Lune de Sang sourit amicalement à la vue de Laïka, montrant qu'il était heureux de la revoir. Il se rapellait dans les moindres détails le combat qui les avait opposés à un lynx féroce. Bien que tout se soit déroulé extrêmement rapidement, dans la confusion la plus totale.
Heureusement pour eux qu'ils aient vaincu ce lynx. Sinon, guerre ou pas guerre, ils serraient morts...

Ce que la louve ne savait pas, c'est que peu après avoir combattu ce fichu lynx, il était tombé avec une autre louve sur un ours. Quoi de plus réjouissant ! Là encore, ils l'avaient vaincu et non sans mal.
Lui s'en était tiré avec de simples douleurs à l'échine et de multiples courbatures, car il avait gêné - plutôt efficacement d'ailleurs - les mouvements de l'ours en s'accrochant de toutes ses forces sur son dos, à la jonction entre ses épaules et sa nuque. L'ours n'était pas mort.
Il était tombé et la louve l'avait fait fuir - c'était un ours jeune, facilement effrayable et inexépérimenté.

- Heureux de te revoir, louve du sud, répondit le loup noir avec un nouveau sourire discret.

Le loup noir haussa un sourcil. Le ton de Laïka était bien plus froid comparé à ce à quoi elle l'avait habitué. Qu'est-ce qui la dérangeait ?
De le voir ? Elle avait dit qu'elle en était heureuse, mais le loup noir était bien placé pour savoir que l'hypocrisie était une chose difficile à détecter quand on ne connaissait pas les intentions de l'autre.
En tout cas, il y avait un problème quelque part.

- Qu'est-ce qui ne va pas ? demanda le loup, curieux.

Il se souvenait d'avoir posé cette même question, de la même manière. Il y a longtemps, très longtemps... Une petite voix aïgue, celle d'un louveteau, qui demandait ce qui n'allait pas... devant la carcasse sans vie de la seule personne qu'il avait jamais aimée. Lune frissona pour chasser de son esprit ces images déplaisantes.

( pas d'inspi >< )

Lune ne sourit pas et détailla très attentivement l'inconnue, son regard glacé fixé sur elle. A l'odeur, elel était également Sakarite, comme Laïka. Il détestait la Meute Sakarite, sa meute de naissance. Oui, les Sakarite étaient ceux avec qui il prenait le plus de plaisir à aiguiser ses crocs et ses sens. Une haine profonde à leur égard était ancrée dans son coeur, et s'il en avait libéré une partie très importante lorsqu'il avait assassiné sa mère, il en restait quelqus traces indélébiles, inneffaçables.

Oh, certes, il pouvait faire des exeptions. Apès tout il n'était pas le seul à ne pas aimer la Meute des Sakarite, même parmi les Sakarite très certainement. Et puis ce n'était pas parce qu'un loup est dans une Meute pourrie qu'il est lui-même aussi pourri que sa meute. Laïka, par exemple. Elle avait du potentiel même si elle ne le libérait pas assez. Lui pensait qu'elle méritait mieux qu cette Meute déloyale et infecte, mais certains loups avaient du mal à ouvrir ls yeux et à prendre les décisions qui s'imposent, aussi il ne lui avait même pas parlé de son point de vue.

Chose qu'il faisait rarement, de toute façon.

- Maintenant que les premières formalités sont passées, est-il possible que l'on se dise bonjour sans sauter à la gorge de l'autre ? fit le loup noir d'un ton presque aussi froid que celui de Yasmine et certainement bien plus sarcastique.

Si Laïka faisait partie des exeptions Sakarite, pour Yamine ce n'était certes pas le cas. Rien que la manière dont elle lui avait parlé alors qu'elle le rencontrait pour la première fois avait ravivé dans son coeur les braises de la colère. Il était beaucoup plus sensible aux sarcasmes Sakarites qu'à ceux des autres Meutes, et y répondait de même plus violement - mais en présence de Laïka, il n'eut même pas un frémissement disant qu'il avait envie de se jeter sur son amie pour la déchirer entre ses crocs, comme sa mère auparavant. Ses yeux restèrent froids et vides, ne reflétant en rien l'envie de meurtre qui avait traversé son coeur.

- Ai-je le droit de savoir pourquoi, au juste, vous m'avez parlé sur ce ton hostile alors que vous venez tout juste de croiser mon chemin ?

Une épaisse couche de glace s'était refermée sur les émotions et le coeur du loup noir, fermant du même coup toute complicité qui aurait pu s'établir avec Laïka. Il avait été plus détendu avec elle et elle aurait pu pénétrer plus en avant de son coeur, mais l'arrivée de Yasmine, et surtout de ce ton froid, avaient refermé la porte qui s'était ouverte.
Peut-être n'était-ce que temporaire, mais en présence de cette louve il se refermait à nouveau comme une huître.

