Manwë
○Silver Requiem
Ce matin là, j'étais parti avec la ferme intention de rassembler les quelques phalanges sous mon commandement. Mais aucun loup n'avait répondu à l'appel. Furieux, j'avais décidé d'aller m'entraîner seul. Je ruminais sans cesse de noires pensées quand à l'abscence de guerriers pour protéger notre meute. Nous avions besoin de plus de membres. Notre meute était fragile, en particulier après les derniers évènements. Il fallait que nous, les guerriers, soutenions notre dominante, et fassions prévaloir notre indépendance et notre refus de participer à cette guerre ridicule.
Rageur, je traversais la plaine, faisant fonctionner mes muscles puissants, roulants sous ma douce fourrure. Je me poussais à bout. Inspirant l'air à grandes goulées, faisant fonctionner mes pattes si vite que j'avais l'impression de voler. Une fois arrivé dans la forêt, je m'élancais contre un arbre, arrachant une jeune branche d'un coup de dent. Je la secouais en tous sens. Puis soudainement, je m'arrêtais.
Ce lieu calme et serein m'apaisa soudainement. Je lâchais le bout de bois informe et me prit à déclamer...
_Le grand loup blanc marchait,
L'ame en peine,
Et le ciel lui semblait,
Plein de haine...
Tant que...
Je m'arrêtais, faire des vers me paraissait saugrenu en ce lieu... Mes pattes avaient tracé Mon chemin sur la neige fine et poudreuse de la douce forêt silencieuse.
Les aiguilles de pins venaient mourir à mes griffes, je me retournais, ayant entendut un léger bruit. J'aperçut des traces fines, beaucoup plus petites que les miennes. Je les reniflait, elles étaient récentes, et c'était une femelle. C'est alors que je reconnut l'odeur. C'était ma dominante. Seule ?!
La vision de mes traces, faisant pratiquement le double de celles de la louve, me donna une soudaine envie de rire, je prenait brutalement conscience de ma taille importante... Il m'arrivait souvent de dépasser les autres loups d'une tête. Soupirant mélancoliquement, je me dirigeais de nouveau vers l'inconnu de la forêt que je ne connaissais que depuis quelques mois... Et dire que mon père avait grandi en ces lieux magnifiques...
Il faisait froid, mais il n'y avait pas de vent, je m'aplatissait dans la neige pour me rafraîchir, j'étais bien.
Je me relevais, puis m'ébrouais. De la neige s'envola et quelques particules flottèrent un infime instant dans l'air pur, telles de fines goutelettes de rosée portées par le vent un frais matin d'automne.
Ma fourrure gonfla soudainement, j'eut l'impression d'être ridicule et remit un peu d'ordre dans mon pelage blanc, tout gardant un air digne, comme le ferais mon père.
Je décidais ensuite de méditer, et j'allais m'asseoir sur des rochers. Observant le coucher du soleil de mes yeux d'or liquide, je pensait à la guerre qui déchirait Wolfangel... Et à cette satanée rumeur qui courait à travers chaque territoire. Nous, les Célestials, avions détruit le barrage... Faux, totalement faux !
_Du gâchis... Du beau gâchis...
Murmurais-je pour moi même. Je secouais la tête, et lâchais un soupir.