Où es-tu ??? [Braska]

Invité

Une ombre vive avançait entre les pins des montagnes. C'était une louve, elle avait l'air paniquée.
Le souffle court, elle gravissait les vallons sans s'arrêter, mue par une force incroyable qui l'aidait a tenir.
Plus d'une fois elle tomba, se releva et repartit de plus belle.

Les yeux affolés, désemparés, fou d'inquiétude, Arya cherchait l'amour de sa vie, Braska.
Son odeur était presque effacée, sa trace parcourait la montagne de haut en bas, comme s'il cherchait quelque chose.
Arya suivait cette odeur, s'y accrochait de tout son coeur. Elle ne pouvait pas s'arrêter, elle devait le trouver au plus vite.
Car Arya était revenue a la raison. Elle se souvenait a présent de tout, de la mort de son fils, du changement brutal de sa fille.
Elle avait abandonné tout cela, en proie a la folie, avait quitté les terres des Celestials et c'était isolée au Sud, espérant que la chaleur la tuerait.
Arya n'était pas morte non, elle avait survécu et sa cure de chaleur l'avait ramenée a la raison. Même si la moindre pensée a sa famille décimée lui arrachait le coeur elle avait encore une raison de vivre: Braska, Sodom et Ingweil.
Ils devaient lui en vouloir d'avoir fuit, comme une lâche, rien de Céléstial. Ingweil devait être de plus en plus malade, et sa mère n'avait pas été là.
S'arrachant le coeur a ces pensées Arya recherchait toujours Braska. Sa piste devenait de plus en plus faible, comme s'il n'avait pas bougé depuis longtemps.

Arya aperçut un rocher qui prédominait la vallée. Elle se dirigea en courant vers la roche. la langue pendante, le souffle rauque et court, les coussinets meurtris par le voyage trop long.
Arya monta sur le rocher, a bout de souffle. Elle embrassa le paysage du regard, son flair, sa vue et son ouïe avaient toujours été aiguisés.
Elle ne dicernait rien. Rien du tout, c'était rageant. Des larmes de souffrance coulèrent sur le poil soyeux de la louve.
Serrant les crocs, griffant le sol dur de la roche, laissant de grandes marques. D'un coup, fermant les yeux, elle releva la tête, aloua.

Elle alouait toute sa peine, sa rage et son écœurement d'elle même. Elle appelait, appelait Braska, Sodom, Ingweil, n'importe qui qu'elle connaissait.
Après quelques minutes, a bout de souffle la louve s'arrêta, le coeur au bord les lèvres, attendant une réponse, si faible soit elle.
Rien.
Rien ne répondit a son appel. Arya s'éffondra sur le rocher, transie de froid malgré sa fourrure épaisse, tremblant de tous ses membres, appelant sa famille par instants.
Résolue a mourir, Arya ferma les yeux.

**MERCENAIRE** ✖ Roxxeur.

Résolu à mourir... Oui c'était ce qu'il était. Il avait escaladé la montagne... dans le seul but de mourir seul. Et il avait atteint son but. Ou presque. Maintenant, il n'avait qu'à attendre patiemment la mort... Un doux sourire flotta sur ses lèvres... Il aurait simplement aimé la revoir une dernière fois... Non, il s'était fait une raison depuis le temps... Ses souvenirs sont la seule chose qu'il ne veut pas perdre, et il les emmènera avec lui... Il se souvenait de tout... son odeur, son sourire, son rire, ses yeux, son regard, la finesse de sa taille, la douceur de ses traits, la fluidité avec laquelle elle se mouvait... Non, aucun détail ne lui avait échappé, n'avait été effacé, oublié, perdu, non... Il se souvenait de tout avec la même précision que s'il avait son image devant lui...

