What the hurt souls have forgotten Bloody Dream & Fenrrir
L'aube se levait tout juste sur Wolf Angel. Le soleil s'étirait paresseusement, se hâtant peu pour réchauffer les terres rafraîchies par la nuit. Tandis que les différents lieux de Wolf Angel goûtaient peu à peu à la douceur des premiers rayons de la journée, le cimetière semblait demeurer en retrait, refuge de la nuit, inaccessible à la lumière solaire. Non pas qu'il rejetât le jour : un ciel bleu passait furtivement au-dessus de lui et les tombes étaient baignée d'une belle lumière. Mais la brume n'avait pas déserté les lieux et malgré le retour du jour, le cimetière dégageait une atmosphère froide et sinistre. Comme si le soleil ne l'effleurait qu'en surface mais que le coeur de la pierre battait encore pour la nuit qui se cachait en lui avant de pouvoir reprendre possession du monde. Pas un bruit, dans le cimetière. Seul le souffle, à peine audible pour les vivants, des morts qui reposaient en paix. Les tombes étaient sagement alignées, immobiles. Dans l'attente. Elle attendaient l'éternité. Elle attendraient pour l'éternité...
Une ombre glissait au milieu des pierres, se fondant dans la brume, sans un bruit. Pas même un souffle. L'ombre était l'être lui-même, et cet être n'avait pas d'ombre. Noir, entièrement noir. Etrange créature échappée de la nuit qui survivait au jour, elle semblait légère, semblait presque flotter de-ci de-là parmi les tombes inertes. L'ombre s'immobilisa alors et, se redressant, tourna la tête. On put alors reconnaître la forme d'un loup... Ou plutôt, d'une louve. Une louve au pelage noir auquel ne s'accrochaient pas les reflets du soleil. Quelques zones semblaient encore plus noires que les autres, mais c'était plus comme si elle affichait l'ombre que portaient les tombes sur elle, par rapport au reste de son corps, et non la lumière par rapport à ce qui n'était pas éclairé. Lorsqu'elle pivota lentement, ses yeux brillèrent dans la brume. Ce regard devait en inquiéter plus d'un, il ne semblait pas de ce monde... L'ombre avait des yeux rouges tout bonnement fascinants. Les tons de rouges s'y mêlaient avec une subtilité étrange, le rouge sombre du sang, et celui, plus vif, du feu. Une louve, autrefois, -une vivante-, avait possédé des yeux semblables à ceux-ci. Mais elle était morte. Et ces yeux-là... Ils étaient plus vifs. Il semblait... Oui, il semblait que le feu et le sang qui brillaient en eux étaient en mouvement. L'iris rouge de ce regard bougeait et l'on croyait se perdre dans une mer affolante et macabre lorsqu'on le croisait. De même, lorsqu'elle vous fixait, on eut dit qu'elle vous transperçait, qu'elle cherchait jusqu'au plus profond de votre âme ce dont vous étiez fait, qu'elle faisait ressurgir la douleur qui vous forgeait et que vous tentiez d'enfermer dans votre coeur. Et pourtant, les esprits sur lesquels elle veille murmurent parfois dans le vent que ce regard est le plus beau qu'il leur ait jamais été donné de voir. Les yeux de la délivrance, les yeux de la Passeuse. La confession de l'Earthlander. Se mouvant avec une grâce étrange, elle se faufila entre les tombes, avec sûreté -elle connaissait le chemin. Gardienne des lieux depuis des années, elle connaissait chacune des tombes, le corps qui y reposait, l'esprit qui parfois revenait sur les reliefs de son ancienne vie, son histoire... Enfin, elle l'aperçut. Cet être dont elle avait senti l'intime chaleur. Cet être vivant, qui marchait au milieu des morts. Elle s'arrêta à plusieurs mètres de lui, l'observant en silence.
