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| La neige et le sable. || Libre. | |
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| Sujet: La neige et le sable. || Libre. 27.10.09 16:13 | |
| J'avais tout perdu; j'avais perdu le droit de rester là où j'étais né. Le seul lieu que j'avais aimé incondicionellement, le seul endroit où je me sentais dans mon monde, était ruiné. Au début, je ne voulais pas y croire. Mais il était bien là, à mes pattes, et je sentais qu'un simple hurlement pourrait le faire disparaître définitivement. J'ai pivoté vers le Nord, voilà ce que j'ai fait. Tout ce que je défendais était donc derrière moi, et la raison décédée de mon haleine ne m'avais pourtant pas coupé le souffle. Dieu sait combien de foulées a entreprit ce corps jeune dont je me sers encore, sans trop d'espoir cette fois-ci de mourir avec honneur. À croire que mes pauvres frères avaient couiné, dans un dernier élan, qui prouvait leur passion pour la vie, juste devant mon museau. Leur appel à la vie me rend aujourd'hui sourd. Tout les jours de mon voyage, je regardais cette pénombre m'obscurcir les pupilles, et je me laissais transfigurer par la nuit et ses étoiles. J'usais de mes poumons, je les bombardais avec le plus d'air possible, comme si j'avais l'espoir de les ressuciter et ainsi, de leur redonner leur respiration.
Et après celà, je recommençait à m'enivrer de cette neige, de ce froid, de ces vents; je sentait la pulsion de la nature sauter sur moi et s'y accrocher pour me ralentir, mais sans succès. Je continuais à me fatiguer, et lors de la deuxième lune depuis le massacre, n'ayant avalé qu'une viande usée de vieillesse, je n'en pouvais plus. Mon coeur semblait plus massif et lourd qu'avant. Les battements cardiaques, je les sentais, dans mon cou, dans mon torse, dans mes gengives même ! Le froid devenait époustouflant, jusqu'à me brûler même - contradictoire, certes, mais c'était bien ceci qui se passait.
" Tu ne vas pas vivre. Pourquoi continue-tu à ouvrir les yeux, à battre des pattes, à bombarder ton sang dans tes veines? Ton sang appartient aux griffes d'un ours; il appartient à la terre. Ne te fais pas d'illusions. Ils sont morts, et s'ils ne le sont pas, ils le seront, tout comme toi. Pourquoi veux-tu vivre? Pour qui veux-tu vivre? "
Je ne savais pas vraiment que répondre à mon sub-conscient, donc je laissais le silence parler à ma place. Mes yeux perdaient leur vue, mon corps était débilement allongé, tout muscles figés. Un dernier effort pour voir l'horizon, et vint un moment où je me demanda sincèrement quel était cet éclat qui ... perçait mes retines. La nuit avait accompagné mon âme pendant tout le trajet, et j'avais quasiment oublié par quels moyens le soleil brillait. Me rapellant de [voir description physique] ce que m'avait dit ma mère, mes iris étincelèrent face au matin du changement.
Où étaient donc mes frères, ma famille ? Étaient-ils vraiment tous dans l'au-delà ? Je ferme maintenant les yeux et je peux voir leur têtes près de mon oreille, grondant symboliquement pour défendre l'amertume de mon voyage, qui me mena aux Sakarite. »
Où étaient-ils donc ? Où ? Où pourrait-il les retrouver enfin? Ce récit lui tourmentait la tête qu'il en rêvait la nuit. Voir, le jour.
Saerwan se vit trembler du bout de sa queue jusqu'à son nez noir ébène. Il était douloureusement allongé sur cette couche de sable infinissable qui serpentait sur des dunes de jaune orangé, parsemé de petites touffes de végétation sèche. e sable s'infiltrait dans sa fourrure épaisse, et le terrible froid de la nuit transformait son souffle en une légère brume grisâtre.
Non... revenez... Pitié...
Revenez... ou c'est moi qui mourra.
