Le soleil se levait lentement à l'horizon, étirant ses quelques rayons oranges pour toucher le ciel et repousser l'astre lunaire. Couchée contre une paroi de la grotte, je regardai cette boule jaune monter lentement au travers de cette brume épaisse. Lâchant un léger soupir, un nuage de vapeur s'échappa de ma gueule et s'envola. Je le regardai disparaître avant de me décider à me lever. J'avais perdu le sommeil, à quoi bon lui courir après ? Me secouant énergiquement, il faisait froid. Balayant la grotte du regard, j'aimais voir ces corps collés les uns contre les autres pour s'apporter un peu de chaleur, assez pour ne pas grelotter. Je ne craignais pas le froid aussi je n'avais pas besoin d'une bouillotte ambulante. Pourtant parfois je m'autorisai à un peu de compagnie. Pas cette nuit-là... J'avalai ma salive difficilement avant de partir en trottant silencieusement, quittant cet endroit pourtant si agréable. Avançant parmi les arbres, je laissais mon esprit vagabonder tranquillement, ignorant s'il j'allais réussir à le rattraper. Ma longue queue se balançait doucement, ma fourrure blanche se mêlait à ce décor si parfait. Les nuages lourds se rassemblaient au dessus de moi et bientôt un vent frais annonça l'arrivée de la neige. Sans m'en rendre compte je m'éloignais de mes terres, mes pattes me portant où bon leur semblait. Je me sentais étrangement calme, un peu comme dans un rêve, quelque chose de surnaturel. Je me refusais à penser à tous ces rêves, ces cauchemars qui avaient hantés mes nuits. Parfois il m'arrivait d'envier les créatures de l'enfers : comment pouvaient-elles faire des cauchemars puisqu'elles en étaient les maîtresses ? Ils pouvaient bien dormir sur leurs deux oreilles, ces bâtards de démons. Alors que moi, je devais lutter contre le sommeil jusqu'à tard dans la nuit, pour être sûre de m'endormir aussitôt et de ne pas penser. Surtout ne pas réfléchir. Voilà déjà 3 ans... Trois ans que je traînai ce deuil sans pouvoir m'en remettre, trois ans que je n'arrivais à l'oublier. Tourner la page, recommencer à zéro. Je n'y arrivais pas. C'était impossible ! Sentant mon estomac se contracter je me mis à grelotter. Mais pas de froid... Baissant la tête je laissai mon corps partir à la dérive. Pourtant dans mon corps mon sang brûlait, il se répandait dans mon corps comme un coulis de lave. Refusant de me laisser aller au désespoir et à la haine je relevai fièrement la tête et décidai de mettre un peu d'ordre dans tout ça. Me secouant entièrement, je partis en trottant avec plus de légèreté, comme pour me convaincre que tout allait bien. Mais rien n'allais bien... Soudain je m'arrêtai, surprise par un rayon de soleil aveuglant qui venait de me transpercer l'oeil. Où étais-je ? Fronçant les sourcils, je me tournai vers le soleil... La brume m'avait masqué à quel point le jour avait avancé. Il neigeait. De lourds flocons s'abattaient sur moi, recouvrant ma fourrure déjà neigeuse.

Ma patte heurta quelque chose de froid et dur. Bondissant en arrière, je sentis mes muscles frémirent. Non, calme... Prenant une profonde inspiration je regardai avec curiosité l'objet par terre. C'était rond et creux, dans une matière dur, lisse, grise. Un peu comme de la pierre. Je relevais la tête, me rendant compte où est-ce que mes pattes m'avaient mené. Malgré la brume, la neige, le vent je reconnus aisément cet endroit tant de fois comptés par les loups âgés : le camp des bipèdes. M'avançant sur les ruines d'une race disparue, j'observai les vestiges d'un monde dont j'ignorais toutes les coutumes. Puis, quelque chose à terre attira mon attention. C'était... Comme une feuille d'arbre avec dessus le visage d'un bipède. Je fis glisser ma patte dessus et me rendis compte qu'il y avait une protection. Quelque chose de transparent et parfaitement lisse recouvrait ce portrait. Un sourire s'étira sur mes babines : si cela était protégé, c'est que c'était important. Refusant de toucher les choses qui appartiennent aux inconnus, je me détournai de cette chose étrange. Grimpant sur un rocher pour surplomber la vallée, je pris une profonde inspiration en fermant les yeux. Je me sentis soudainement légère, très légère. Un vent m'apporta un caresse, un soupir, un murmure. Mon sourire s'accentua. Bonjour maman... Restant immobile, statue parfaite, je me laissais bercer par cette mélodie qui m'était adressé. Du moins je voulais le croire, je voulais croire qu'on me regardait de là-haut, que ma mère ne m'avait pas oublié, depuis tout ce temps. La neige pouvait bien me recouvrir, je ne la craignais pas. Je ne craignais pas le froid..

