Mline-Sylva avait couru à travers la plaine puis c'était arrêté, épuisée. Elle avait besoin de réfléchir et de marcher, de se sentir bien. Mais elle se sentait mal. Un malaise intérieur qu'elle connaissait mais qui venait de loin, de très loin... Cela faisait bien longtemps qu'elle ne l'avait pas ressenti et cette sentation lui était désagréable.
La lumière, elle n'arrivait plus à la voir dans son esprit, même si elle était venue dans cette prairie de fleurs, dans ce tableau de joie, ça ne marchait pas. Elle s'énervait, elle voulait retrouver son bonheur naturelle, sa source rayonnante à elle.
Et puis, elle ne l'avait pas remarqué, mais elle venait de se diriger vers un loup. Il était de dos, et il venait de la saluer. Continuant de marcher, elle se mit en face de lui et poliment, en essayant de sourire, nien qu'elle n'en avait pas le coeur, la louve lui répondit :
_Hum... Bonjour.

La voix de Chance était profonde et... chaude. Elle ne savait pas pourquoi mais elle l'apaisait, lui faisait du bien. Cette voix, bien que ce soit idiot, l'aidaient à commencer à retrouver un peu de sérennité. Ce loup était agé, et sans doute très fatigué et elle ne voulait pas l'embarrassait pas ses soucis à elle. Respectueusement, la louve lui répondit :
-C'est un nom qui doit aider, je pense, surtout quand on a un grade aussi important.
Elle sourit, un peu mieux qu'avant, mais avec sincérité dans ses propos.
-Le mien est Mline-Sylva.

Mline-Sylva souria. Les yeux mélancoliques, elle observa le ciel bleu de cette journée. Reportant son attention sur le loup, elle répondit à sa question :
_Explorer ? Oui un peu... Il y a tellement de belles choses à voir, même juste à côté de nous. La nature a tellement de surprises à nous offrir. Une feuille d'automne aux couleurs chaudes, un papillon voletant à travers les branches d'arbres ou le chant distret d'une chouette.
La louve se sentait mieux. Parler lui faisait du bien, surtout parler de la nature. Ses yeux noisettes posés sur Chance, elle attendit poliment.

La louve fut surprise. Elle ne l'avait pas remarqué, et maintenant qu'il venait de le lui dire, de manière plus ou moins direct, elle apprit que Chance était aveugle.
Qu'était-ce donc, le fait d'être plongé dans l'obscurité même lorsque le soleil brillait haut dans le ciel ? Ne plus pouvoir admirer les merveilles du monde autour de nous, le supporterait-elle ?
Mais l'on pouvait voir autre qu'avec ses yeux, et cela, c'était une chose étonnante et une expérience qu'Mline-Sylva aimait bien faire, mais juste de temps en temps.
Le loup ne semblait pas le moins du monde handicapé par sa vision inutile et avait même l'air d'en apprécier les aspects. Après tout... Ressentir la nature sous un angle différent, ça pouvait donnait pas mal d'avantages.
Elle souria. Que dire ? Il n'y avait rien à dire. La louve ferma les yeux, la tête tournée vers le soleil, appréciant chaleur rougeoyante dansant sous ses paupières.