Revenir... et ne jamais oublier...(pv)

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Etait-ce une bonne idée? Au fond d'elle-même la louve opta pour la négation. Combien de mois s'était-il écoulé? Trois, quatre...assez pour que Wolf Angel oublie son nom, assez pour qu'Il oublie jusqu'à son existence, là son coeur opta encore pour la négative, impossible, il ne pouvait pas l'avoir oublier, non que la louve soit vaniteuse, mais les moments passés ensemble ne pouvaient s'effacer aussi facilement, quoi que...
Dark avait traversé les terres de l'ouest puis Sibeska, ses terres de prédilections, les terres neutres, celles des Sakarite pour enfin arriver sur le territoire Devil. Ce long chemin aurait pu la dissuader plus d'une fois, elle avait eut envie de faire demi tour, d'abandonner ces souvenirs qui faisaient à présent partis de son passé, peine perdue, ses pattes n'avaient jamais fait aucun retour en arrière. Trois jours de course de marche à chasser peu, trois nuits pendant lesquelles le sommeil manquait. Elle était épuisée, fatiguée, mais si ses pattes tremblaient légèrement lorsqu'elle s'arrêta enfin de courir, son visage avait la même détermination qu'à son premier jour.
L'habituelle oppression des terres devils la prit, pesante, un mal être douloureux qui vous glace jusqu'aux os. La louve n'en avait pour autant pas arrêté son chemin. Il ne pouvait être qu'ici! Dark se refusa à croire qu'il pouvait ne plus être, on ne disparait pas en trois mois...le doute s'insinuait alors en elle, perfide, comme toujours, n'était-elle pas partie elle? Et partie pour quoi?
La louve grise s'était pourtant stoppée lorsqu'elle était arrivée à la frontière de la terre dévastée. Elle détestait cet endroit, rempli de l'odeur de mort, de la souffrance, et de la douleur. Il représentait tout ce qu'elle haissait. Fermer les yeux, respirer un bond coup, elle en était sortie aussi tremblante qu'un chat mouillé. Puis il y avait eu la rivière aux légendes terrifiantes. L'endroit même où ils s'étaient revus. Des souvenirs mélés à l'odeur du sang, rien de telle pour ne pas s'y attarder bien longtemps. Sur sa route elle ne l'avait jamais trouvé, personne d'ailleurs, les celestials, bien que neutres, n'avaient jamais été vraiment les bienvenus sur les terres devils, pour peu qu'ils s'y aventurent. La nuit tombait, elle aurait bien continuer si ses pattes n'avaient pas défaillit soudainement. La louve s'était écroulée, le souffle court, la respiration hachée. Où se trouvait-elle, Dark n'était jamais allée si loin. Des arbres, hauts, l'encerlaient, l'orée d'une forêt. Dark aimait, adorait les forêts, mais celle-ci avait quelque chose qui donnait froid dans le dos. D'ailleurs, un hurlement sourd au loin lui en donna la confirmation. Elle ne savait pas de quelle bête pouvait provenir un pareil hurlement gutural et rauque, et elle ne souhaitait pas l'attendre pour en avoir le coeur net. Se relevant avec difficulté sur ses pattes fragiles. Elle chercha, huma, un abri où elle pourrait se réfugier pour la nuit. Choux blancs une fois de plus. Elle n'en demeurait pas moins certaine de continuer, chaque meute avait un repère, un endroit secret connu d'eux seuls, elle le trouverait, et par la même occasion, le grand mâle auquel elle avait offert son coeur quelques mois plus tôt.
La lune était déjà bien haute, et le soleil, complètement disparut lorsque Dark trouva enfin une cachète, dans le creux d'une bute, sous le tronc déraciné d'un arbre énorme. Ce n'était qu'un abri de fortune, mais la louve espérait que cela suffirait pour la nuit. Elle s'y enfonça autant qu'elle le put et s'écroula littéralement à terre. Se recroquevillant sur elle-même, la louve sibérienne ferma les yeux, amenant à elle l'image d'un loup au pelage cendré rayé de blanc et de noir, elle mit un point d'honneur à se rappeler chaque détail de sa personne, l'entrainant dans un sommeil paisible, lorsque la dernière bribe de sa conscience s'éteingnit, un seul prénom voguait sur ses mers de brume: Griffe de Lune...

