Levant les yeux vers le ciel, j'aperçus de nouveau des nuages, sans aucune forme distincte, cheminer dans le ciel. Pourtant, rien ne les obligeait à se suivre comme ça; tout comme rien ne m'obligeait à soigner les autres. Mais, une force mystérieuse m'avait soufflé de le faire. Était-ce la mort de ma louve bien-aimée, ou de celle de mes louveteaux qui m'avaient motivé à ce point ? Ou simplement, l'envie d'aider les autres ?.. Un peu des deux peut-être. Je voulais certainement prouver que j'étais capable de m'occuper d'autrui. Je n'ai pas su le faire avec mes enfants; mais mon seul rêve était que, où qu'ils soient, qu'ils puissent voir ce que je faisais pour eux, et pour moi-même aussi. Chaque matin, chaque midi, chaque journée, chaque nuit j'espérais les croiser, même si mes espoirs étaient vains. Chose que je refusais d'admettre, comme la plupart des gens ici j'espérais me cacher sous un masque, un masque reflétant l'audace, et surtout qui permettrait de cacher mes sentiments. Pourtant, je n'étais pas comme ça; cacher mes émotions n'était pas du tout du tout dans mes habitudes, hélas...

Soupirant de nouveau, une forme vague et pour l'instant peu précise se dressa dans mon champs de vision. Une louve, une Celestial en tout cas. Puis en un éclair, je me souvins de ce que l'on me dit, quand je rentrai dans la meute. La Chef Femelle des Guérisseurs bien sur ! En y pensant, ça me parut évident. Je fis la grimace. J'allais certainement devoir coopérer avec elle... Alors que ça faisait longtemps qu'elle était seule à avoir ce titre. Partager son "pouvoir" n'est pas chose facile; encore plus lorsque cela fait des mois que l'on s'occupe de tout, tout seul, enfin toute seule.
Une vague de compréhension et de compassion m'envahit : je comprenais maintenant toute la souffrance et la fatigue qu'elle avait dû endurer à ses débuts. Déjà moi, je semblais encore plus vieux que mon âge lui-même : guérir les autres était épuisant, parfois je me demandais même ce qu'ils foutaient pendant leur journée, à croire qu'une troupe de grizzlys les avait piétinés. Mais bon, le choix était fait maintenant : impossible de reculer.

Je me rendis compte qu'elle venait vers moi. Je retins mon souffle : le moment était venu de s'entraider. Je crus qu'elle prendrait la parole la première mais elle tint ce long silence qui régnait bien avant qu'elle arrive. Je n'aimais pas trop commencer une conversation en général. Mais un jour ou l'autre, faudra bien qu'un des deux parlent non ?
Pivotant vers elle, je fus d'abord surpris par sa fourrure blanche éclatante et par l'éclat de ses yeux dorés. Mes yeux, eux, fixaient sa silhouette. Un court moment, je réfléchis à ce que j'allais lui dire, puis ce mot tout simple s'échappa de ma gueule.

-Bonjour-

La moindre des politesses, me dira-t-on. Et pourtant, il fallait le dire. Je prenais une profonde inspiration, avant de dire d'une voix compatissante.

-Jamais je n'aurais pensé que ça serait aussi dur...-

Pff... Mais réveille-toi abruti ! T'es le Chef Mâle des Guérisseurs bon sang ! Tu devrais montrer l'exemple ! Pourtant, c'est vrai, même pour les Chefs, c'était épuisant. Attendant sa réponse, je m'assis cette fois, à quelques mètres d'elle, essayant de lire dans ses yeux la moindre émotion.

[Désolée, ce n'est pas aussi long que ton post u_u]