfection, la pureté, la magnificence. Oui, mais ses yeux étaient sur lui. Lui, Coma White, le solitaire, le chien galeux. Donc, si on appliquait la même théorie que tout à l'heure, ses yeux n'étaient soit pas blancs, soit pas sur lui. Et puis zut. Ils n'étaient pas blancs, ils étaient gris. Gris n'est pas blanc, donc ses yeux ne sont pas blancs. Logiques.
Coma White, donc, admirait la plaine enneigée depuis quelques heures déjà. Il était patient, le Coma, très patient. De toute façon, nul besoin de patience lorsqu’on avait devant les yeux une beauté si parfaite. Le vagabond s’apprêtait à s’enfoncer un peu plus dans Sibeska lorsqu’un bruit de pas lui frotta les oreilles. Merde, des autres ... Coma White fit demi-tour, embrassant une dernière fois du regard le paysage étincelant. Il entendait déjà des paroles incohérentes dans son dos, des ordres, des cris. Ou peut-être n’était-ce que son imagination. Le vagabond s’apprêtait à courir. Le monde était flou, lumineux, tout semblait blanc pâle ... C’était beau. Coma s’émerveillait devant la beauté de ce qu’il voyait lorsqu’il se rendit compte que les Celestials le rattrapaient. Il se remit à courir, manquant plusieurs fois de trébucher gravement, s’emmêlant dans ses pattes si longues et si maigres. Et il avait tellement froid ... Pourtant, il lui prenait l’envie soudaine d’haleter, comme s’il faisait une chaleur à en mourir. Coma White n’haletait jamais. Il endurait, tout simplement. Alors, comme à son habitude, il endura. Encore et encore. Le Solitaire sentait ses yeux blancs – non, gris voyons, gris – rouler comme celle d’un chien fou. N’était-ce pas ce qu’il était vraiment ? Un chien – loup, chien, c’était du pareil au même – errant qui fuyait, encore et toujours, un danger qu’il ne connaissait même pas ? Coma n’entendait plus rien. Il stoppa sa course, manquant de s’étaler face contre terre. Le roc avait remplacé la glace. Et le roc n’était pas blanc. Coma sentait sa tête tourner. Il regarda en arrière, ses yeux brillants dans la nuit tombante.
Au loin, il voyait l’étendue blanche de la toundra s’enfoncer dans l’horizon.
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