Ce n'était pas du tout, mais alors pas du tout le genre de réponse qui convenait à Lune. C'était le genre de réponse qui avait tendance à vou faire retrouver au fond d'un ravin, la gorge déchirée et le corps en miettes. Mais pour une fois, il préféra ne rien laisser paraître du déplaisir que lui causait ces réponses, par égard pour Laïka dont le potentiel était intéressant.

Mais sa voix était nettement plus lacée lorsqu'il répondit aux deux louves.

- Ah ?

Le regard de Lune se tourna vers Laïka et fixa son âme. Ses yeux ambrés aux teintes sombres exprimaient tout ce qu'il ne disait pas, sa colère d'une part - qu'il ne manifestait jamais - et le ressentiment qui habitait son coeur. Toutefois, rien hormis son regard ne pouvait attester des émotions qui tourbillonaient en lui.

- Il semblerait que les paroles échangées au cours de cette conversation dont vous parlez ne soient pas très favorables à mon égard. Je dirais même plus, nettement hostiles.

Il tourna le dos aux deux louves, les yeux plissés, contenant l'envie qu'il avait de se jeter sur elles et de les dévorer. Il se savait fort mais étant solitaire - et par conséquent sans possibilité de se nourrir en cas de blessure grave - il était prudent dans le choix de ses combats, et n'allait certainement pas attaquer ces deux louves, surtout en sachant que l'une avait combattu brillament un lynx. Et puis qu'il n'avait pas spécialement envie de la tuer, elle.(/b]

- Dans ce cas, je ne vois pas exactement pourquoi je perds une minute de plus à rester sans mauvaises intentions auprès de vous alors qu'ailleurs j'aurais milles occasions de m'amuser parce que je ne prendrais pas des pincettes pour parler à ceux que je rencontrerai.

[b]En effet, présentement en colère, le loup noir faisait des efforts pour ne pas déverser sa mauvaise humeur contre les louves. Non, il était injuste de dire cela - il ne voulait pas déverser sa mauvaise humeur sur Laïka.
Et en effet, avec quelqu'un d'autre il se montrerait extrêmement direct, un tantinet susceptible et très irritable. Oui, il faisait vraiment un effort - et ne voyait pas pourquoi il s'échinerait encore à faire cet effort si le départ était aussi mauvais qu'il le paraissait.

Lune leva ses yeux ambrés vers Yasmine, les vrillant dans son regard.

- Je suis toujours tendu. Toujours sur mes gardes. En cas de blessure grave je n'ai pas de nounous pour s'occuper de moi, et si je suis incapable de chasser je meurs. Donc il me faut éviter d'être blessé, le plus possible et dans la mesure de mes capacités. Un solitaire endormi c'est un solitaire mort !

Sur ce point-là, il savait de quoi il parlait, ayant fait cette triste expérience. Il s'était reposé, en ayant baissé toute sa garde et en étant complètement décontracté. Alors qu'il était sur le territoire d'un ours noir. Celui-ci lui était tombé dessus et avait ouvert une énorme entaille dans son flanc, douloureuse et sanguinolente, avant que Lune ne puisse prendre la fuite et se réfugier dans sa petite tannière personelle. Il était passé à deux griffes de la mort, sa blessure l'ayant empêché de chasser pendant près d'une semaine. Heureusement pour lui qu'il avait bien mangé auparavent ! Lorsqu'il avait ou sortir, il était terriblement affaibli et avait eu beaucoup de mal à tuer une proie.
Et avait bien enregistré la leçon.

Les paroles suivantes de la louve le déconcertèrent.

- Mmm. D'une part, je déteste les adieux, les au revoir, alors je préfère quitter quelqu'un sans rien dire.

* C'est surtout que je n'aime pas trop qu'on me rapelle que j'ai quelques amis.
Amis... quel mot étrange ! *

- Et d'autre part, à quoi ça sert de s'éterniser aurpès de quelqu'un alors qu'on a strictement rien à dire, que notre ventre crie famine et que le vent nous appelle ? Les solitaires sont les fils du vent, épris de liberté. Il ne faut pas vous étonner que je m'en aille en coup de vent, si je peux me permettre ce jeu de mots. C'est ma nature, voilà tout...

De la rancune ? Pourquoi aurait-elle de la rancune envers lui ? Il ne lui avait rien fait - et elle pouvait d'ailleurs s'estimer heureuse de ça.

- Cela ne veut absolument pas dire que je me contrefiche de la personne que je quitte même si pour la majorité des loups c'est le cas.
Et puis, plus tôt on se quitte, plus tôt on peut se revoir, non ?