Invité

Griffe de Lune courait, ses muscles puissants roulant sous sa fourrure. Les yeux fixés devant lui, les nez au vent, il traquait sa proie, impitoyable. Ses yeux ambrés semblaient prendre une couleur rouge irréelle, sûrement due au soleil mourant. Ou peut-être à l'envie de meurtre qui s'emparait du corps du mâle ? Nul, à part lui-même, ne peut le savoir avec précision. Or Griffe prenait un malin plaisir à ne jamais parler de lui-même. Devant le mâle affamé, un biche affolée s'enfuyait, de toute la rapidité dont elle était capable. Les fougères et les herbes se courbaient sur son passage, soufflées par le vent que la femelle créait. A sa suite, Griffe faisait figure d'un sombre fantôme, effleurant à peine les végétaux susnommés. Son attitude contrastait en tout point avec celle de sa proie. Il était confiant, sûr de lui, et déterminé à attraper sa victime fuyante. Aucune de ses émotions, pourtant puissantes, n'apparaissait - il restait parfaitement impassible, à un point que cela en devenait insupportable.

Griffe de Lune sembla penser que l'amusement avait assez duré, et il allongea encore ses foulées. Cette fois, il ne pouvait empêcher son corps massif de faire bruire les buissons, mais cela n'avait aucune importance - sa proie était trop proche pour qu'il puisse dissimuler sa présence. Et il ne voulait d'ailleurs pas. La peur de sa victime l'émoustillait, l'excitait, doux prélude d'une délicieuse agonie. Griffe ne se laissait aller à ses pulsions meurtrières que lorsqu'il chassait. Les yeux du mâle se plissèrent, et une lueur effrayante s'alluma dans ses prunelles. Elles étaient assombries par la soif de sang que chaque parcelle de son corps ressentait. En une ultime accélération, Griffe fut sur la biche. Ses crocs mordirent férocement ses épaules, lui faisait perdre l'équilbre. Le fauve et sa proie roulèrent à terre, le prédateur tenant fermement sa prise. Toutefois, l'animal était loin d'être mort. Ce n'était pas pour rien que Griffe de Lune était Devil. En lui, cachées dans les ténèbres, se terraient des envies inavouables en bonne société, un sadisme, une cruauté et une envie de sang indicible. La biche hurla - il n'y a pas d'autre terme pour désigner le cri qu'elle poussa. Les griffes du mâle s'enfoncèrent dans ses flancs puis, pris d'une légère poussée de compassion, il mit fin aux souffrances de la femelle. Ensuite, haletant, son sang de guerrier bouillonant dans ses veines, il saigna la biche et la dévora. Son appétit était tel qu'il ne resta bientôt plus que des os et quelques parties que Griffe de Lune ne trouvaient pas à son goût. Alors, quand il eut terminé de nettoyer la moindre trace de sang, Griffe reprit ses esprits.

Il soupira, encore dangereusement conscient d'être prêt à la bataille. Il se força à penser à autre chose qu'à toutes les créatures de chair et de sang qui vivaient dans les environs. Pour cela, il avait dévellopé une technique très efficace. Griffe de Lune se mit à penser avec application à Dark Destiny, chose qui ne manquait jamais de refroidir ses ardeurs. Il n'aimait cependant pas beaucoup penser à la louve dont il était tombé amoureux, car ces souvenirs douloureux lui déchiraient le coeur. De nouveau maître de lui, il enferma jusqu'au moindre souvenir de la louve dans un recoin de son esprit et le ferma à clé. Inutile de penser à des espoirs envolés qui ne pouvaient que le faire souffrir. Cela ne pouvait que l'aigrir, or il souhaitait rester ouvert à ceux qui avaient besoin de lui.

C'était sans compter sur ce satané destin qui s'acharne à vous causer le plus de malheurs possibles. Après tout, une Loi ne dit-elle pas que si quelque chose peut mal se passer, cela se passe mal ? Bien que, pour lui, son repas eût paru bref, il avait en fait duré suffisament longtemps pour que la soleil soit tout à fait mort, et que la lune soit haute dans le ciel. Griffe leva les yeux vers l'astre blafard, par une trouée entre les cimes des arbres. La forêt de la perdition était encore plus dangereuse de nuit, mais il s'en fichait. Après tout, il était sans doute l'un des plus redoutables prédateurs en foulant le sol. Et il ne craignait pas l'appel de la mort, ayant toujours su qu'il ne mourrait pas de vieillesse. Avec ce lourd passé qu'il traînait et ce sang si traître qui le poussait au combat ? Avec la disparition inexpliquée de sa louve ? Non, il n'espérait plus rien de la vie. A part peut-être... Une faible odeur portée par le vent. Désormais alerte, tous ses sens en éveil, le mâle bondit sur ses pattes. Non, c'était impossible, il avait rêvé. Et pourtant... Il se mit à nouveau en chasse. Chercha. Trouva. Arrêta de respirer, quelques secondes. Reprit son souffle. Murmura.

