Un vent glacial fonça droit sur moi, me claqua sa force phénoménale contre mon doux visage. Mon pelage était ébouriffé, mais mes yeux brillaient. J'adorais cet endroit. En tant que Chef Mâle des Patrouilleurs, je me devais de sillonner Sibeska non ? Je ne voyais pourtant pas de loups d'une autre meute. Tout semblait calme, enfin semblait. C'est alors que j'aperçus un loup, brun. Je plissai les yeux et mis tous mes sens en éveil. Un Sakarite. Mais bon sang qu'est-ce qu'il fichait là ? J'étais plutôt pacifiste et pour la paix, mais j'estimais qu'il ne fallait pas abuser de ma gentillesse. Je me dirigeai au trot vers lui. Pendant les premiers instants, il me dévisagea, provoquant et hautain, méprisant et sarcastique. Mais il dut sentir chez moi plus qu'un simple indifférence. Je montrais mes crocs d'ivoire, menaçant. Il dut se rendre compte trop tard qu'il était en territoire adverse, et que justement il était de mon devoir de chasser les imbéciles de son genre. Il me répondit de même, en montrant des crocs. Je ne voulais pas me battre, pas aujourd'hui en tout cas, pourtant il semblait que je n'avais pas le choix. Aux muscles noueux de l'intrus, il était puissant. Je m'élançai vers lui au galop, plus rapide que le vent, ma fourrure gris argent devint floue quand je courus. Je fus à côté de lui, et je me mis à tourner autour du loup. Il ne comprenait pas trop mon geste, alors il restait là à me regarder. Plus je tournais, plus mes tours devinrent plus rapides, et mes cercles se resserraient autour de lui. Il comprit trop tard qu'il était pris au piège : impossible de s'enfuir. Je le touchai presque, et je me jetai brusquement sur lui. Pris au dépourvu, le loup couina : nous roulâmes sur plusieurs mètres dans la neige. Des touffes de poils grises et brunes volaient dans tous les sens, des gouttes de sang furent projetées un peu partout. Il dut sentir que je ne le laisserai pas filer de si tôt. Aussi n'avait-il peut-être pas trop envie de se battre, c'est pourquoi je sentis l'étau de ses mâchoires se desserrer : il lâchait prise. Il s'écarta violemment, et je lui lançai un regard de colère et de haine, puis il détala en courant, et je le vis quitter le territoire des Celestial. Je soupirais. Mon pelage était hirsute, j'avais une griffure très douloureuse sur le nez. Je me remis en route, cherchant d'autres intrus. Décidément, la guerre n'était pas une solution...

Une odeur de loup arriva jusqu'à mes narines (On dit narines pour un loup ?) et je tournai doucement la tête vers l'inconnu qui se faisait le plus discret possible. Je souris. J'aimais avoir de la compagnie, de la bonne compagnie, pas comme ce crétin que je venais de chasser de nos terres. Entrouvrant ma g*eule, c'était un solitaire, qui semblait pacifiste. J'avais jamais compris ces loups avides de sang, débiles sur tous les points de vue ça m'exaspérait plus que tout. Me redressant tout en marchant, je m'approchai doucement de l'inconnu, démarche lente et fatiguée, je m'ébrouai, et des des touffes de poils bruns et des gouttes de sang tombèrent au sol. Mes griffures et mes morsures me brûlaient et j'avais une entaille au-dessus de l'oeil droit. Mon oreille gauche était déchirée, et j'avais perdu une griffe, si bien que de ma patte le sang perlait. Courbaturé, je m'assis, enroulant ma queue autour de mes pattes dans une attitude paisible. Je voulais mieux le connaître, non à première vue ce n'était pas un crétin. Posant mes yeux argents sur sa fourrure noire, je dis d'une voix calme portée par le vent :

-Bonjour..-

Attendant une réaction, je clignai des yeux pour enlever rune goutte écarlate qui s'échappait de ma griffure.

Je levai mon... museau vers le ciel, cherchant de "l'oxygène" car j'avais un peu de mal à respirer. Non, ce n'était pas toujours facile de vivre en meute, se battre et chasser pour elle. Et encore, heureusement pour moi les Celestial étaient neutres, ça diminuait donc le nomde des conflits. Me levant pour paraître moins misérable que je ne l'étais déjà, j'observais le solitaire qui lui semblait avoir une cervelle. Remarque il pouvait aller où il le souhaitait il n'avais aucune contrainte mais bon, il semblait pacifiste comme moi en temps normal. Au moins une bonne nouvelle dans cette journée qui commençait plutôt mal.

-Oh, je vais m'en sortir- répondis-je quelques instants après qu'il me l'ait demandé.

Ah, il ne connaissait pas les guerres et les batailles, quoique les solitaires pouvaient se battre aussi mais si c'était tout de même plus rare.

-La vie en solitaire vous convient ?- demandai-je par pure curiosité.