Undüme se sentait d'humeur... mélancolique. Morose. Bref, ce n'était pas un état très agréable. C'était le genre de jour où l'on aurait aimé pouvoir hiberner à la façon des ours pour une journée complète, en attendant que ça se passe. Car ces journées n'apportaient jamais rien de très bon, et l'on avait plutôt tendance à perdre notre temps à ruminer de sombres idées noires. Alors, pour faire ça, autant prendre de l'avance sur le sommeil et dormir. D'expérience, le grand loup savait que ce serait une mauvaise journée. Une très mauvaise. Mais bon, que voulez-vous, il ne pouvait pas hiberner alors il était bien obligé de sortir et tenter d'échapper vainement à cet état catatonique qui lui enserrait le cœur et l'esprit. Enfin, plutôt l'esprit, car l'autre supposerait qu'il ait un cœur. Oh, il en avait surement un mais il s'agissait encore de le trouver. Et ça, c'était une tâche oh combien plus compliquée.

C'était donc dans l'espoir - enfin, tout était relatif - d'échapper à la morosité que le maître assassin avait commencé sa promenade. Une promenade qui l'avait amené à franchir plusieurs montagnes - ce n'était pas de sa faute, il adorait l'escalade et bondir de rocher en rocher - jusqu'à ce que l'air se fasse plus frais et plus rare. Il avait marché, encore et encore, jusqu'à franchir le col. Aussitôt la barrière naturelle franchie, le corps svelte du loup fut assailli par le vent glacial et mordant des terres du Nord. Undüme s'immobilisa et ferma les yeux un instant pour apprécier la caresse du vent furieux plaquant ses poils contre son corps fin, soulevant des flocons survivant du début du printemps. Il n'y avait pas à dire, les Celestial devaient être rudement solides pour supporter sans broncher et sans le moindre remords ce climat hostile. Soupirant, le mâle reprit sa route et descendit calmement les montagnes jusqu'à atteindre la forêt enneigée de Sibeska.

Prudent lorsqu'il s'agissait de ces loups au caractère orgueilleux, l'assassin préféra rester le long de la frontière. Et puis, de toute façon il avait chassé en cours de route, il n'avait pas faim et n'avait donc aucune raison de s'aventurer plus bas sur les plaines de glace. Voulant avant tout décontracter son esprit, Undüme se força à chasser ses idées noires pour laisser son esprit vagabonder sans réel but. Il marcha encore un bon moment, jusqu'à arriver à une sorte de petit ruisseau qui venait certainement de dégeler avec l'arrivée du printemps. Depuis les températures avaient peut être un peu chuté mais l'eau était suffisamment mouvante pour ne pas se transformer en glace de nouveau. Se rendant brusquement compte de sa gorge sèche, le grand loup se baissa prudemment pour s'abreuver assez lentement pour ne pas que l'eau glaciale lui colle des maux d'estomac. Puis, le vent changea brusquement de direction et lui apporta l'odeur d'une louve relativement proche de lui. Dressant par réflexe ses oreilles sur son crâne, la haute stature de l'assassin se redressa et pivota vers l'endroit d'où provenait l'odeur totalement inconnue. Qui était-elle ? Que faisait-elle ici ? Elle ne semblait pas Celestial par son odeur, si tant est que les Celestial possédaient une autre odeur que celle de la neige. Était-elle en train de le suivre ? Si oui, depuis combien de temps et dans quel but ? Non, vraiment, le loup était intrigué.

Tiens, c'était étrange ça. Il avait beau se tourner dans le sens du vent, il ne voyait rien au premier coup d'œil... Intéressant. Ça voulait dire que la louve était - enfin, du moins essayait - de se cacher des yeux du grand loup. Mauvaise idée, c'était le meilleur moyen pour attiser sa curiosité. Et un Undüme curieux n'était jamais réellement bon signe. Alors. Pourquoi tenterait-elle de se soustraire à son regard ? Ce n'était certainement pas un assassin ou alors pas un assassin solitaire. Soit elle était là pour détourner son attention pendant qu'on l'attaquait dans le dos, soit c'était une débutante. Mais bon, avec l'age peut être avait-il tendance à devenir paranoïaque, mais pour être totalement sûr, il tendit l'oreille pour vérifier les sons dans son dos et sur les côtés. Hm. Ça m'avait l'air clean. Bon, ça c'était fait mais quand même. Donc la louve était belle et bien seule avec lui. Intéressant. Et donc, elle tentait plus ou moins vainement de se cacher. Pourquoi ? Avait-elle peur de lui ? Ou souhaitait-elle simplement ne pas lui parler ?

Dans un cas comme dans l'autre, Undüme avait décidé de faire son chieur. Et donc, la louve solitaire ne voulait pas qu'il la voit. Bon, ce n'était pas que c'était un maître assassin et donc qu'il avait tendance à découvrir relativement facilement les cachettes des autres, mais un peu quand même. xD Donc, allons-y pour une fouille rapide du regard dans les environs. D'abord, se concentrer sur l'odeur et l'orientation du vent pour avoir une idée la plus précise possible. Ensuite, se concentrer sur les sons, le battement frénétique d'un cœur, une respiration hachée ou le bruit du vent qui s'engouffre dans les poils. Enfin, se concentrer sur la zone en question et observer les endroits potentiels de cachette. Après, il suffit d'y aller par élimination. Le souffle chaud qui fait de la buée, les nuances de la fourrure, une broussaille assez imposante et quelques brindilles brisées sans oublier les empreintes. Il lui fallut quelques secondes pour se concentrer sur tout cela, mais fini par trouver au milieu de la végétation, une zone plus sombre où il finit par distinguer la silhouette d'une louve. Il murmura doucement pour lui-même :

Undüme : « Trouvé ! »

Après quelques secondes d'observation, il finit enfin par capter les yeux perçants de la louve qui le fixait. Il lui renvoya son regard avec une petite lueur amusée et un rien victorieux et peut être légèrement moqueur dansante dans le fond de ses pupilles. L'assassin esquissa un léger sourire amical et remua doucement la queue de droite à gauche pour rassurer la louve sur ses intentions pacifiques. Après tout, il ne cherchait pas à se battre... Ce genre de combat bourrin en face à face, il trouvait cela ennuyant. Il préférait l'assassinat. Beaucoup plus propre, beaucoup plus classe, beaucoup plus fourbe et tout cela nécessité beaucoup plus de préparation et d'organisation. Non, vraiment. Faisant un léger clin d'œil amusé, le loup lui lança doucement :

Undüme : « Bonjour ! »