Et maintenant, qu'était-il devenu lui? Une ombre. Oui, l'ombre de lui-même. Son pelage blanc autrefois fourni et pur était maculé de terre et de sang, avait perdu tout éclat... Sa fine musculature dont il était si fier était parti, lui laissant la peau sur les os... Son regard bleu et pétillant était à présent vide de toute émotion, dénué de vie. Seul son sourire était resté sur son visage maigre... Cependant, il exprimait à présent la tristesse, la mélancolie, la nostalgie... Oui, le cœur du loup était parti en même temps que sa belle, et il ne reviendrait pas... Il ne savait même pas où elle était! Si elle était en vie ou morte, blessée ou en pleine forme, heureuse ou triste... Peut être avait-elle refait sa vie?

Peu importe, cela n'avait plus aucune importance... Il était fatigué de l'attendre, d'espérer son retour, de vivre sans elle, loin d'elle... Non, il n'en pouvait plus. Il l'aimait, il l'avait aimé dès le premier jour et il l'aimerait jusqu'au dernier... Ca, il en était sûr... Il n'en avait jamais douté. Arya était la seule louve dans sa vie, et ça resterait ainsi jusqu'à la fin... Même si cet amour le faisait souffrir, cela n'avait aucune importance à ses yeux. Il haïssait souffrir, mais pas la source de sa douleur... Il l'aimait bien trop pour cela... Son amour dépassait ce qu'il ressentait.

Soudain, un chant, une voix bien connue retentit dans la montagne... Ce chant si doux, mélodieux mais douloureux, désespéré... Ce chant, cela faisait tant de temps qu'il voulait l'entendre... Etait-ce le chant de la mort? Son cœur fit un bon dans sa poitrine, le propriétaire de cette voix était proche de lui... Ouvrant faiblement les yeux, il lui semblait voir la fine silhouette... peut être celle de son ange? Rassemblant les dernières forces qu'il lui restait, il arriva péniblement à murmurer, dans un souffle de vent :

-Arya...?

Invité

Un souffle, un murmure, rien de plus.

Pourtant, Arya reconnu cette voix tant désirée et aimée. Bien qu'elle ne fut qu'un chuchotement Arya l'entendit.
Son ouïe qui c'était endormie ces derniers temps se réveilla et le monde s'éveilla en même temps.

Arya crut en un rêve, elle avait tellement espéré entendre cette voix qu'elle l'entendait souvent, l'appelant a l'aide, hantant ses nuits.
Elle avait fini par s'habituer, bien qu'a chaque fois elle courait dans tous les sens, pour trouver la source de cette voix.

*Non...pas cette fois..*

Arya ferma les yeux et se recoucha sur le sol glacé de la pierre de montagne. Elle ne voulait plus s'écouter imaginer cette voix qui lui brisait le coeur.
Non pas la voix elle même, mais le fait de l'imaginer sans qu'elle ne soit vraiment là la révulsait et lui faisait perdre la tête, encore et encore.

Malgré son rejet a rechercher encore une fois l'être qu'elle aimait de toute son âme alors qu'il ne fût plus là, Arya, mue par une incroyable volonté se leva.

"Une fois, une dernière, puis....je me tuerais."

Arya huma l'air, cherchant l'odeur aimée de Braska, sa présence infinie, cherchant a discerner le vrai du faux que l'inconscience d'Arya fabriquait pour la torturer.
Elle se tournait dans tous les sens, son flair exemplaire identifiant toute les odeurs. Elle discerna une toute petite odeur, presque invisible.
Mais l'odeur en question était si loin de l'odeur de son aimé, Arya ne s'y attarda pas.

Une dizaine de minutes passèrent, longue et de plus en plus douloureuses. A présent Arya en était sûre, c'était son imagination.
Résolue a en finir une bonne fois pour toute, la louve en détresse se dirigea vers l'abîme.
Arrivée au bord, Arya leva la tête vers le ciel.

Le vent caressait doucement son poil terne, comme un océan déchainé par la tempête, il ondulait sereinement.
Les yeux de la louve, aussi profond que l'océan de sa fourrure se fermèrent. Une larme coula, imperceptible, de son oeil gauche.
Le museau pointé vers le ciel, Arya souria.

*J'arrive Braska, j'arrive mon amour.*

Elle leva une patte, commença à avancer.

