Parfois, c'était tellement bien, la solitude. Axe avait toujorus aimé être seule, en tête à tête avec ses pensées, libre et vagabonde. Lorsqu'elle était seule, ell arrêtait, pendant une fraction de seconde, d'être sur le qui-vive. Axe ne se détendait jamais. Elle restait tendue, nerveuse, prête à bondir au moindre bruit suspect. Elle avait appris à se méfier de tout, à craindre le changement, la différence, la surprise. À craindre la crainte. Elle devait avoir du courage, oublier ses peurs et ses angoisses, oublier totu ce qu'elle était. Elle ne devait plsu rien ressentir, ne plus être une louve, simplement un esprit. Se fondre dans l'environnement, le plus discrètement possible, oublier qu'elle était là, sur terre, à risquer sa vie pour quelques bribes d'information à rapporter à sa meute. C'était tellement difficile, de se vider la tête, de tout oublier, tout ... Tout.

Sa vie était un Enfer, elle le savait. Axe n'avait qu'un ami, son cerveau. Elle se réfugiait dans son sanctuaire le plus souvent possible, oubliait la réalité, tout ce qui la rattachait au sol. Elle s'envolait. Et un jour, elle ne reviendrait jamais. Mais, à présent, même son sanctuaire semblait infesté par Eux, par les Autres. Elle ne décollait plus, restait clouée au sol, obligée de triturer dans son esprit tout ce qui la torturait. Ses cauchemars. Car, depuis longtemps, Axe ne dormait plus. Insomniaque, elle se comptentait de quelques petites minutes de sommeil lorsqu'elle parvenait à le dénicher dans sa conscience. Même au bord de l'épuisement, elle redoutait de s'endormir, n'y parvenait jamais. Des cauchemars l'assaillaient à chaque fois qu'elle fermait les paupières. Elle voyait du sang, des marques de pas dans le sol, et puis quelqu'un qui hurlait, qui hurlait ... Sur le coup, ça semblait si clair, mais à l'instant où elle s'éveillait, terrorisée, la fin de son mauvais rêve était déjà enfouie quelque part dans son subconscient, là où elle ne pourrait jamais l'analyser.

Axe, aujourd'hui, était au bord de l'épuisement. Et pourtant, elle continuait, courrait, courrait comme si sa vie en dépendait. Elle savait que, si elle ralentissait, si elle s'arrêtait, le trou béant dans sa tête et dans son poitrail s'élargirait un peu plus. Les bords sanguinolants se déchireraient un peu plus. Que se passait-il ? Elle était la louve qu quotient intellectuel le plus élevé depuis des millénaires, bon sang ! Alors Axe courrait, courrait, encore et encore. La louve n'osa pas regarder errière elle, de peur de voir les fantômes de son rêve la pourchasser. Elle accéléra, haletante. Soudain, Axe trébucha, maladroite d'épuisement. Elle s'écroula au sol, le coeur au bord de l'explosion. N'osant pas femer les yeux, elle dû pourtant s'y résoudre lorsqu'elle vit ses hallucinations s'approcher furtivement d'elle. Mieux valait la peur un court moment plutôt que la terreur avant de se rendre compte que tout n'était que le fruit de son iamgination. Ce fut sans regret qu'elle s'endormit. Plus tard, elle n'aurait su dire quand, quelques minutes ou plusieurs jours, Axe ouvrit les yeux. Comme d'habitude, son cauchemar n'avait pas de fin. Il faisait nuit, et la lune brillait dans le ciel. Au moins, son sommeil agité et fiévreux lui offrait quelque secondes de répit pour reprendre ses forces. Axe huma l'air, et reconnut aussitôt l'odeur des Devils. La Moucharde sentit les poils de son échine s'hérisser, mais elle était beaucoup plus lucide qu'avant son repos, et ses idées étaient plus claires. La louve se leva et s'ébroua discrètement. Son pelage gris-brun se fondait parfaitement dans la nature, de nuit comme de jour. Seuls ses petits yeux perçants brisaient son camouflage indétectable.

Axe se remit à courir. Cependant, elle était beaucoup plus consciente, et c'était plus pour réchauffer ses muscles engourdis que pour échapper à ses fantômes. Peu à peu, elle gagna en vitesse, son soufle lent et paisible prouvant que son endurance avait beaucoup augmenté depuis ces dernières semaines. Pour la première fois depuis longtemps, elle se sentait un peu moins lourde, plus légère. Ce fut donc avec plaisir qu'elle accéléra, peu soucieuse de s'enfoncer sur les terres ennemies. Bientôt, une odeur familière capta l'odorat d'Axe. Un Sakarite ? Et pas n'importe lequel ... Avide, Axe bifurqua et se dirigea plus vers le'st dest terres Devils. Aucun ennemi à l'horizon. Sans craintes et confiante à son nez, Axe traversa un épais buisson et entra aussitôt en collision avec ... L'invisible ? SON invisible ? Et oui, possessive, Axe avait catalogué le personnage qui l'avait le plus marquée depuis son arrivée comme sien. Ils roulèrent dans la poussière avant d'heurter brutalement un roc. Axe fit encore quelques roulés-boulés puis se releva avec difficulté, une douleur cuisante lui brûlant l'épaule. Elle bondit sur le loup gris et fixa ses yeux pâles.