Les deux yeux noirs de Kywin se mirent à briller. Il s'agissait à la fois d'un éclat de menace et de défi. La louve blanche aimait bien mettre ses compétences à l'épreuve, elle ne donnait tout son potentiel que face à un adversaire. Aussi, elle s'en donna à coeur joie :

" En effet, les abeilles meurent quand elles piquent... raison de plus pour rire de leurs efforts lorsque l'une d'elles essaie de vous empêcher de faire quelque chose. C'est un beau sacrifice pour leur ruche mais le plus souvent totalement inutile. Tu as bien raison, les savants doivent faire profiter de leur intelligence aux nuls et aux sous-doués... c'est bien ce que je suis ent rain de faire, n'est-ce pas ? Ou du moins ce que tu veux que je fasse, puisque tu cherches des renseignements sur les Runes. Je ne savais en revanche pas que tu m'admirais, mais l'admiration d'un insecte a autant d'importance qu'un flocon de neige solitaire, autrement dit, puisqu'il faut bien simplifier les termes afin qu'ils te soient accessibles, aucune importance. En revanche, je suis triste de constater que tu ne connais pas la signification du mot "métaphore". Quand je parle d'abeille, je ne me réfère bien évidement pas à une réalité qui voudrait qu'il y ai des abeilles sur Sarique... c'est juste une comparaison. Est-ce assez explicite présenté de cette manière, chère élève ?"

Le ton sarcastique de la louve nordique était mordant à souhait. Kywin s'approcha de la louve, s'arrêtant à quelques cenimètres de sa truffe, et la regarda certes sans animosité particulière, mais de la même manière qu'elle aurait regardé un rocher couvert de givre.

" Tu n'as pas à t'inquiéter de subir les foudres de ma meute, comme tu dis, si tu m'attaques. Parce que, " La louve s'approcha encore un peu plus. " tu n'as pas la moindre chance de réussir à me vaincre. Donc pas la moindre chance non plus de "me pendre par les tripes" surtout à des stalactites qu'il te faudra parcourir plusieurs lieues pour dénicher. Quand on n'est pas en mesure de mettre en oeuvre ses menaces, on s'abstient de les proférer, sinon on perd toute crédibilité. Voilà encore un savoir dont je te fais gracieusement cadeau. De même, cette histoire de chantage sur mes rapports avec les autres Celestials est irréaliste. D'une part, personne ne connaît l'identité des porteurs s'il ne les a pas rencontrés ou si on ne leur a pas dit clairement. Et d'autre part, même si c'était le cas... je ne suis pas la seule femelle porteuse. Je crois que nous sommes deux... toutes les deux de couleur claire, d'après ce que je sais. Pas de chance. Et enfin, en admettant que les celestials en question te croient, je ne vois pas où serait le problème de leur dire que je suis censée avoir cherché de la nourriture pour toi. Ce n'est pas interdit, que je sache... et je peux avoir eu tout un tas de pépins - c'est facile ici - qui m'auraient empêché de revenir. peu importe par où on la prend, ton histoire ne tient pas debout..."

Néanmoins, cette louve commençait à taper sur les nerfs de Kywin. La louve blanche commençait d'ailleurs à montrer de légers signes d'agacements, du genre plissement des yeux et mouvement des oreilles vers l'arrière. Du coup, désirant se débarrasser de cette tache avant de ne plus pouvoir se retenir de lui planter ses crocs dans la gorge, la louve blanche envisageait sérieusement de tout lui déballer histoire que ça passe plus vite. Le problème, c'est que sa fierté l'empêchait de céder simplement à quelqu'un qui l'avait attaquée ainsi, et qui surtout l'irritait. Elle était donc tiraillée entre son envie de se débarrasser une fois pour toutes de la louve en question et celle de rester sur ses positions, essentiellement par esprit de contradiction.