La glace était aussi silencieuse que les pattes de la louve qui s’aventurait dans ce coin reculé du territoire. Sa surface lisse comme du verre luisait sous les rayons d’or filtrant à travers les nuages, venant égayer le paysage d’une touche de couleur dans ce décor de blanc et de noir. A croire qu’on se retrouvait sur la touche des années 60 =P Fouillant le paysage d’un regard brillant, la donzelle crême se jeta du haut de la pierre pour atterrir directement sur le petit lac gelé, vestige des eaux dont le gèle avait prit possession pour en faire des glaciers. La glace était moyennement solide, ce que la Sakarite ne manqua pas de remarquer par le pétillement qu’elle produisit. Sans se soucier du danger, Faith partit en trottine, ses griffes crochetant le givre épais pour prévenir tout dérapage intempestif. Kay, c’était bien joli tout ça, fallait peut-être mettre un peu d’action now ? Blanche-Neige stoppa nette, fléchissant ses postérieurs musclées. Elle vrilla les alentours de ses yeux bleus, à la recherche d’un matériau lourd. Un roc imposant dressé sa crête sur la rive du lac endormit. La louve sauta en avant et glissa sur les quelques mètres qui la séparaient des berges, avant de sauter adroitement sur une congère. La base du rocher était soupesé par deux pierres plus petites, plate pour une et triangulaire pour l’autre. Un jeu d’enfant . Faith cingla l’air de la queue avec impatience pendant qu’elle plaquait ses pattes contre la surface rugueuse du caillou, bien décidé à mettre fin à sa vie de domination immobile. Les muscles se tordirent à peine sous son effort concentré, enjolivant sa toison opalescente aux reflets chatoyants. Le ciel craqua quand l’énorme roc s’écrasa contre la glace d’où partit une demi-douzaine de fissures. Il n’en faudrait pas beaucoup de plus pour que les eaux vivantes reprennent leurs droits sur les mortes. La satisfaction suintant presque d’elle, la demoiselle s’élança vivement, ses pattes se réceptionnant en douceur sur le monticule noirâtre que formait le rocher, étalait de tout son long. Comme prévu, la gelée blanche se fendilla totalement jusqu’aux cascades. Dans un glougloutement monstrueux, la masse énorme bascula lentement vers l’avant, tangua, et commença à couler à pic, comme le Titanic . Faith jaillit sur la glace explosée, galopant, sautant, passant les failles qui la morcelaient. Un vrai chantier dont la clameur semblait aller jusqu’au ciel, tellement celle-ci était bruyante.