Soudain, le vent tourna et la petite odeur presque invisible lui chatouilla le museau. Elle se faisait insistante, comme un appel.
Arya recula sa patte, la reposa sur la pierre. Elle réouvrit les yeux. Il fallait qu'elle sache avant.
Elle se retourna, a contre coeur et suivit lentement la piste. Le museau au raz du sol, Arya suivait la trace.
Elle s'arrêta, releva la tête. Se mit a courir. Les battements de son coeur s'intensifièrent, son rythme cardiaque s'accéléra.
Une forma blanchâtre gisait au sol non loin de là. Le coeur d'Arya fit un bond, son corps tressaillit et elle se jeta vers le loup.

Braska, étendu sur le sol, le poil terne, la peaux sur les os, semblait mort. Pourtant le coeur d'Arya lui disait qu'il était vivant.
Un maigre souffle sortit de la bouche de son aimé. Les émotions d'Arya a ce moment la furent si confuses que je ne peux vous les décrire que par des mots simples.
Joie, tristesse, soulagement, surprise, rage, écœurement envers elle même,amour, désespoir et par dessus tout, haine.
Arya se détestait d'avoir fait subir cela a Braska.

Tout cela ne dura qu'un quart de seconde car Arya se précipita sur le loup blanc. Sa voix se fit murmure, comme un sanglot.

"Braska..?"

Les larmes de la louve coulèrent sans retenue tandis qu'elle se blottissait contre Braska pour lui donner de sa chaleur, de sa vie.
Si elle avait put le faire, elle lui aurait donné sa vie pour qu'il aille mieux.

**MERCENAIRE** ✖ Roxxeur.

L’ombre partit, s’éloigna, loin de lui, loin du monde, rejoignant la lumière qui la fit disparaître. Ce n’était qu’un rêve, une illusion, une pure fabrication de son esprit… Braska referma lentement les yeux. Il allait mourir, ici et maintenant, et rien ni personne ne pourra l’en empêcher… Un doux sourire vint effleurer ses fines lèvres, attendant la mort comme on attend le sommeil. Sa délivrance arrivait, bientôt, le soulagement remplacerait la douleur une dernière fois, avant de redevenir poussière… Il aurait tant aimé la revoir ! Seulement, il ignorait où sa belle était partie, sinon loin de lui. Vivait-elle ou était-elle morte ? L’avait-elle oublié ? Peut être, après tout cela faisait des semaines et des mois qu’elle était partie. Ou était-ce des jours ? Des années ? Le temps n’avait plus aucune importance aux yeux de Braska, Chaque seconde passée sans sa compagnie lui semblait être perdue et aussi longue qu’une vie.

Peut être avait-elle refait la sienne… Peut être vivait-elle avec un autre loup, et avait eu de nouveaux enfants. Il aurait voulu ricaner, mais il était beaucoup trop faible pour cela. En tout cas, c’était peut être égoïste de dire cela, mais aucun loup ne pourrait l’aimer autant que lui l’aimait. Il l’avait aimé dès la première seconde où le vent lui apporta avec douceur son parfum délicat, où ses yeux bleus se posèrent sur sa fourrure douce et soyeuse, pour remonter vers des yeux aussi profond que l’océan… C’était dans cet océan qu’il s’était noyé, rendant les armes, désarmant son cœur. Il était capable de faire n’importe quoi pour elle, il l’aimait toujours et l’aimera à jamais… Il ne lui en avait jamais voulu, jamais de sa vie. Et même s’il l’aurait voulu, Braska était incapable de lui en vouloir. C’était aussi improbable que d’avouer que le ciel était vert…

