Le monde est vaste, encore plus qu'on ne le croit. Le monde est injuste, plus que les Enfers. Le monde est un tat de questionnements, plus qu'on ne peut s'imaginer... Le monde est... Et moi ? Moi qui connait les personnes au point de les nommer avec une appelation juste et significative, je ne suis même pas en mesure de répondre à la grande interrogation que tout le monde se pose : Qui suis-je ? Je sais très bien ce que je suis. Je suis la Nommeuse, la Donneuse de Nom, mais je n'en ai pas moi-même. Étrange, non ?

Je marchais lentement dans lle gazon ras et sesde la savane. Le bruit des brindilles craquant sous mes pas était lent à venir, entrecoupé d'un silence pontué de quelques croassement des oiseaux de proie qui volaient à la recherche de petits gibiers, me rappelait sans cesse à la réalité. Je m'évade souvent comme ça, dans mes pensées, pour essayer de résoudre les problèmes des autres. Récemment, un couple était venu me voir pour savoir combien de louveteaux ils allaient avoir pour leur prochaine portée. Je ne le savais pas et je ne le sais pas. Ma lignée n'a jamais pus lire l'avenir, à par la toute première. Inutile de la nommer, puisqu'elle n'a pas de nom.

Le soleil se couchait derrière les montagnes, laissant des voiles de rouge dans son sillage. Les nuages saumon et lilas dans un firmament aux sept couleurs de l'arc-en-ciel créaient un paysage à couper le souffle. On pouvait voir vaguement le reflet de ce spectacle pour les yeux dans l'eau du Lac de la Vallée. J'étais trop loin pour pouvoir voir quoi que ce soit de précis. Je ne pouvais apercevoir qu'une trainée sanglante, comme si l'astre du jour se faisait engloutir par la terre, laissant s'écouler son fluide vital vermeille dans une onde pur et cristalline.

Un vent chaud provenant de Sarique ébouriffa mon épaisse fourrure blanche presque digne d'une Célestiale. Toujours impecable, nettoyer avec soin à tous les jours. La brise fit bruisser doucement les feuilles bien vertes des arbres et un lapin détalla dans le mauvais sens en entendant un écureuil s'approcher. Mes oreilles se positionnèrent rapidement vers la source du son et le lièvre s'arrêta à quelques mètres de moi. Je me mis en position de chasse et sautai sur l'animal. Un coup de patte puissant sur sa nuque faible et l'être était mort.

Une odeur. Je relevai vivement la tête. J'humai l'air et sentis les effluves caractéristiques de ma meute. Je pris mon cadavre dans le gueule et me retournai vers le Garde du Corps caché derrière les hautes herbes jaunâtre. Je braquai mes yeux roses sur lui et lachai la créature inerte devant moi.

- Bonjour Sokar. C'est une bien belle journée, qu'en dites-vous ?

Je ne l'avais jamais réellement rencontré, mais je l'avais souvent vu avec Celtkis, notre Dominant. Je jetai un coup d'oeil sur mon repas à peine entammé.

- En voulez-vous ? Je viens de l'attraper.