" Dark. Dark Destiny. "

Ce fut les seules paroles qu'il fut capable de prononcer, complètement figé dans le moindre de ses mouvements. Immobile et choqué. Ses pensées gelées.

Invité

Le monde était flou, semé de nuages d'un blanc cotonneux. Partout autour d'elle s'étendait prairies, forêts, en tout cas ce qu'elle pouvait en voir. L'atmosphère semblait lourde, pesante, la louve entrouvrit la gueule pour respirer, avaler l'air indispensable à ses poumons, rien à faire, elle étouffait. Elle se mit à haleter, et les formes autour d'elle changèrent, se mouvant, formes étranges, presque familières.

Les arbres prenaient vie, la prairie autour d'elle ondoyait comme une mer déchainée. Au loin, un bruit de course la fit frémir comme une biche apeurée. Puis à l'horizon, dans ce paysage hésitant, se détacha une silhouette plus nette que dans n'importe lequel de ses souvenirs.

Dark ouvrit les yeux, sa pupille sombre se fixa sur le mâle noir qui se tenait à l'entrée. Il était là, chaque détail auquelle elle s'était efforcée de redonner vie calquait son visage, son pelage, son corps tout entier. Un léger sourire illumina son visage. Une odeur de sang vint ditiller son museau, pouvait-on sentir dans les rêves? Tant pis, elle n'allait pas s'arrêter pour un détail inutil, elle le tenait, dans le feu de son regard, et tout ses souvenirs se rejoignèrent dans cette même silhouette. La seule chose qui l'étonna fut son expression. Dans ses nombreux rêves, il avait toujours eu cette impassibilité statuaire, comme s'il avait été taillé dans le marbre, la pointe de réalité et de vie venait de ce sourire, à demi dans le coin de ses babines. Et pourtant, devant elle, le mâle semblait étonné, non plus qu'étonné, difficile à dire, elle pouvait lire de l'incrédulité dans son regard, qu'avait-il? Sans doute était-ce le fruit de sa propre imagination, peut-être y voyait-elle le reflait de sa défaite. Elle referma les yeux, à demi consciente, heureuse, elle ne s'était jamais aussi bien rapelé ses traits. Enfin, il lui fallait du repos, elle reprendrait sa route demain, un baillement lui échappa. La louve ne sentait plus son corps, seule restait cette impression étrange de...ne venait-elle pas de refermer les yeux? L'image de Griffe de Lune s'était évaporé, elle s'essaya à le rapeler, jamais il n'eut la même neteté. Alors doucement, elle entrouvrit les paupières. Elle dut battre plusieurs fois, le manque de sommeil l'assommait...Elle eut un murmure inaudible:

-C'est impossible...

[désolée, si t'aime pas je changerais, pas fière de moi]

Invité

[ Si, j'aime bien, c'est juste que je ne vois pas trop quoi répondr eà ça... Je ne pourrai sans doute pas faire plus de quelques lignes si tu ne me donnes pas de quoi rebondir ^^' Ou alors je perdrai tous les dévellopements que je pourrais faire plus tard just epour écrire davantage, je serai bête. Comme tu veux ]

Invité

( écris moins, ça me suffira ^^! Je ne sais pas trop quoi faire d'autres vu qu'elle est à moitié réveillée! Si tu veux je me creuse la tête, mais que veux-tu qu'elle répondes?)

