Lentement ma tête pivota vers celui qui troublait ma quiétude habituelle. L’air furibond, je lui lança un regard noir, n’ayant pas reconnu ce jeune louveteau téméraire et éméché. Lorsque je vis son sourire sur ses babines, bien que léger, je me releva, prenant soin de ne pas m’appuyer sur mon épaule blessée.

Je lui faisais maintenant face, je le détailla avec soin comme je le faisais à chaque fois que je croiser un loup inconnu quelque peu dérangeant pour moi. Son corps était bien musclé et bien proportionné, mais il ne semblait pas vieux du tout. Un jeune effronté ? Ils sont de plus en plus nombreux, le sang leur monte trop souvent à la tête.

Soudain mon regard émeraude croisa le sien, profond. Un sourire sincère fendit mes lèvres avec beaucoup de niaiserie amicale. Ce petit morveux avait donc grandit à ce point ? Je me sentis soudainement plus vieille que jamais.

« Tiens, le grand tueur de scorpions… »

Mon sourire s’étira. Ce petit fière et insolant n’avait pas tant changer, du moins du niveau de ses réactions, car physiquement il était tout autre que le petit louveteau que j’avais sortie de l’eau et apprit à ne pas reculer, mais réfléchir pour agir et gagner.

Je m’avança vers lui, je boitais fort de ma patte avant droite, et j’en souffrais mais rien ne trahis alors mon ressentie face aux quelques pas ridicules que je venais d’effectuer pour faire fière allure. Je tourna autour de lui, toujours en boitant et dissimulant ma douleur de déchirement.

« Tu es devenu un loup… moins chétif que je n’aurais cru… »

Mon sourire s’étira de plus belle et je remis face à lui. Assise fière et droite, ma queue s’enroula autour de ma patte gauche car ma droite était légèrement relevée à cause de la douleur.

« Alors combien de fois as-tu faillit te noyer depuis tout ce temps ? »

Je fus heureuse de le voir sourire, mais ce sourire était différent que celui qu’il avait arboré autrefois lorsque je l’avais sauvé. Ce sourire enfantin était maintenant celui d’un adulte, dur mais avec encore une pointe de douceur venant de son enfance qui n’a pas encore disparu malgré les horreurs de notre monde.

Je ne prêta pas attention à son expression étonnée de me voir blesser, je l’étais aussi inconsciemment, mais le montrer ne changera rien à ma blessure.

« Aucun, je devais être dans mon unique jour de bonté lorsque j’ai sorti des fesses de l’eau. »

Je jouais de mon regard pour accentué mes mots et ma taquinerie à son encontre.

Voir un sourire se dessiner sur son visage, étira celui qui orné mes babines depuis quelques instants. A ces jeunes loups ! Tous aussi prétencieux les uns que les autres, puis après tout moi je l'avais été avant lui, bien plus prétencieuse aussi car jamais je n'aurais avouer avoir eut la vie sauve par quelqu'un d'autre que moi. Mon orgueil est bien trop fort pour cela.

"Non, jamais de la vie. Je n'suis pas ta nourisse ou ta mère, je ne vais pas commencer à tes protéger ou te sortir de toutes les misères que tu attires ! Je ne veux pas mourir d'épuisement !"

Je ne le voyais pas comme un fils, mais plutôt comme un jeune frère. Cette relation que je n'avais jamais eut avec mon frère jumeau et celle que j'avais perdue avec mon jeune frère. De plus il lui ressemblait, attisant ce sentiment fraternel. J'avais beau dire, jamais je ne le laisserai dans la misère ou dans une situation délicate, comme une soeur ainée je le protégerai.