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Sujet: Re: All is twilight (PV Fenrir) 21.01.10 18:22
Petit à petit, le soleil se levait. Astre étincelant, aveuglant, que vénéraient autrefois de nombreux peuples. Le Dieu du Soleil, au-dessus de tous les autres, puissant, amenant la vie mais aussi la mort, à ceux qui tentaient de s'en approcher de trop près. Le soleil, qui dissipe les ténèbres de la nuit. A chaque aube, il reprend sa place à la lune blanche, et enveloppe la terre de ses rayons chaleureux. Le soleil, qui chassait les fantômes, les démons, les vampires, et autres créatures infernales... Enfin, disons que ce côté-là marche plus ou moins bien. Car après tout, les Devils ne viennent-ils pas des enfers ? Et ils ne sont pas grillés sur place lorsqu'ils croisent la lumière du soleil, n'est-ce-pas. Mais Fenrir ne s'intéressait pas à ça, du moins pas à ça en particulier. Friand de tout ce qui pouvait avoir le goût de nouveauté, de tout ce qui lui était inconnu, Fenrir espérait bien réussir à rencontrer une créature surnaturelle - en dehors d'un dieu ou du diable, bien sûr, vu qu'il en connaît déjà. Quoi de mieux pour trouver un fantôme que le cimetière de WA ? Quoi de mieux pour trouver un vampire qu'un lieu de mort et de désespoir ? A cette heure précise, à mi-chemin entre le jour et la nuit, entre les ténèbres et la lumière, tout semblait possible. La brume pâle et froide tentait les lieux d'une vision irréelle. Un rêve, un rêve qui se dissipererait au matin, sans ne laisser autre chose que quelques fragments flous de souvenirs... Et dans un rêve, ne peut-on pas faire tout ce qu'on veut, et avant tout des choses impossibles ? Ne peut-on pas se permettre toutes les folies, tous les désirs, tous les plaisirs ? Un rêve peut aussi devenir cauchemar, pour se déchirer en quelques instants et ne laisser, cette fois, que des sueurs froides ainsi qu'un rythme cardiaque affolé. Et dans un cauchemar, là, aussi, tout est permis : toutes les horreurs, toutes les craintes qui nous font reculer, tout le désespoir et toutes les atrocités que nous redoutons ou essayons de nier pendant la journée... Dans les deux cas, ce n'est pas réel : vaudrait-il mieux que ce le soit ? De toute façon, là, c'était réel. Et donc dangereux...
Raison de plus pour que Fenrir, le loup argenté aux yeux verts, traîne dans le coin précisément à ce moment. Après tout, selon ses propres termes, une aventure n'est pas amusante si elle n'est pas dangereuse. Flirter avec la mort, avec la douleur, c'est ça qui rend ce jeu si particulier attrayant... Oui, où serait l'intérêt si on était sûr de trouver ce qu'on cherche, de vaincre son adversaire ou de réussir à ne pas y rester ? C'est l'imprévu qui donne du goût à la vie. Et puis Fenrir n'est pas particulièrement regardant sur l'ambiance des lieux qu'il traverse. Rien ne semble l'effrayer pour de bon.
La silhouette du loup se glissa entre deux napes de brouillard, elle aussi semblable à un fantôme, ou encore à une illusion. Juste une ombre vacillante, qu'on ne peut être sûr d'avoir réellement vu. Fenrir marchait au milieu des morts, pas intimidé pour deux sous. Insousciant - comme toujours, d'ailleurs. Il n'était pas irrespectueux envers les défunts : il considérait simplement que se lamenter sur leurs restes ne leur servirait pas à grand chose. Après tout, presque tout le monde préfère les rires aux larmes, non ? Alors pourquoi n'offrir que ces dernières à ceux qui ne sont plus ? Autant les amuser, pour les aider à tromper l'ennui... Les yeux verts de Fenrir étincellèrent, semblables à deux feux émeraude, deux joyaux dont l'éclat ne se ternirait jamais. Son regard inquisiteur et rempli de curiosité ne cessait d'aller et venir, explorant les environs avec une précision implacable, presque avide. Le grand corps de Fenrir pivota en même temps que sa tête, lorsqu'il se tourna pour mieux voir une parcelle qu'il n'avait pas décryptée. Ses oreilles étaient pointées en avant, à l'affût. Fenrir distingua soudain une ombre, une silhouette sombre... une louve. Ses yeux s'écarquillèrent - non d'effroi, mais de curiosité dévorante et d'un peu de surprise. Il reconnaissait la louve en question - elle avait changé, mais pas suffisament pour que Fenrir ne la reconnaisse pas. Ses sens et sa raison protestaient, arguant que d'une part, Bloody Dream était morte depuis longtemps déjà, et aussi que ce truc n'avait rien de... d'une louve normale. Cela n'était pas vivant, c'était contre nature, quelque chose qui ne devrait sans doute pas exister...
