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| Sujet: Le temps n'existe pas en ces lieux [ LIBRE ] 11.09.09 17:22 | |
| Le temps n'existe pas en ces lieux, abandonnés par la pluie et fuis par le vivant.
Partout où s'étendait mon regard, il n'y avait qu'un océan infini d'ocre et de jaune. Il n'y avait que du sable à perte de vue. Je savais aussi que je pouvais, ici, courir pendant des heures sans voir le paysage changer, sans devoir m'arrêter ou sans rencontrer âme qui vive, fût-ce un scorpion. En fait, je n'ai jamais exploré cet endroit dans son ensemble, aussi je n'en connais pas les dimensions exactes et les heures dont je parlais pourraient tout aussi bien être des jours ou des semaines. Rien que l'idée de pouvoir être aussi seule, aussi perdue dans les immensités du Sud, me procurait des frissons de plaisir. Je n'aime pas la compagnie des autres...
Néanmoins, je savais que courir droit devant moi dans ce coin-là était une très mauvaise idée. Je n'ignorais pas que, dissimulés parmi le sable ferme, se cachait des sables mouvants qui pouvaient facilement m'engloutir, que ce soit en quelques secondes, en quelques minutes ou en plusieurs heures, faisant même durant mon agonie des jours entiers, pour certains. Je n'ena vais personellement jamais fait l'expérience mais avait déjà vu l'action de ces formidables tueurs. J'avais étendu des cris de terreur et m'étais pointée pour voir de quoi il en retournait quand j'ai vu trois loups à l'arrière-train profondément enfoncé dans le sable. Ce n'étais pas des Sakarites, mais je n'ai pas pris le temps de me rensigner, à leur odeur, de quelle Meute ils étaient. J'avais réussi à en tirer un des sables mouvants, avec beaucoup de difficultés. Et je n'avais pu que regarder les autres mourir. Non pas que leur mort m'affecte vraiment, mais j'en avait retenu un avertissement très sérieux à propos des dangers des sables mouvants. Seul, on n'avait pratiquement aucune chance de s'en sortir. Avec une aide, c'était possible mais risqué et hasardeux.
Un vent sec souffla dans ma fourrure. Il n'était pas agréable, la chaleur du désert s'ajoutant à celle qu'il apportait. C'était le vent du désert. Le seul autorisé à faire du bruit dans cette immensité figée, immobile. Tout le reste se taisait : on ne dérange pas le repos du désert. Mais un léger crissement - celui des pattes d'un loup contre le sable - troublat la quiétude de ces lieux immortels. Je pivotais vers l'inconnu, déjà irritée d'avoir à en supporter la présence.
Larme de Désert.
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