Le départ de Yasmine ne fit ni chaud ni froid au loup noir, qui s'était décidément très bien renfermé sur lui même, ne laissant aucune émotion ni émaner de lui, ni l'atteindre. Cela ne lui arrivait pas souvent, d'accord, mais en ces situations-là son coeur était plu froid que de la glace et plus dur que de la pierre. Tout son être était recouvert d'une couche de glace protectrice, qui l'isolait du monde extérieur.
Mais en même temps, aujourd'hui il y avait un quelque chose qui s'était infiltré dans cette envellope de glace, quelque chose qui broyait ses entrailles, les comprimait dans un drôle de sentiment, fort désagréable.

Amis ? Lune faillit exploser. Il n'avait jamais eu qu'un seul ami et n'avait pas l'intention de le remplacer. Il considérait tout juste les loups qu'il appréciait le plus comme des loups ayant un petit intérêt à ses yeux. Non, il n'avait certainement pas l'intention d'appeler quiconque son ami - du moins pas sincèrement. Son seul ami, il en portait encore le deuil. Le deuil d'une mort qu'il ne comprenait pas plus que quand il était devant le corps inerte de son frère, à le tenter désespérément de le réveiller. Ami ! Ce simple mot lui était presque intolérable. Il faisait voler en éclats ses plus solides murailles, déchaînait des flot d'émotions contradictoires en lui. Un tourbillon de couleurs intenses, qui causait des ravages dans son corps.
Oh, généralement, il n'avait aucun mal à ignorer ce mot comme il ignorait tous les autres. Mais ce coup-là lui avait fait plus mal qu'il ne s'y attendait. Un peu comme si une lame effilée s'était plantée dans son coeur.

Le loup noir gémit, ses pattes tremblèrent et il s'allongea à plat ventre, s'écroulant presque, les yeux crispés et les mâchoires serrées. Ami ! Quel terrible mot, porteur de tant d'espoir et de tant de douleur ! A la fois inaccessible et plus ancré en lui qu'il ne le souhaitait. Ami !
Une vois résonna dans la tête du loup noir, enfantine, rieuse.

* Amis et frère, à la vie, à la mort ! *

Ami ! Lune avait l'impression d'être pris dans un cyclone ravageur qui s'acharnait sur son esprit.

[ ben là j'avais de l'inspi.. j'ai beaucoup d'inspi quand je fais souffrir mes loups et Lune est vraiment très bien pour ça ^^' ]

Ami ! Lune avait l'imrpession d'être une bombe sur le point d'exploser. Ami ! Le loup noir serra les crocs. Toute la force de sa mâchoire se retournait contre elle-même et s'annulait. Quelques gouttes de sang roulèrent sur son museau, provenant des blessures que causait ses crocs si bien aiguisés contre ses gencives malmenées. Ami ! Lune plaqua ses oreilles contre son crâne et ferma encore plus fort les yeux, les membres agités de tremblements. Ami ! Sa queue était plaquée contre le sol avec une violence telle qu'une douleur sourdre grandissait à sa base et dans la collone vertébrale.

Un autre sentiment s'infiltra dans le coeur du loup ébène. Ecrasant par sa volonté la tempête qui faisait rage dans ce coeur, il s'imposait de plus en plus rapidement. Lentement, Lune se releva. Il semblait extrêmement faible.
Il combattait le pire adversaire qu'un loup peut avoir. Lui-même.
La tête baisée, les dents toujorus serrées, il se retrouva debout.
Ami ! Ses genoux ployèrent. Haine et colère ! Il se redressa.
La tête toujours baissée, il ouvrit lentement les yeux. Prudement, comme s'il avait peur qu'il lui arrive quelque chose par ce simple geste. Son regard se leva. Il était plus froid et plus dur que jamais, toute compassion chassée à coups de griffes et crocs. Ami ! Lune baissa à nouveau la tête, les yeux fermés. Il les rouvrit. Animés par la colère. Ami ! Il les ferma. Ami ! Il les rouvrit. Et cette fois, c'était sa volonté que l'on voyait briller dans ses yeux d'ambre, sa volonté de fer qui l'avait toujours porté. Depuis la mort de son frère à celle... La haine réapparut dans son regard. Ami ! Elle disparut. Depuis la mort de son frère à l'assassinat de sa mère. Haine et colère !

* Je ne te déteste pas, ma mère. Je te hais. *

- Si je voudrais te voir sortir du royaume des morts, ce serait pour t'y renvoyer !

Le loup ébène avait hurlé.

- Non, je ne déteste pas, ma mère, comme tu voudrais y croire, dit-il plus doucement.

Il redressa à nouveau la tête, son regard brillait de fureur et de haine. Il en tremblait presque.

- JE TE HAIS ! hurla-t-il à nouveau.

Complètement pris dans sa fureur, il avait oublié la présence de Laïka.

[ Tu pourrais la lui rappeler ? Histoire que j'ai un moyen de le faire sortir de là ^^' ]