* Alors ça, on s'en fiche... * pensa le mâle.
Son coeur, lui, lui hurlait qu'il s'agissait bel et bien de Bloody Dream. Fenrir avait toujours fait plus confiance à son instinct qu'à sa raison, aussi il ignora cette dernière et, dans un grand sourire, sauta au cou de la louve noire.
" Bloody ! " lança-t-il d'une voix pleine de bonne humeur.
Dernière édition par Kywin le 17.02.10 17:18, édité 1 fois
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Sujet: Re: All is twilight (PV Fenrir) 24.01.10 23:24
Chaleur intense. Aperçu de sentiments, de sensations. Irrésistible attrait du monde vivant. Souvenirs, émotions, qui submergeaient son esprit alerte, d'innombrables vies dont elle portait la mémoire qui s'agitaient follement, parmi lesquelles la sienne, dont le cri perçant dominait tous les autres... Mouvement de recul. Un pas en arrière. Froid, à nouveau. Tout ceci s'était passé en l'espace d'un instant. La notion de temps des Coeurs-Qui-Battent, les vivants, n'aurait su l'estimer précisément, c'était beaucoup plus subtil qu'un simple découpage en secondes. Mais ça n'avait pu prendre plus d'un dixième de seconde. La louve demeurait impassible, sondant cette âme innocente à la recherche du malheur qui l'accablait. Mais elle ne trouvait aucun mal. La douleur n'était pas au premier plan, et son étrange regard ne suffisait pas à raviver les craintes de celui qu'elle avait en face de lui. Au contraire, bien loin d'être effrayé ou d'invoquer ses plus intimes souffrances, le loup semblait... joyeux ? Ce n'était pas courant. Il semblait tout simplement heureux de la voir. Un peu trop empressé, même. Malgré son enthousiasme, il avait du trouver étrange de ne pas sentir de contact en effleurant la louve -juste un froid glacial, là où il aurait dû la toucher. Tandis qu'elle, elle sentait encore son épaule la brûler, mais elle avait appris à ne pas écouter l'appel de l'attirante chaleur de ce monde où le temps avait une importance. Remise de sa surprise, la louve analysa les paroles que l'Etranger avait prononcées. Un nom, Bloody. Ce mot lui était familier, mais c'était loin. Avant. Oui, c'est cela. Il lui semblait qu'on avait eu coutume de l'appeler ainsi, avant. Bloody... Bloody Dream, sans doute. Elle avait entendu des morts le lui murmurer, lorsqu'elle leur avait parlé dans le cimetière. Au début de cette existence. A présent, les morts ne lui donnaient plus de nom. Ils la connaissaient. Elle veillait sur eux. Elle était toujours là. Elle était unique. A quoi bon lui donner un nom ? Ils la connaissaient, eux, et ne craignaient pas de la perdre. Ils n'avaient pas besoin de l'appeler. Les noms ne servent qu'aux Coeur-Qui-Battent. Au bout d'un certain temps, passé en silence, le fantôme décida de répondre. Elle savait d'expérience que les vivants n'aimaient pas le silence -le vrai. Et que, quand ils parlaient, ils attendaient une réponse. Rapide.
