Des kilomètres en un mois, Funeste en faisait beaucoup trop pour les compter. Et puis de toute façon, quel intérêt de compter ses pas ? Et en plus, à quatre pattes, ça commençait à en faire beaucoup trop pour rien. Et puis, que pouvait faire une louve solitaire, quand elle n'a qu'à se préoccuper d'elle-même ? La réponse est simple. Vivre, chasser et avancer. Toujours avancer et ne jamais arrêter. Pas littéralement, mais tout de même, elle avance, même si parfois elle revient sur ses pas. Elle ne revient jamais à reculons. Il y a tellement de choses à faire pour se divertir. Comme marcher jusqu'à ce qu'elle en ait marre. C'est la fatigue qui l'arrête parfois. Jamais l'ennui, jamais encore.

Elle prenait pourtant des risques de marcher, d'avancer dans la savane. C'était vachement proche du territoire de Sakarites et là-bas, elle n'était pas la bienvenue. Enfin, si, elle pourrait être la bienvenue, mais elle n'y survivrait surement pas. Ce qui la poussait à s'aventurer si loin dans le sud c'était les souvenirs. Enfin, pas les souvenirs de mémoire, comme les trucs qu'elle faisait avec ses parents. Plutôt les souvenirs de la bonne chair. Le désert et le soleil donnait un quelque chose de particulier à la chair. Et c'était ce goût que Funeste recherchait. Le goût du désert. Il parait que quand on naît du désert, on ne résiste pas à son attrait. Funeste a toujours été très détestable.

Elle n'oserait pas s'approcher davantage du désert, mais les proies de la savane goûtaient un peu du désert. Mais il fait chaud. Funeste avance à pas rapide. Son pas habituel. Elle use de cette vitesse de croisière depuis des années. Elle s'arrête soudainement sous le couvert d'un arbre feuillus et isolé. Elle prend l'ombre un moment, ne se rafraîchissant pas vraiment. Heureusement qu'elle est originaire du désert, mais avec le temps et surtout l'éloignement, supporter la chaleur devient moins aisé. Mais peu importe.

Elle lève le nez et renifle un bon coup. Il doit bien y avoir une petite proie qui traine quelque part. Elle baisse la tête et, la truffe au sol, elle cherche une piste.

C'est le froissement de l'herbe qui lui fait lever la tête. La savane, c'est pas un le meilleur endroit pour sa cacher. Bon, il y a des herbes hautes et quelques bosquets d'arbres, mais les forêts, c'est mieux. Quoique la savane, c'est tout de même plus discret que le désert, qu'il soit de neige ou de sable. Au moins, ici, la température est supportable contrairement au désert de neige et au désert de sable. Il faudrait qu'elle pense à trouver de l'eau aussi. On est quand même si près du désert. Mais elle ne croit pas que ce sera si difficile à trouver. Suffit de trouver l'odeur les odeurs les plus mélangées et on trouvera le point d'eau.

Elle n'est pas seule. Une... louve, à l'odeur, approche. Funeste se dit qu'elle aurait du la sentir approcher bien avant ça. D'un autre côté, Funeste ne cherchait pas ce genre d'odeur. À choisit, elle prendrait bien une souris sauteuse. Ce n'est pas très consistant, c'est minuscule, mais le goût était exquis. Elle fait semblant de ne pas la voir, ni l,entendre, comme si elle n'avait nullement conscience de sa présence. Avec de la chance, elle fera de même. Malheureusement, elle se trompe. La louve marche dans sa direction. Ah non... elle n'a pas vraiment envie de converser... ça risque de lui faire perdre des proies. Non, mais qu'est-ce que ça peut être agaçant. Eh oui, la louve l'atteint rapidement. Elle pousse même l'audace à s'assoir tout près. Et, comble de la contrariété, elle lui parle. Funeste lève la tête vers la louve et la regarde par en-dessous, sans cesser vraiment de renifler le sol.

- Je cherchais quelque chose à ma mettre sous la dent. Pourquoi mentir, hein ? Et accessoirement la paix.

En espérant que la louve saisisse le message. Mais à lui voir l'air et surtout ce qui brille dans ses yeux, elle se doute que ça ne sera pas si aisé de pouvoir chasser en paix. L'air de rien, Funeste se remet en marche, question de vraiment arriver à pister quelque chose. Parce que pour l'instant, ce qu'elle renifle, c'est passé il y a longtemps. Et cette louve ne sent pas le sakarite. C'est une odeur beaucoup plus musquée.