J’étais ‘épaté’ de voir comment la nature d’Hell c’était dégradé. C’était devenu horrible, immonde, a vomir. A chaque fois que j’avais posé une patte sur ces misérable terre, c’était une once de dégout, voir même plus qui coulé dans ma gorge. C’est une honte, comment ont-ils pu laisser tout se dégrader ainsi ? Il y avait des Devil restant que je sache. Et ils ont fais quoi pendant ces trois là, tous ces branleurs ? Non mais, pfff, pitoyable. Ils me font une belle bande de con… J’en perdrai mon latin tellement j’en suis étonné. Ca m’irrite, ca me gave, ca m’énerve ! Punaise, je n’ai plus de mot pour décrire tout cela. Alors attendez, restez bien assis sur votre chaise, parce qu’autant au début je me demander si c’était une blague, si mon instinct ne m’avait pas lâchement quitté durant le voyage et la quand j’ai vu ce qui aurait du être la rivière de sang, c’était du sirop de fruit rouge plus qu’autre chose. Je suis sur que si nous étions revenu un an plus tard, elle aurait était translucide, transparente quoi. Mais quel calvaire, tout ce que nos aïeuls avaient fait il y a des décennies et complètement détruit, partie en miette, en fumé je dirais même !

J’ai même plus envie d’en parler, j’ai même plus envie d’y poser les pattes. J’ai juste envie de vomir mes viscères sur ces terres complètement dégueu’ ! Résultat, qu’es que je me retrouve a faire ? A m’exiler sur les terres neutres tant que tout n’es pas comme avant. Putain, il va nous en falloir du boulot mes petits. Je suis sur que c’est de ça qu’Yeiayel nous protéger en me répétant a longueur de journée ‘non papa, faut pas y aller’. Oh mais ta gueule, je suis sur que j’ai raison… Ouais bin je n’avais pas si raison que ca… Non ce n’est pas vrai, j’ai jamais dit ta gueule à une de mes filles… Seulement de se la fermer quand elles rentraient dans une de leurs nombreuses crises de jalousie. Si plus tard je dois à nouveau avoir une portée, je prierai mon père pour qu’il y ait des mâles. Quoi que pauvre de lui et surement de moi aussi quand je me rends compte que je suis le seul mâle de la portée qu’il a eut sur huit. Haha ! Mes sept sœurs doivent lui en faire voir de toutes les couleurs, ca doit être comique d’être en Enfers ces temps ci. En plus avec ma mère, autant vous dire que le Méphistophélès que Wolf Angel a connu n’est plus du tout le même. Avec Abraëlle il a intérêt à marcher droit.

Marchant un peu n’ importe où sur l’ancien camp des humains, je m’arrêtais net quand je sentis une odeur que je ne connaissais que trop bien. Levant les yeux vers la silhouette blanche qui était posté sur un rocher, j’esquissais un sourire malfaisant. J’étais sur qu’elle, elle ne mourrait pas. Qu’elle, malgré ses difficultés, elle braverait même l’impossible. Elle détruirait les Devil. J’étais plus que près de la réalité n’es ce pas ? Mais je connais sa faille, comme tous les ancien Devil. C’était quoi son nom a lui ? Temosok ? Ou si ce n’est pas ca, c’était quelque chose du genre. Et Humbra. Tu sais quoi…