Invité

[ L'ennui c'est que je ne vois pas quoi dire non plus, l'est trop choqué x) Enfin j'essaye quand même ^^ ]

Peu à peu, le dégel parvint jusqu'au cerveau de Griffe de Lune et ses pensées se remirent en marche. Et au pas de course. Elles se bousculaient dans sa tête, comme une vague irrépréssible de sensations et de sentiments. Le mâle était toujours aussi figé physiquement, le moindre de ses muscles paralysé, mais son sprit était un véritable champ de bataille. S'y affrontaient la joie et la peur, la peur terrible de la déception, alors que combattaient ensemble l'amour et l'espoir contre le ressentiment et la douleur. Les souvenirs et l'imagination se mêlaient dans une danse frénétique. Nul n'aurait pu dire qui gagnait contre l'autre, qui affirmait sa place et qui reculait. C'était tout simplement le chaos total. Et, quelque part au milieu de ce déchaînement, une petite voix essayait de comprendre ce qui se passait. Et cette petite voix sauta sur un mot, pris à l'envolée, sans qu'elle ne cherche à comprendre d'où il venait.

* Oui. C'est ça, c'est impossible, tout s'explique. Ah. Ah ah. *

" Ferme les yeux et dis-toi que c'est un mauvais rêve. Des fois ça marche. "

Griffe de Lune n'avait pas pour habitude de parler tout seul à voix haute, mais là il était perturbé. Très perturbé. Et le mâle ferma fortement ses paupières, secoua la tête et serra les mâchoires, avant de jeter un autre coup d'oeil prudent vers la forme allongée dans le creux de l'arbre. De plus, un insecte piqua Griffe à cet instant, la douleur - physique cette fois-ci - se répandant brièvement dans son système nerveux.

* Bon, ce n'est pas un rêve ou alors c'est le plus réaliste des rêves que j'ai jamais faits. Peut-être que la biche que j'ai avalée avait elle-même mangé des champignons hallucinogènes ? *

L'esprit de Griffe était prêt à accepter n'importe quoi plutôt que la réalité. Car celle-ci l'obligerait, encore, à renverser sa stabilité mentale pour l'entraîner sur les pentes dangereuses de l'amour. Or, il venait à peine de sortir de celles de la dépression et n'avait pas l'intention de replonger dedans.

Invité

Il devait en être arrivé à la même conclusion qu'elle car ses mots furent sans équivoque. Ok, elle était bien en train de rêver, mais quel stupide rêve que de faire dire la même chose à ses deux personnages, il est vrai qu'elle n'avait jamais été très doué pour imaginer un monde fantastique, n'empêche elle se croyait un peu plus développé que cela. Si les brumes du sommeil la tenaient dans leurs bras quelques instants plus tôt, Dark était à présent belle et bien réveillée, enfin, physiquement parlant puisqu'on son cerveau semblait plus lent que la normal à assimilier que...
Que Griffe de Lune se trouvait réellement devant elle? Une amertume immense la prit, lorsqu'elle plongea son regard dans le sien, elle n'y vit qu'un refus incommensurable de voir la réalité, d'accepter qu'elle était de retour. Il n'y avait pas trois mille façons de décrypter ses sentiments. Premièrement, elle l'avait fait souffrir, oh ça, il n'y avait pas besoin d'être médium pour le deviner, mais l'aurait-il seulement laisser partir s'il avait su? De toute manière, Dark Destiny se sentait libre, et même si pour bon nombre de loups, le terme "couple" signifie ne jamais se quitter, il était encore difficile à admettre pour la louve. Car après tout, les plus beaux amours sont ceux qui savent réunir deux coeurs tout en les laissant propres à chacun de leurs caractères? Et non pas pour former un hybride des deux, en tout cas, c'était le point de vue de Dark.
Le chagrin vint frapper à son coeur comme un loup déguisé en mouton, elle le laissa entrer, trop faible pour vouloir véritablement le combattre. Pourquoi était-elle venue ici? Pour retrouver un loup qui avait déjà eu temps de mal à tenter de l'oublier? Et si elle repartait? Sans prévenir, comme son instinct étrange le lui ordonnait parfois. N'était-il pas injuste de lui faire subir tout cela? Lune semblait plus déconcerté que jamais, si elle partait, aussi vite qu'elle le pouvait, il croirait encore à un mauvais rêve, vu la tête qu'il faisait, ça ne devrait pas être trop difficile. Epuisée, non K.O la louve rassembla toute son énergie pour se relever, et plus vive qu'à son entrée dans ces terres Evil, la louve se glissa entre l'ouverture et le mâle noir et se fondit dans la forêt. Elle n'alla pas bien loin, elle était fatiguée, la forêt ne lui plaisait pas, et puis, elle tenait tout de même à revoir encore et encore ce visage, s'impregner de ses moindres traits et détails, le garder, un souvenir intact...
Elle se positionna de façon à cacher son odeur par le vent, se cacha brièvement dans les branchages et son regard se fixa sur la silhouette noire qu'elle entrevoyait à l'orée de son ancien abri.