« Oui. »
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Sujet: Re: All is twilight (PV Fenrir) 17.02.10 17:40
Fenrir pencha la tête sur le côté, à la manière d'un chat qui se demande comment il va attraper l'oiseau posé sur la branche. Le mâle était à la fois surpris et intrigué. En entrant en contact avec la louve noire, il n'avait pas eu l'impression de toucher la fourrure et la peau chaude de son amie, mais plutôt.. ça avait été semblable à un bain glacé, comme toutes les fois où la glace de la banquise avait cédé sous lui, et où il s'était retrouvé dans l'eau gelée de Nord. Non.. Non, en fait, cela avait beaucoup moins de substance qu'un bain glacé. Le contact violent avec l'eau prenait souvent les allures d'une gifle - ou d'un mur en pleine figure, au choix. Là, s'il n'y avait pas ses yeux pour lui confirmer la présence de la louve noire, il aurait pu croire qu'il venait de traverser un courant d'air très froid. Plus il y repensait, plus Fenrir avait l'impression qu'il était carrément passé à travers de la louve, ou au moins d'une partie d'entre elles. Ce qui était franchement troublant... et donc très, très intéressant. La bonne humeur de Fenrir ne fit que s'accroître - il se serait vraiment inquiété si Bloody avait l'air d'aller mal, mais elle ne semblait pas souffrir. Et puis, passer de l'état "mort" à l'état de "drôle de truc mais qui parle" c'est plutôt positif, non ?
Une proposition fusa dans l'espirt du mâle gris, semblable à une étoile filante qui aurait tout brûlé sur son passage. Le premier qualificatif que Fenrir pouvait trouver vis-à-vis de l'attitude et de la consistance de Bloody Dream était "comme un fantôme". Et si c'était vraiment ça ? Après tout, Bloody avait la condition essentielle pour devenir un fantôme, c'est-à-dire qu'elle était morte. Dans sa joie de la retrouver, Fenrir décida d'écarter cette théorie pour plus tard - ce serait éventuellement une nouvelle source d'intérêt... n'était-il pas venu là pour traquer le surnaturel ?
« J'suis bien content de te voir. Je pensais que t'étais morte, d'ailleurs c'est le cas, mais ça me fait super plaisir que tu aies trouvé un moyen de revenir. Enfin... seulement si ça ne te dérange pas, bien sûr ! Après tout je n'ai pas la moindre idée de la manière dont tu occupes ton temps, ni de la façon que tu vois les choses. J'espère que ça te plaît, c'est le plus important nan ? »
La voix de Fenrir n'avait pas perdu une miette d'entrain ou de bonne humeur. Le mâle semblait même en avoir gagné davantage, ce qui était proche du surréalisme si on considérait l'intensité de départ de ces émotions. Toujours, c'était son enthousiasme et sa joie de vivre qui avaient mené la vie de Fenrir. Bien sûr, il y avait eu de la douleur aussi - la mort de ses proches, la mort des siens, les celestials, la guerre tout simplement, qui avait fait tant de victimes, vu la naissance de tant de haines, de désespoirs, de soifs de vengeance... Mais si ces faits hantaient à présent la mémoire de Fenrir, il les considérait comme aussi peu importants que les cauchemars que l'on fait la nuit, et qui se dissipent au matin. Il les acceptait plus ou moins bien, mais ne les laissait pas diminuer la beauté et la force de l'instant présent. Au contraire, cela lui avait donné encore plus goût à la vie et au jeu... Et c'est bien à propos de ce dernier point que Fenrir était ennuyé. S'il ne pouvait pas toucher Bloody Dream, comment allait-il bien pouvoir jouer à chat avec elle ou lui mordiller les oreilles ? Une question très grave qu'il soumit diligemment à la principale concernée :
« Mais comment est-ce qu'on va faire pour jouer à chat si je ne peux pas te toucher ? »
Les yeux verts de Fenrir se fixèrent, avec en leur coeur quelquechose qui ressemblait à une touche de désespoir, dans les yeux rubis de la louve noire. Il faut dire que le jeu du chat était l'un des préférés de Fenrir.
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Sujet: Re: All is twilight (PV Fenrir) 21.02.10 8:33
(Désolée, c'est juste pour te prévenir que je ne jouerai plus Bloody Dream...)