Ses pattes. Elles s'agitaient. Son expression se figea sur son museau, il fronça son museau et ouvrit ses yeux d'or en un sursaut. Ironie du sort. Il venait de parcourir toute cette neige, brûlant d'amertume, et au réveil, il mourrait de froid dans ce désert bleuté par la nuit. Puis il leva légèrement la pointe du nez, sentant une odeur inconnue tout près de lui. Automatiquement, il retroussa ses lèvres en montrant ses dents bien blanches.
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| Sujet: Re: La neige et le sable. || Libre. 27.10.09 23:19 | |
| Je me souviens, j'étais toute petite. Automne, il était là. Et le monstre en face de lui. Près à tous nous tuer pour un simple plaisir. Cruel. Abominable. Père, tu savais que tu ne t'en sortirais pas face à cet ours, alors pourquoi as-tu voulu jouer au héros ? Nous aurions pu nous enfuir tous les sept... Cinq louveteaux dont toi Hystery, ma sœur avec qui j'ai tout appris. Toi aussi tu as fait un mauvais choix. Tu as été saillie de force. Je me souviens des larmes que tu as versé contre mon flanc. Mais pourquoi ce choix ? Pourquoi partir avec ce Devil qui t'a détruit le cœur ? T'aurait-il aussi pourri l'âme ? Mais je ne t'ai jamais revu pour te le demander, tu es partie sans jamais prévenir... Des frères partis, une mère disparue, tous qui font leur vie. Et moi, solitaire que j'étais ? Il faut apprendre à vivre seule... Un éclair doré est entré dans ma vie. Un rayon de soleil, celui qui vous ouvre le cœur et vous découvre d'une nouvelle façon. Pour lui, j'ai tout donné, même s'il ne me restait pas grand chose. Mais j'ai même détruit ta vie, pardonne-moi... La douleur était insupportable. Rien n'allait plus. Tu paniquais tant je hurlais. Aucun de nous n'avait jamais assisté à cela, sauf quand nous sommes nous même nés. Mais j'ai vite compris que quelque chose n'allait, mais de là à croire à ce malheur. Le mot est bien trop faible pour l'horreur que nous avons vécu... Ils étaient tous là. Cinq petites boules de poils que je venais de mettre au monde. Mais chéri, pourquoi n'ont-ils jamais respiré ? Pourquoi jamais aucun d'eux n'a bougé, même après que nous les ayons tous séché & serré contre mon flanc chaud ? J'aurais préféré n'avoir jamais eu l'idée d'avoir des petits car en les perdant, je t'ai perdu...
Elle ressasse. Elle revoie. Une fois de plus, c'est le mode Replay. Un cauchemar qui hante parfois un peu moins mais parfois un peu plus. Des souvenirs qui détruisent le cœur & l'âme tels des lames qui vous détruisent petit à petit, laissant le goût du sang amer couler en vous. Un sang qui vous donne l'envie du sang. Un sang qui vous fait perdre la raison. La louve marche depuis de nombreuses heures alors que ses pensées chaotiques continuent de défiler. Jamais elle n'a fait attention à sa route, ne se rendant pas compte que ses pattes la menait chez les Sakarite. Là où la chaleur règne s'opposant totalement à son territoire habituel. Mais peut-être que son sub-conscient l'a fait exprès, peut-être n'est-ce pas une erreur de l'avoir mené ici ? La belle grise lève le museau aussi pour se rendre compte que la nuit est tombée depuis longtemps déjà, adoucissant la température. C'est autre chose qui l'a forcé à regarder. Elle se stoppe. Un autre loup aux babines retroussées la scrute. Les yeux d'ambres de la louve lui jettent des éclairs et à son tour elle dévoile des crocs blancs. Fait attention... Obsession est d'une humeur massacrante. |
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| Sujet: Re: La neige et le sable. || Libre. 07.11.09 14:20 | |
| Voilà bien des lunes que Lüa avance dans l'unique but de satisfaire sa simple curiosité. Quelle étrange liberté pour la louve que de n'avoir à se soucier seulement de sa faim et de ce qu'il y a après cette colline, ce veille arbre, cette souche ou cette rivière... Point de famille à protéger, de camps à garder ou d'humain à attaquer. Étrange liberté qui commence à se faire pesante. Pourtant nôtre solitaire avait appris à ne plus se poser de question sur les raisons secrètes pour lesquelles son instinct lui dit "ne t'arrête pas,marche encore et toujours".