[désolée pour le temps, j'ai du mal en ce moment à venir souvent.]

Invité

[ Moi aussi x) ]

La louve aux teintes irréelles de l'impossible profita de sa stupéfaction pour filler en douce. Le mâle sentit sa fourrure le frôler alors qu'elle passait près de lui, et son souffle chaud ainsi que son odeur faillirent le faire chavirer. Ses yeux s'écarquillèrent davantage, mais Griffe de Lune ne trouva pas la force, ni la volonté nécessaire pour enfin bouger. La solution la plus simple dans toutes les situations, c'est ne rien faire. C'est rarement la meilleure, mais c'est sans aucun doute la plus facile. La plus aisée. Quand on ne fait rien, on n'a pas besoin de réfléchir, pas besoin de faire face à la dure réalité. Griffe fut tenté de se glisser dans cette douce torpeur, mais son esprit combattif reprit rapidement le dessus.

Après tout, en situation de choc, il devenait plus vulnérable, et ses instincts de guerrier - non, de tueur - prenaient plus facilement le dessus. Oui, c'était si simple, si doux de se laisser aller dans la passivité, mais ça l'était encore plus de se laisser aller à ses insctints les plus enfouis, les plus profonds, les plus naturels. L'ennui, c'est que ces pulsions ne se réveillaient pas pour rien et que là, il n'y avait rien à faire. Aucun ennemi à attaquer ! Rien dont il fallait se protéger ! Rien à traquer ! Une minute, si, il y avait quelque chose à traquer. La louve dont il avait été question plus tôt. L'esprit désemparé de Lune sauta sur l'idée. Le loup secoua la tête, retrouvant enfin, grâce à la clarté froide de l'envie de meurtre, toutes ses pensées. Et il se mit à réfléchir. Que pouvait-il faire ? Que voulait-il faire ? Pour la première question, il pouvait soit faire comme Dark, et s'en aller en espérant ôter tout ça de son esprit, soit partir à sa recherche et clarifier la situation. Pour la seconde... Difficile à dire. Il voulait... ne plus souffrir. Mais en même temps, il voulait aussi retrouver le soleil, la puissance du baume qu'on étalait sur ses plaies mentales, la douceur de la femelle qu'il aimait. Alors.. la prudence ou le carpe diem ?

* Carpe diem. *

La queue du mâle se redressa, signe qu'il avait enfin un but, qu'il s'était décidé. Il lui fallait retrouver Dark, savoir ce qu'elle pensait, ce qu'elle voulait, et s'ajuster. Il savait ce qu'il voulait à présent, mais ce ne serait pas facile - et d'ailleurs, Dark le voudrait-elle seulement ? Il lui fallait une réponse à ces questions. Le mâle commença par renifler l'air, mais ne trouva aucune trace olfactive. Cela ne le surprit pas, mais ne le découragea pas non plus. Certes, elle était sous le vent... Mais l'odeur de ses pas était encore vivace. Il n'aurait qu'à la retrouver de cette manière. Griffe de Lune baissa donc la tête, et son museau effleura l'herbe délicate. Sa respiration fit se courber les herbacées, et une part de lui s'emplit de joie en reconnissant l'odeur de sa belle. Toujours le nez près du sol, chatouillé par les brins d'herbe, il entreprit de remonter lentement la piste, se rapprochant de plus en plus - comme le témoignait la concentration de plus en plus élevée de l'odeur affolante.

