Mon nom était Hooligan. Je suis mort.

Une silhouette grisâtre, dos vouté, surplombait une autre de la même couleur. De loin, on aurait pu croire à une scène d’après combat … Une scène de cannibalisme puisque les deux êtres là étendus étaient tous deux de grands loups. Des combattants. Des anges tombés incapables de se relever. Hooligan poussa le corps de son père du museau. Mais il ne bougea pas, étendu sur le sol. Le loup savait pourtant que son père avait vieilli, qu’il n’était plus aussi endurant, plus aussi fort, bien que toujours imposant et doté d’une prestance à vous en faire pâlir. Ce père, ce dieu qu’il aimait, qu’il chérissait … et qui venait de l’abandonner. Comme un chiot découvrant la mort pour la première fois, Hooligan laissa échapper un couinement, suivis d’un long gémissement plaintif. Il se lamenta ainsi alors même que le corps de son paternel était froid, inerte. Plus aucun espoir n’émanait de ce corps voué désormais à la pourriture, contribuant ainsi à l’assainissement de la terre. Et plongeant inexorablement le jeune fils dans une douleur atroce.

Il se souvenait encore des derniers mots de son père, alors qu’il avait rejoint ce dernier, découvrant avec effroi qu’il était balafré de partout et que ses blessures dégoulinaient de ce même liquide rouge qu’il avait tant de fois vu couler … fait couler. Il s’était précipité pour l’aider, le soutenir, le suppliant sans attendre de tenir bon, de ne pas partir, de ne pas le laisser. Il avait senti la mort, ce n’était plus qu’une question de temps. Hooligan avait dès lors perdu foi et espoir. Il ne lui restait plus qu’à attendre la mort … ou un miracle.

« Retourne t’occuper de la meute, Hooligan. Trouve celui qui te remplace depuis notre départ et exige ta place. C’est à toi que revient le poste de dominant. »

Son père avait trouvé la force de souffler ses mots puis il s’écroula. Hooligan, totalement désarçonné couina avec douceur, frotta sa tête contre le corps de son père, évitant ses blessures, lui demandant de se relever. Seul, il n’arriverait à rien, geignait-il. Il avait tort. Complètement. Le sang de la famille coulait dans ses veines. Il était né pour devenir Alpha et il devait faire honneur à son père en exécutant ce qu’il souhaitait … son dernier vœu. Depuis la disparition de sa mère, son père s’était écroulé. Il avait perdu de sa vigueur, perdu de cet esprit démoniaque qui forçait le respect et faisait trembler les moins expérimentés des Devils. White Devil était dominant et il l’avait touché montré. Même en étant parti pour aider sa meute. Il s’était absenté, certes, mais ses raisons étaient justifiables, honorables, devrions-nous dire. Hooligan n’avait pas le droit de décevoir son père après l’avoir aidé à remonter la pente. Après avoir disparu avec lui une seconde fois, laissant le poste d’Alpha à … ils ne savaient même pas qui. Le jeune loup avait alors endossé une partie de la responsabilité qu’avait dû avoir son paternel à son égard depuis son plus jeune âge. Les rôles s’étaient inversés. A présent, il veillait sur lui. Il avait appris, tellement de choses en si peu de temps …

Je me relevai, laissant là le cadavre de mon père. La déchirure qui se créa instantanément dans ma poitrine m’empêcha de me redresser aussi vivement que je l’aurais souhaité. Désormais, je porterai cette cicatrice en moi. Mon père était mort. Hooligan aussi. Je décidai de faire honneur à sa mémoire : je me jurai de récupérer ma place d’Alpha. Une détermination profonde venait de prendre racine en moi et enveloppait tout mon être … Papa, je te promets que tu seras fier de moi, de là-haut. Je t’en fais le serment. Tu m’as vu grandir, tu connaissais mes forces et mes faiblesses. C’est toi qui m’a toujours encouragé, qui m’a poussé à me dépasser, constamment. C’est toi qui a fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Et c’est sur toi que je vais prendre exemple, désormais. Crois-moi, je te rendrai fier. Tu ne seras pas déçu. Et pour commencer …

