Autour de nous, tout redevint calme. Ma tete se posasur ma patte encore valide et un soupir m'echappa. Je regrettais aussitot ce geste car une douleur fulgurante me traversa les cotes. Maudit soit les blessures ! Je levai les yeux au ciel alors qu'a cote de moi, la louve semblait s'etre evanouie. La pluie etait etait fine mais presente, je fermai les yeux en sentant l'eau glisser sur mon visage. Tout mon corps semblait etre chaufee a blanc, mais la douleur etait maintenant une habitude. Aussi, oui je souffrais, mais je ne cherchais plus a eviter de souffrir. Je laissais mon corps se reparer alors que de nouveau, j'ouvris les paupieres pour regarder le ciel. Sa teinte etait bleu azure, premier signe du matin qui allait arriver. Quelle nuit, je m'en souviendrais longtemps. Ma patte cassee etait immobile pres de mon poitrail dans une position que j'evitais de regarder. Il fallait que je me remette les os en place. Alors, quitte a gemir, je lancai brutalement ma patte sur le cote. Je faillis hurler de douleur, me contentant de me mordre les babines jusqu'au sang. Ma patte etait de nouveau en bonne place et je la laissai droite sur le cote. Mon regard se reporta sur les etoiles. Vut d'ici, elles etaient splendides et mes larmes les rendaient encore plus elle. Ces etoiles qui nous contemplaient du haut de leur milliers d'annees, elles nous observent survivre comme on peut dans la vie. Mon esprit commenca a s'egarer mais j'avais trop mal pour dormir. Alors, je sombrais dans une semi-inconscience et mes paupieres lourdes se fermerent devant mes yeux rouge sang. Helas, ce ne fut que pour mieux cauchemarder que j'avais ferme les yeux...

Je ne savais pas ou j'etais, autour de moi il y avait une grande foret. Mais rien n'etait fixe, je voyais les arbres grandir, les hivers passaient en une seconde. Le temps passait tres vite et j'etais au milieu de cette tourmente, ne touchant pas le sol. Puis, le temps ralentit a tel point que je voyis tout lentement. Derriere moi, un hurlement retentit. Je me retournai et je la vis. Ma mere... Elle pleurait tout son etre devant un louveteau. Ou plutot, une loupiotte, mais pas n'importe quel loupiotte. Celle-ci baignait dans du sang chaud entre des membres de louveteaux. Une sueur froide me glaca la nuque. C'etait moi, c'etait moi qui lappait le sang de mes freres et soeurs, c'etait ma mere qui hurlait toute sa peine. Je voulus courrir vers elle, mais de nouveau le temps repassa a une allure effarante. Je reussis a saisir quelques images, notament celle de ma petite soeur et moi meme qui nous nous battions. Puis, moi qui partait en abandonnant ma petite soeur. Ma vue se brouilla par les larmes et je me mis a hurler. Puis, le temps se stopa pil sur une image. Il y avait deux louves noires qui se battaient... Moi et ma soeur, il y a peu. Je la vis, elle, si petite a cote de moi, si fragile et me mordant maladroitement. Et moi, fiere et grande, beaute noire qui lui attrapait la nuque et lui dechirait avidement la peau. J'avais faillis la tuer...

J'ouvris les yeux en hurlant. Mon hurlement retentit dans le silence. La louve avait parle mais je n'avais rien entendue. Mon souffle rapide me dechirait les cotes et je m'ecroulai sur mon flanc. Mon visage trahissait ma peur, ma rage contre moi meme. Je fus surprise de constater que la louve etait elle aussi en sueur. Les larmes me brouillaient la vue et je detournai la tete pour ravaler ma colere. Prenant appuie sur le sol, je me mis assise. Tete beche, un filet de sang coula le long de ma bouche alors que je restai silencieuse. J'etais un demon, un monstre. J'etais ainsi, j'etais vouee aux Enfers. Et moi, je me damnee avec application, j'etais heureuse d'etre une demone. Je tremblai toute entiere, autant de douleur que de peur. Il y a des demons interieurs, des cauchemars que l'on ne peut pas combattre. Les paroles de la louve prirent un sens da ma tete mais je me fichais de son ton. Je me mis a parler, comme pour moi meme.

- J'ai tout connu, j'ai presque tout perdue... Seul l'amour est reste avec Silver Wind, mais tout le reste est partie en fumee. Je me suis detruite moi meme, comme une sombre idiote. Pendant un moment, j'ai crus que j'avais change... Mais c'est stupide ! Je suis comme je suis, un demon, une bete immonde qui n'a sa place qu'en Enfer...

Je me fichais de ce que la louve put penser de moi a ce moment la. La seule chose que je savais, c'est que j'avais raison et que pour la premiere fois, tout fut clair autour de moi.