Invité

Il était étrange de voir à quel point un être agissait selon ses sentiments, ses émotions, et surtout son passé. Car n'appartenait-elle pas à cette charpe de souvenirs dans lequel Lune avait voulu s'oublier, se laisser entraîner, n'était-elle pas revenue au moment même où, ne sentant plus la douceur de ce voile, il allait s'en séparer? Mais ne venait-elle pas de faire la même chose en partant aussi vite. Elle avait eu un besoin vif, viscéral de retourner là bas de retrouver ses terres sanglantes qui l'avaient vu naître, de retrouver cette odeur de sang frais où elle avait baigné, de comprendre, de s'assurer qu'elle avait bien changé. La vie qu'elle avait mené à Wolf Angel l'avait enchanté, et si, aujourd'hui elle ne doutait plus de sa légalité sur terre, autrefois, il lui avait été difficile d'admettre sa présence. Une ombre qui pourrissait de sa respiration le monde, un être qui en avait tué tant d'autres, et qui vivait encore, une injustice qui l'accablait d'autant plus que la peur de la mort lui interdisait de s'oter elle-même la vie. Si ses mois de solitude l'avait transformé, elle n'en demeurait pas moins consciente qu'une part d'elle avait été élevé, entraîné au combat, plus qu'à la survie, au meurtre. Il avait fallut de longues années, des amitiés, des amours, des regards, une vie simple pour comprendre qu'on a tous le droit à une seconde chance.
Puis elle avait rencontré Griffe de Lune, elle assurait alors pleinement ce qu'elle était, une célestiale, rien qu'une célestiale, une louve des marches froides, des terres glaciales, un coeur apaisé mais muet. Leur relation s'était mué si rapidement en amour qu'elle n'avait pas eu le temps de comprendre ce qui lui arrivait. Dark ne doutait pas qu'elle méritait à présent ce bonheur, ce loup qui, bien qu'ayant connu à lui seul le fardeau de trois cent loups, représentait le plus précieux présent au monde. Et c'est là que tout avait commencé...
Pendant longtemps la louve s'était interdit le bonheur, elle ne l'avait jamais envisagé, si était toujours cru indigne, elle avait du revoir son jugement, et les conséquences qui s'y mélaient. La femelle grise n'avait jamais parlé de son passé, ou si peu, que le désir ardent qui s'était révélé en elle avait été trop impulsif trop impérieux pour qu'elle l'explique, elle était partie, sans savoir qu'elle avait causé derrière elle les dégâts les plus lourdes que cette confiance à peine retrouvée et si vite arrachée.
Dark Destiny releva les yeux, bien mal embusquée, elle l'avait vu la prendre en chasse, chasse d'un amour, chasse d'une vérité également, vérité qu'elle lui devait. Elle ne bougea donc pas, oublia fatigue et nausées, oubliant les faiblesses physiques, elle ferma les yeux, cherchant les mots, les tournures capables d'expliquer, elle n'en trouva aucune... Lorsque son regard sombre se rouvrit, Griffe de Lune se trouvait devant elle. Dans ses yeux, la lueur vaporeuse s'était tu, il la savait proche de lui, réelle. Cette rencontre aurait dû être une effusion de joie, aurait dû, s'il en avait été autrement. Ils se regardaient l'un l'autre sans parler, Lune en son droit, Dark par manque de volonté. Elle expira lentement, le regard qui la fixait n'attendait que cela, une réponse, elle l'a lui donnerait.

- Je devais comprendre. Je devais savoir s'il était possible que...

Les mots se turent, une colère sourde monta contre elle-même. Ses derniers mots furent presque des cris avant de redevenir conciliante.

- ... si mon passé avait été enterré une bonne fois pour toute, je suis recherchée Lune, par ceux de ma meute, à tout moment ils auraient pu être là. J'ai beau m'être exilée moi-même, ils l'ont pris comme une trahison, m'ont assenti que mon nom portait le malheur, et la fin proche de ma voie. C'était idiot je te l'accorde, de partir sur un brusque coup de tête, personne, depuis des années n'est jamais venu. Mais la décision que je m'apprêtais à prendre me dictait de tuer tous soupçons. Je veux vivre avec toi Lune, pour l'éternité, je veux...fonder une famille...

Elle se trouva stupide, partir pour fonder une famille, une magnifique oxymore, qu'il était d'ailleurs en droit de ne pas comprendre. Mais il lui avait ouvert les yeux sur une chose, un nouveau sentiment, implacable, elle voulait porter la vie, et ce plaisir maternel laissait monter en elle une peur irrépressible, une peur que même les terribles souvenirs de son enfance n'avait pas réussi à esquinter. Elle était partie. De sa meute il ne restait plus rien, décimée par ses appétits cruels, voraces bien trop grand au regard des pertes que chaque bataille entrainait dans l'au delà. Elle était revenue, trop tard peut-être, mais elle était là. Plus aucune lueur de désolation ou de tristesse dans son regard, elle regardait le mâle sans ciller, parce que son choix était irrémédiable et qu'elle aurait effectué dans tout les cas. Perdre Lune par sa faute, par sa fuite, le laisser vivre, restait acceptable, dur, mais acceptable. Le voir mourir, lui et peut-être leurs enfants par les crocs de loups sanguinaires auraient été insupportables. De celà elle ne dit rien, ne voulant pas qu'il la plaigne, gonfle son courage et ses inéductables facultés. Elle attendit le choc, la déchirure, la séparation qui paraissait inévitable de son regard tranquille que seul une légère lueur éveillait l'apréhension.

