Doucement le soleil grimpait ses echelons vers son zenith. Une louve noire comme les tenebres au beaux reflets bleus dormait profondement entre les fougeres. Sa respiration etait calme et a chacune de ses expirations, un petit nuage de vapeur se formait devant sa truffe. C'etait une louve peu musclee mais belle, avec de longues pattes et une queue touffue. Sa tete etait finement tracee, paisible comme un ange. Cela faisait longtemps que la louve n'avait pas aussi bien dormit, et son sommeil etait calme, sans aucuns cauchemards habituels. Le passe de cette louve etait lache et assez horrible, il y a seulement peu qu'elle a fait la paix avec lui. Helas, les cauchemars revinrent, tel des serpents, rampant autour de la louve. Comme des araignees, ils tissaient des toiles de douleurs et de tourmentations. La louve s'agita, froncant la sourcils, jappant doucement. Autour d'elle, les images flottaient et venaient brutalement la hanter. Le loup noir la saillisant de force, plus rien, ses louveteaux non voulus. Elle fut paisible quelques secondes quand soudain devant ses yeux, ses louveteaux baignants dans leur sang apparurent. Elle hurla et recula en se reveillant. Le souffle court, les oreilles alertent, les yeux terrifies, la louve noire observa la nature autour d'elle. Au loin, des oiseaux s'envolerent et la louve se rendit compte qu'elle avait seulement reve. Baissant la tete, elle pleura en silence. Ses louveteaux, ses seuls louveteaux avaient ete tues par un ours. La seule survivante, elle l'avait abandonne lachement. Quelle mere etait-elle ?

Elle se leva et remit ses idees en place. Non, son passe etait desormais nul, car elle avait renoue les liens avec sa fille. De plus, elle avait trouve l'amour de sa vie. Doucement, elle se leva et secoua sa fourrure ebene constellait de perles d'eau. Ses yeux bleus ocean se poserent devant elle et, calmement, elle partit de sa cachette. Le soleil rosatre darda ses rayons sur la belle louve et elle soupira. Sa bouche etait pateuse, elle avait soif. Elle avanca, le museau en l'air quand une de ses pattes s'enfonca un peu plus dans le sol. Elle regarda par terre et vit des empreintes fraiches, des empreintes de loup. Elle les suivit avec mefiance et une odeur, un bruit d'eau se fit entendre. Elle souria dans l'ombre et appprocha du loup. Sans le quitter des yeux, elle se pencha par dessus l'eau gelee et se regarda dans la glace. ses yeux bleus etaient ternes et trahissaient ses mauvaises nuits.

- Bonjour...

Sa voix, douce et melodieuse etait pourtant presque aussi faible qu'un murmure. De ses griffes, elle gratta la glace qui se brisa et elle put etanchee sa soif. L'eau gelee lui fit l'effet d'une decharge electrique quand elle glissa dans sa gorge. Frissonnant, elle continua pourtant a lapper ce liquide bleu clair et aussi froid que le vent du Nord sur Sibeska. Elle releva les yeux, passa s langue sur ses babines pour essuyer les gouttes d'eau qui glissaient et souria doucement au loup.

La louve noire observa le loup avec curiosite. Elle le detailla tranquillement, souriant elle aussi devant ce loup deja gentil et un peu charmeur. Il etait un peu plus grand qu'elle, avec des muscles puissants, une fourrure tricolore, de grands yeux noirs et un sourire charmeur. Elle se pencha de nouveau et lappa l'eau un peu moins froide, profitant de cet instant de paix pour fermer les yeux et prendre une profonde inspiration. Quand elle releva la tete, elle etait decidee a parler avec cet inconnu et essayer de sympathiser. Elle lui souria gaiement et sa queue touffue fouetta l'air avec legerte et curiosite. La belle avait deja oublie qu'elle venait de sortir d'un cachemard et sa journee s'annoncait pour l'instant plutot agreable. Elle avanca vers le loup, leur museau se frolant presque.

- Je suis Death-Strawberry, et vous ?

Elle avait un regard bleu malicieux et soudain, contre toute attente, son ventre gargouilla doucement. Elle partit dans un petit rire cristallin et observa le beau loup, toujours aussi joyeuse. Elle etait a la limite de se dandiner sur place, elle avait toujours etait une louve qui faisait les choses a fond. Elle voulait faire la conversation, et bien ce loup allait de voir la supporter, elle est son caractere de louve un peu rebelle. Elle soupira mais pourtant sans ennuie. Le soleil etait desormais orange et le ruisseau avait de beaux reflets. La louve regarda l'eau degelee doucement, les morceaux de glace se detacher et disparaitre. Le coulis de l'eau fut plus puissant et elle crut meme apercevoir un poisson, tout petit, mais un poisson quand meme. Elle secoua la tete et fixa de ses grands yeux et du haut de ses pattes le soleil se lever. Ainsi place, les deux loups semblaient etre des amoureux. Bien sur, ce n'etait qu'une impression et les pensees de la louve se porterent vers son amour. Elle se demandait qu'est-ce qu'il faisait et quand elle aurait la chance de le revoir. Stone. De nouveau son ventre gargouilla et cette fois elle partit dans un vrai rire, faisant pensee a une petite loupiotte.

- Je ne sais pas quand j'ai mange pour la derniere fois, mais il y a certainement longtemps ! =)

La louve souria au loup, repondant a ses avances charmeuses avec calme et reservation. Il fallait avour que ce loup etait seduisant par biens des cotes, et la louve se permettait d'avoir de bons amis loups, quitte a en avoir des qui draguent toutes louves. Elle soupira quand son ventre se tordit, mais ne bougea pas et repondit.

- Et bien, je ne sais pas. Je suis la parce que je le suis, je n'ai pas vraiemnt de but, je vais ou mes pattes me portent. C'est bien plus interressant que de tout decider a l'avance !

Elle lui souria mais resta debout, fixant le loup, l'eau et le ciel a tour de role. Il faisait frais, moins froid que pendant la nuit. Le ciel etait bleu azure, sans aucun nuage. Quel bonheur, une belle journee surement froide, mais une belle journee. Aucune pluie, aucun orage, c'etait reconfortant a savoir. La louve se pencha pour boire a nouveau et le loup proposa une petite partie de chasse. Son estomac repondit a sa place en grognant et elle eclata de rire.

- Oui, allons chasser avant que mon estomac devienne fou !

Elle se retourna et commenca a marcher, ne voulant pas chasser tout de suite mais plutot se taper la causette avec ce loup interressant. Les fougeres lui caressaient la fourrure et la mouillait par la meme occasion. Sous ses pattes fines et elancees, le sol etait encore humide de la nuit. Par-ci par-la, quelques fleurs d'hiver. Les oiseaux ne chantaient pas mais le silence etaitagreable, seul la respiration et le doux frottement des pas des loups se faisaient entendre.

- Tu viens souvent ici ?