[J'espere surtout que ta louve va pas encore la frapper xD]

Elle s'énerva. Je me tus et restai assise, la fixant de mes yeux rouge emplis de larmes. Son visage démoniaque voulait sûrement me faire peur mais je la fixai droite et calme. Je n'avais aucune envie de m'énerver, et un combat serait la dernière chose envisageable. Elle ne m'aimait pas, non, elle me trouvait prétentieuse idiote, abrutie. Se retournant vers moi, toujours aussi sèche et froide, je sentais mes nerfs tremblaient. Si je n'avais pas eu ces blessures, et même si j'avais un amour, je lui aurais fait bouffer sa langue ! Au lieu de ça je la laissais me dire toutes sortes de méchanceté et déblatérer des mots et des mots. Finalement, je finis par décrocher de son monologue et je laissais mon esprit vagabonder autour de moi. J'étais peut être tout ce qu'elle avait dit, peut être plus. Une ignare, sûrement. Une prétentieuse ? J'essayais de l'être le moins possible. Depuis longtemps les morales des autres loups et louves ne me faisaient plus rien. Je voulus lui dire calmement que le seul qui avait le droit de me faire la morale était mort, mais je me retins de dire toutes sortes de mots, ne pas la provoquer encore plus. Néanmoins, je sentais la colère brûler mes entrailles comme une démon ravageur. Mon sang n'était plus qu'un coulis de lave chaude, brûlant mes veines, me donnant envie de noyer cette louve. Le contrôle que j'avais sur moi était de plus en plus puissant et toutes mes humeurs étaient contrôlables. La seule était la folie du sang, que je n'arrivais pas a controler. Mais ma colère, elle, était impossible à remarquer sur mon corps meurtrit. Autour de nous, la pluie continua, de même que la louve qui se rapprochait de plus en plus de moi. Je finis par la regarder droit dans les yeux, mais pupilles froides ne laissant paraître aucunes émotions. Je n'avais pas envie qu'une louve me fasse la morale. Soudain, elle me chopa la nuque. Ma colère explosa en moi comme le volcan et je me mordis les babines pour ne pas lui arracher cette jugulaire que je voyais si près. Fermant les yeux, oubliant cette douleur qui détruisait mon corps. Ma patte semblait hurler a la mort, et a ce moment, la seule chose que je voulais c'était partir loin et ne plus jamais revoir cette louve. Je la croyais sympathique, je la croyais différente. Mais en fait, c'était elle la prétentieuse. Sa prétention, je la sentais comme on sent l'odeur putride d'un cadavre en décomposition. Et c'est moi qu'elle insulte, alors qu'elle, elle n'était qu'un ramassis d'ordures. La prétention, l'orgueil, l'égocentrisme, tout cela réunit en une seule et même personne. Et dire que j'avais voulus être amie avec elle. J'étais plus en rage contre moi même. Je me jurai de ne plus jamais faire confiance a une louve, peut importe qui elle est. Je ne me débattais pas, que pourrais-je faire contre une louve comme elle ? En plus, elle semblait bien décidée à me faire goûter à sa colère.

Une douleur a l’arrière du mon crâne faillit me faire hurler. La louve m’avait presque explosé la tête contre les pierres pointues. Je sentis le goût du sang m’envahir. Ou bien elle n’avait pas fait exprès, ou bien elle avait vraiment voulut me tuer. Je fus incapable de voir, de bouger d’entendre. Ma respiration diminuait alors que mon cœur battait comme une dingue. Je n’entendais presque plus ses paroles, juste son ton glacial et froid. Chacun de ces mos, même déformés, me faisait l’effet d’un poignard chauffé a blanc enfoncé dans mon corps. Toutes mes pensées furent dispersées, je n’arrivais plus à réfléchir. Réduite a l’était de plante, voila presque ce que j’étais. Un liquide chaud glissa dans mon cou, dans mon dos. Soudain, toutes les douleurs furent réduites a néant alors que je sentais mon cœur battre. Fermant les yeux, je sentis que la louve avait finit de parler. J’étais sur et certaine que si je mourrais, elle s’en foutait royalement. Après tout, ne venait-elle pas de me fracasser la tête contre des pierres ? Ma bouche devint pâteuse et mon cœur se calma. L’air me manquait, mais finalement ce n’était pas si grave. A la place de ma poitrine, un trou béant. J’aurais voulut que Silver soit la quand je serais dans cet état. Je priai silencieusement pour qu’un loup ou une louve le mette au courant de ma mort si je mourrais. Mon heure était t’elle venue ? Mon battait comme une horloge pendue a mes oreilles. Je fermai les yeux, et doucement, laissais ma tête tomber sur le coté. Je me souvins d’une blague qui avait circulé quand j’étais jeune. On disait que quand on mourrait, on voyait une lumière blanche et que si on ne voulait pas mourir, il ne fallait pas aller dans cette lumière. Moi, je ne voyais qu’un grand trou noir, je ne sentais même plus mon corps qui pourtant quelques minutes auparavant était plus douloureux que lame enfoncée dans la poitrine. La louve se foutait de moi, je me foutais d’elle, point barre. Elle aurait fait une autre morte, quelle différence ? Je n’avais même plus la force de dire à cette louve d’aller se faire foutre… Pourtant, et je ne sais par quel miracle, je réussis a lui dire quelques mots, ridicules.