La tête haute, le loup gris fit un pas en avant, s’assurant de la stabilité de son corps. Ses longues pattes ainsi tendues lui conféraient une stature imposante. Le jeune loup qui avait quitté la meute n’existait plus depuis longtemps. Il avait été remplacé par cet animal à la carrure presque aussi impressionnante que son père. Une véritable machine à tuer. Une odeur s’enfila dans ses narines et, aussitôt, ses babines se retroussèrent sur des crocs acérés et meurtriers. Ils avaient l’expérience de la mort, aucun doute. Après tout, White Devil était réputé pour les dégâts qu’il avait longtemps causés chez ses ennemis. Il était donc tout à fait normal de voir cette caractéristique transmise à sa progéniture.

Le loup gris marchant sur les traces de son paternel s’élança sans attendre, flairant constamment, pistant celui qui portait encore l’odeur du sang de l’ancien Dominant Angel. Ses pattes solides frappèrent le sol avec énergie alors que son corps ondulait, ne faisait plus qu’un avec le vent qui, loin de l’arrêter dans sa course effrénée, semblait même l’accompagner et l’aider à gagner de la vitesse et du terrain. Il s’immobilisa soudain, se donnant un instant pour respirer et observant la scène depuis son promontoire rocheux. Là voilà, la créature dont le pelage était encore couvert de tâches rouges. Un grondement mourut dans la gorge du fils du grand loup gris alors qu’il dévisageait sa future proie. Le vent soufflait contre son visage, aucun risque que l’autre canidé ne se rende compte de sa présence. Il venait de s’arrêter à son tour, près d’un ruisseau d’où il lapait l’eau fraîche et vivifiante. Cette dernière était signe de vie et de bien être. Plus pour longtemps.

Comme s’ils avaient été prévenus de la menace, des nuages vinrent couvrir le ciel alors que l’Esprit Vengeur descendait en direction de sa proie. Un regard sombre traduisait sa détermination et ce dernier ne fit qu’accentuer la peur de la louve qui, quand elle se retourna, tomba sur ces yeux de démon.

« Que … que voulez-vous ? »

Sa voix était faible, éteinte. Avait-elle remarqué ? Avait-elle compris qu’il n’y avait plus d’échappatoire possible, désormais ? Un rictus visible s’empara des babines du loup gris, ressemblant presque plus à un tic nerveux. Mais il n’en était rien : en quelques secondes, il retrouva un visage parfaitement normal. Il ne se laisserait jamais attendrir ou charmer par la louve, jeune et inexpérimentée, qui avait tout de même tendu une embuscade à son père. Il n’avait aucune information à lui soutirer, il ne désirait que sa mort … Ce qu’il lui confia dans un murmure démoniaque. La femelle s’étrangla et ne trouva rien de mieux à demander que le nom de son futur meurtrier. Un sourire absent, une flamme dans le regard, deux mots :

« Black Devil. »

Et il fondit sur elle, la gueule ouverte, resserrant ses mâchoires sans peine sur la peau tendre de la gorge. La louve, si surprise, fut incapable d’anticiper le mouvement et de se dégager. Elle avait senti que son destin basculerait mais elle n’avait même pas essayé de fuir, faute d’expérience. Elle était tombée sur un tueur. Déjà, l’eau source de vie qu’elle avait avalé quelques minutes plus tôt ne lui servait plus à rien. Le mâle releva la tête, la gueule ensanglantée et poussa un hurlement glaçant.

Appelez-moi Black Devil. Je suis de retour.

[Je me suis permise de choisir l’option numéro trois pour la fiche *_* Etant donné qu’il me fallait expliquer pourquoi Hooligan était revenu et pourquoi il a changé de nom … C’était la solution la plus pratique ! =D Ah oui, à noter, pour ceux qui ne le saurait pas encore, je suis Jeff, hein =P]

Biiiien sûr **
Et j'y cours, j'y vole, j'vais activer tout ça, aussi en passant, huhu *_*

Merci à toutes les deux ! **
Je file l'inscrire ! =)

Merci pour lui, Slayer =P