Puis, elle avait accepté de ne plus être que deux, qu’il en fallait d’avantage. C’est ainsi que de deux, ils passèrent à sept. Cinq magnifiques louveteaux avaient vu le jour, quatre mâles et une femelle… Cette fois, Braska ne put réprimer un sourire. Ces enfants… Comme ils lui manquaient à cet instant ! Il aurait voulu les voir une dernière fois… Venjend, l’aîné, aussi destructeur que protecteur envers sa sœur… C’est ce désir de protection qui l’avait mené à sa perte, quand sa sœur l’avait accusé du meurtre de son frère… Padawan était mort également, et jamais Braska ne sut ce qu’il s’était réellement passé. Venjend était mort trop vite pour le lui dire, Lynuinn rejoignant les Devil… Ingweil n’avait jamais atteint l’age adulte, sa maladie l’affaiblissant trop, il n’avait pas su résister aux températures beaucoup trop extrêmes des terres du Nord… Quand à Sodom… Il s’était évaporer dans la nature, sans un mot, sans un au revoir. Braska n’avait jamais pu comprendre ce fils qui se complaisait dans la mort, vénérait la torture, bénissant le sang et jurant par la souffrance. Oh, il l’avait aimé comme les autres bien sûr, mais il décelait au fond de ses yeux verts une lueur de malice mêlée de sadisme d’une rare intensité. Oui, ce loup n’aimait que la haine, et haïssait l’amour.

Mais cette époque était bien loin, l’époque où Arya gardait les enfants pendant qu’il allait chasser, l’époque où il se levait en pleine nuit pour s’occuper d’Ingweil, l’époque où faire les gros yeux était suffisant pour calmer les petits… Perdu dans ses pensées et détaché du monde, Braska revoyait sa vie défiler lentement devant ses yeux… Il ne vit pas la louve arriver près de lui, jusqu’à ce qu’il entendit sa voix, aussi clair que le chant du rossignol mais si étouffé par la peine, le remord, le chagrin. Il rouvrit péniblement les yeux pour poser son regard de saphir sur la louve déjà blottie contre lui.

-Est-ce un rêve… ? murmura-t-il faiblement.

Invité

Le monde tournait autour d'Arya, indéniablement, sans s'arrêter. Pourtant, la louve avait l'impression que le temps ne s'écoulait plus, tout était flou, difforme.
Seule la masse blanchâtre de Braska comptait a ses yeux, le reste n'était que brouillard. Peut être aussi que les larmes lui brouillaient la vue, elle ne le savait pas.
Elle s'en fichait.
Tout ce qui comptait en ce moment, c'était Braska, et il semblait être mal en point. Sa voix faible retentit en Arya comme l'écho des montagnes.
Ecrasante, perpétuelle, infinie.

Non, ce n'était pas un rêve, Arya était bien de retour, et elle comptait rester aux côtés de son amour pour la vie cette fois çi, elle préférait mourir que de l'abandonner une autre fois.
Mourir.
Elle avait faillit abandonner la vie il y a quelques minutes a peine, maintenant elle la voulait longue et en compagnie de Braska.
L'ironie du sort l'avait peut-être voulu. Elle ne le savait pas, s'en fichait, tout ce qui comptait en ce moment c'était le battement faible du coeur de Braska.
Sa voix était si faible!

-Non Braska, je suis là, je vais veiller sur toi. souffla t-elle doucement à son oreille.

Un mince sourire sembla parcourir le visage du loup qu'elle aimait. Elle le lécha amoureusement et délicatement, de peur de l'affaiblir.
Elle se sentait plus que jamais coupable et son coeur ne se détendait pas. Il était crispé sous la honte et la détresse.
Elle entreprit de partir a la chasse pour lui ramener a manger. La chasse, elle connaissait. Elle avait toujours eu une facilité pour ça.

-Je te ramène à manger mon amour... sa voix était douce mais tendue par tant d'émotions.

Elle se blottit contre lui, lui lécha le nez et se leva pour trouver l'odeur d'une proie.

En vérité, Arya ne pouvait supporter de rester auprès de Braska sans pouvoir agir, sans pouvoir corriger ce qu'elle avait fait.
Il fallait qu'elle bouge, qu'elle l'aide, qu'elle agisse, où elle dépérirait de ne rien pouvoir faire.
Son regard bleu profond rencontra celui de Braska, malgré l'état de son corps meurtrit, l'éclat du regard de Braska n'avait pas changé.
Arya lui fit comprendre par le regard combien elle était désolée et s'en voulait.