- Excuses-moi, j’avais oublié que toi tu es parfaite…

C’était minable comme paroles, mais au moins, je ne risquais pas ne me prendre un coup de dents. Quoique… Dans l’était ou j’étais, on aurait pus me broyer les os, j’aurais tout juste sentis qu’on me touchait. Lentement pourtant, je sentis que quelque chose m’empêchait de glisser dans les profondeurs noires. Des vois murmuraient mais je ne comprenais pas, je ne comprenais plus. En fait, je ne voulais en aucun cas comprendre. Un seul visage restait devant moi, ce beau visage que je pourrais reconnaître entre mille. Je n’étais pas un démon, je n’étais qu’une ordure. Cette perspective me réchauffa un peu, chose stupide, j’étais morte de froid. Et cette foutue pluie qui continuait a tomber. A contre coeur, je me rendis compte que peu a peu, les douleurs revenaient, je sentais tout. Je n’étais toujours pas morte, je ne savais pas si c’était une bonne ou une mauvaise nouvelle…

Mes paupières s’ouvrirent doucement, je ne vis que le flou. Mes pattes engourdies par le froid refusaient de répondre à mes ordres. Refermant les yeux, je commençais a ressentir la colère monter en moi. Un élan de courage, la folie peut être, me donna la force alors de bouger. Mais pas des petits mouvements lents et douloureux. Non, j’ouvris une nouvelle fois les yeux mais rapidement, le monde a moitie flou devant mes yeux. Je roulai sur le cote, ignorant mes cotes qui hurlèrent. Poussant sur mes pattes, je me retrouvai assise, dos a la louve dont je ne connaissais ni le prénom, ni l’age ni rien du tout. Je savais juste qu’elle est moi, ça n’aboutirait a rien. Elle n’était finalement qu’une louve pareille que les autres, j’étais toujours moi. Prétentieuse et abrutie, idiote et blessée, c’était moi. Je pris une profonde inspiration, mais juste pour me donner un bon coup d’adrénaline. Je finis par pousser sur mes pattes arrière et me retrouvai debout, moins droite et fière que d’habitude, mais debout. Je restai silencieuse, je me fichais de savoir si elle allait définitivement me tuer ou me laisser souffrir. Je ne savais pas pourquoi elle avait été si violente, agressive. Je n’avais pas envie de le savoir, j’étais déjà assez à bout de nerf comme ça. Le bien ou le mal n’avait aucune notion pour moi, j’en avais tout simplement marre. Je risquai a chaque pas de me crever un poumon, mais au fond, qu’elle différence ? Il n’y avait plus d’air dans mes poumons, plus de sentiments dans mon cœur à cet instant. Ca n’avait aucun nom ce que je ressentais, parce que c’était propre a moi. Qui aurait pus deviner que la seule chose que je voulais, c’était me noyer dans la rivière. Ma solidité flancha, j’en avais marre de tout, mais je ne voulais pas qu’on s’apitoie sur mon sort. En fin de compte, j’avais plus l’impression d’être un pion sur l’échiquier géant de la vie que l’on bougeait aisément. Je devais me taire pour ne pas prendre des coups et à chaque parole, je risquais la mort. Cette louve venait de me clouer le bec, je ne voulais ni la regarder, ni lui parler. Je voulais juste pouvoir un jour me sentir libre et pouvoir dire des mots sans qu’on m’insulte, qu’on me frappe. J’avais peut être l’air d’une gamine, mais au fond, ils étaient tous contents que je sois une gamine. Finalement, je posai mes fesses par terre et parlai d’une voix froide et faible.

- Non, je ne saurais pas capable de faire ce que tu as dis. Oui, je suis une prétentieuse idiote bornée stupide. Oui je ne suis qu’une Devil, oui je suis abrutie. Je n’ai rien de particulier, je suis banale et incapable. Mais alors, pourquoi tu restes avec moi puisque je suis tout cela ? Tu n’as donc rien de mieux à faire que de perdre ton temps avec moi ? Où tu t’amuses à me voir ainsi ? Dans tous les cas, je ne vois pas pourquoi tu me dis ça, puisque je suis idiote comme tu le dis si bien. Désole, je n’ai pas envie la tout de suite de te faire plaisir, t’as bien faillis me tuer, j’ai pas envie de faire ton éloge et de devenir la plus savante des louves. J’ai juste envie de savoir pourquoi t’es la.

J’en avais ras le bol, je me sentais mal et nauséeuse. Régulièrement, du sang sortait de ma gueule mais je n’en avais rien à faire. La louve n’avait rien a faire avec moi puisqu’elle, elle était un démon, une déesse et que moi je n’étais rien. Je ne voulais ni sympathie, juste du repos et pouvoir me taire seule, rester allongée des heures en contemplant le ciel et en me disant qu’un jour, je serais peut être libre. Je me demandais même si je voulais connaître la réponse de cette louve.