[ vraiment désolée : ( ]

Invité

Enfin, le mâle avait retrouvé la louve qu'il aimait tant. Mais ses instincts le pressaient de ne pas s'arrêter là : à quoi bon traquer quelqu'un si ce n'est pas pour lui sauter dessus ? Une douleur lancinante hurlait dans sa tête, vorace, aggressive et démente. Ses yeux se posèrent sur la femelle. Des yeux d'un fixité menaçante, dangereuse. Les yeux d'un prédateur qui envisage la meilleure façon de tuer sa proie. Pourtant, Griffe de Lune de bougeait pas, les griffes furtivement plantées dans le sol, les muscles des pattes tendus à se rompre. L'ancien combattant se maîtrisait. Tout juste, mais il se maîtrisait quand même... S'il avait attaqué LA louve, il ne se le serait jamais pardonné. Sa vie n'aurait plus été qu'un enfer. Non.. sa vie était déjà un enfer, duquel il s'échappait parfois dans des moments de tranquilité. Mais sans Dark Destiny, ces moments se ferraient si rares, alors qu'il serait torturé par le remords, qu'il en deviendrait fou...

Le loup gris n'osait pas prononcer une parole. Il était incapable de parler, figé dans ce maelstrom d'émotions. Et desserer ses crocs alors qu'il était dans un tel état était une très mauvaise idée. Mais Griffe était attentif. Très attentif. Il écouta chaque parole de la louve, se délectant de chaque mot comme s'il s'agissait d'un or pur qui pourrait le sauver. Il les faisait rouler dans sa tête, pour en apprécier toute la saveur. Et pour mieux s'imprégner de leur sens. La voix de Dark était tellement envoûtante... Les yeux du mâle semblèrent se rétrécir à mesure que la louve progressait dans sa tirade, et il fallut un long moment avant qu'il ne parvienne à formuler une réponse. Avant d'avoir le courage de s'affirmer.

" Je... " commença Griffe.

Ce n'était pas un très bon début, mais Griffe n'était pas doué pour parler quand il s'agissait de lui. Il savait réconforter les autres, mais dès qu'il était le sujet du problème, il perdait tous ses moyens...

" Je ne sais trop que te dire. Je veux que tu saches que, quoi qu'il arrive, mon... amour... pour toi ne faiblira pas. Je ne peux men débarrasser, même si je le voulais. Ce n'est pas un sentiment qui se laisse commander, après tout. Mais... je ne veux... pas souffrir davantage. Je suis prêt à mourir pour toi, s'il le faut, mais je ne supporterai pas que tu joues avec moi. "

Une brève bourrasque de vent ébourriffa la fourrure de Griffe, et fit voler une feuille devant son nez, lui donnant brusquement envie d'éternuer. Mais le mâle se contenta de plisser des yeux, et ne bougea pas, stoïque, entièrement concentré sur la situation actuelle.

" Je peux comprendre un passé lourd, je peux aussi comprendre que l'on ne parvienne pas à l'oublier - après tout, je serais mal placé pour critiquer cet état de fait. Je peux aussi comprendre que tu aies pu éprouver le besoin d'aller éclaircir quelques branches obscures de ton histoire. Mais ton départ m'a vraiment été douloureux. Je ne peux pas simplement l'ignorer... Je veux toujours être à tes côtés et te faire confiance, mais cette confiance est déjà bien fragilisée, et il ne tient plus qu'à un fil qu'elle se brise. C'est tout. "

Que pouvait-il ajouter d'autre ? Oui, il comprenait ses motivations, mais il ne pouvait oublier le mal qu'elle lui avait fait, consciement ou non. Si elle le désirait, il serait très heureux de pouvoir se considérer à nouveau en couple avec elle, mais il lui faudrait du temps avant de pouvoir se reposer sur elle comme autrefois. Les blessures peuvent cicatriser, mais les cicatrices ne s'effacent pas. Tout au plus peut-on les masquer.

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