Je marchais sur mes terres avec grâce et calme, laissant ma fourrure blanche onduler lentement au vent chaud. Mes oreilles bien droites sur ma tête, mon regard rouge scintillant, je me rendais compte à quel point ces terres étaient loin de mes espérances. Elles étaient saines, presque belles pour des Angels. Décevant… Les loups et louves de notre condition ne devrait pas vivre sur des terres comme ceci, nous étions faits pour la puanteur et l’horreur, pas pour les papillons et les fleurs. M’arrêtant froidement je levai les yeux et regardai le sommet du volcan. Et lui alors… Il s’était endormi suite au départ des Devils et désormais Dieu seul sait quand il nous fera de nouveau honneur de ses coulis de lave. Soupirant je partis en direction du cratère du volcan. Accélérant un peu l’allure, je me mis à trotter puis à galoper, sans pour autant devenir une louve déglinguée qui partait dans tous les sens. Non, je me pris juste au jeu de courir en montée, ce qui ma foi était un bon exercice. J’aimais repousser mes limites corporelles et découvrir de nouveau moyen d’affaiblir un loup. Alors que je galopais, mon cerveau se mit à réfléchir. Cette montée était un endroit parfait. Peut-être que pour réveiller notre cher volcan il fallait lui fournir sa dose en sang Angel ? Cela serait tellement amusant, et surtout, tellement intéressant. Autour de moi je voyais se dessiner mon champ de bataille, et comme d’habitude une course poursuite pour attirer nos ennemis sur le flanc de la montagne. Les rochers qui ponctuaient son flanc raide seraient parfaits pour cacher des loups. Même si les terres Devils étaient horriblement propres, elles n’étaient que bonheur quand il s’agissait de mettre un plan à l’œuvre. Le terrain détruit prouvait, malgré l’herbe et les oiseaux, que ces endroits avaient vécus nombreuses batailles, défaites, victoires. Ralentissant, je me mis à trotter avec légèreté en laissant mon esprit divaguer. Je n’avais pas spécialement envie de me casser la tête avec un nouveau plan pour l’instant. J’étais venue ici pour me reposer en paix, aucune envie d’aller dormir dans la grotte. Trop de monde, de curieux, de bruit. Je voulais un endroit de paix pour me laisser aller dans un sommeil léger et agréable.

Mon regard rouge flambant se posa sur un rocher juste au bord du cratère. Souriant dans l’ombre de mes babines, je grimpai sur le rocher et m’assis fièrement, enroulant ma queue autour de mes pattes blanches. Regardant le petit monde d’en haut, la solitude me fit un bien fou. Ma cervelle torturée pour trouver de nouvelles machinations pouvait enfin se reposer. Il ne faut jamais essorer quelque chose à bout car après il n’y a plus rien. Me laisser récupérer avant de me demander de pondre une nouvelle fois. Laissant mes pattes glisser sur la roche, je me couchai calmement, ma queue tapant sur la roche humide de la dernière pluie. Posant mon museau sur mes pattes, je pris une profonde inspiration et, n’éprouvant pas encore le besoin de dormir, ne fis que regarder le monde alentour.