Ses pattes trottinait tranquillement dans le sable encore chaud face au vent nocturne qui lui ébouriffait la fourrure pour éviter de s'annoncer à un animal indésirable. Ses oreilles pivotaient sur elles même. Ici le silence régnait en maître sur les ondes de sable. Les sons étaient étouffés et prenaient bien souvent leurs sources à des kilomètres à la ronde. Sa truffe frémissante prés du sol était occupée à démêler les informations utiles des odeurs de sable brûlé et, maintenant que la froid tombait sur le désert avec la nuit, des odeurs d'humidité et des rares créature qui ont foulés ces grains de roches millénaires.
Une bourrasque de vent glacé se mit à souffler sur la minuscule silhouette de Lüa et souleva un nuage de sable. Les vicieux grains de terre de s'insinuèrent dans les yeux et les narines du canidé pour ensuite rejoindre certains de leurs congénères dans son pelage sombre. La noire fut aussitôt prise d'éternuement après lesquels elle se secoua une énième fois pour tenter de se débarrasser de ces petits machins qui grattent la peau. Elle se frotta ensuite la tête sur ses pattes avant pour s'essuyer les yeux.
Elle était faite pour le froid et les steppes glacées, alors que faisait-elle en plein désert brûlant en pleine journée et aux températures plus abordables la nuit ? C'est bien simple elle longeait la frontière des territoires de deux meutes. Pari risqué que voilà, mais le long de la frontière c'était encore là où elle avait le moins de chance de rencontrer un loup agressifs qui souhaiterait la chasser de chez lui. Ce serait beaucoup plus dangereux de traverser carrément un territoire, en sachant pertinemment que l'on pouvait tomber sur la meute entière et être en infériorité numérique, alors que la faim vous tenaillait le ventre à cause du sable qui vous entourait. Aux frontières, il y a peut être des sentinelles mais si il leur prenait l'idée d'attaquer cette ancienne chienne de traîneau les chances de survies sont plus importante face à un ou deux loups que contre six ou dix.
Pour s'orienter Lüa suivait les marques odorantes qui délimitant le territoire. Ralentissant le pas elle leva ses iris azures où scintillaient les étoiles du ciel. La nuit était claire et de plus en plus fraîche. Cette traversé du désert l'avait amaigrie et son sous-poils épais, qui la protégeais du froid, était tombé pour lui faciliter sa marche infernale sous un soleil de plomb. Cela faisait un moment que les marques n'appartenaient plus qu'à une seule meute, mais la solitaire hésitait à s'éloigner des seuls point de repères qu'elle possédait dans cet horizons infini.
Elle avait faim très faim et les rats du désert ne lui suffisait largement pas. Son seul espoir résidait dans ces marques de territoires qui, espérait-elle la mèneraient à un point d'eau, où elle pourrait se désaltérer. La louve noire se remit au trot,la queue basse et la langue pendante entre ses crocs acérés. Arrivée au sommet d'une dune de sable un mouvement en contre bat attire son attention. La lumière de la lune faisait briller deux dentitions lupines qui se faisait face.
La première, au ras du sable, appartenait à un loup au poils roux et court affalé sur le flanc, visiblement au moins aussi exténué qu'elle et dont l'odeur était très proche de celle des marques qu'elle suivait jusqu'à présent. La seconde, plus en hauteur, était la possession d'une louve grise comme la cendre à la fourrure plus abondante, moins adapté au désert que son vis à vis et à l'odeur très différente. Outre l'odeur de ses congénères cette louve portait des odeurs beaucoup plus familières à nôtre solitaire et synonyme d'étendues glacées.
Lüa, se figea la tête haute,la gueule close, les oreilles pointées vers ce face à face des moins amical, sa queue toujours basse sans pour autant être entre ses pattes -elle ne laissait paraître aucun signe d'amitié ou d'inimitié- et les muscles tendus près à bouger. Pour la fuite ou l'attaque elle l'ignorait encore. |
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