j'ai hate de lire la suite !

Vous l'attendiez impatiemment... Non ? bon.
Voivi les deux chapitres suivants, pour mettre fin à votre attente !

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CHAPITRE 7 : TORNADE

Hélas, les pièges ne sont pas infinis. Je dois avouer que l'idée d'Avalanche avait finalement du bon et, qu’à ma connaissance, aucun loup n'était tombé dans l'un des trous qu'elle avait creusé. Mais les ours étaient vraiment nombreux et, le dernier piège ayant été utilisé, il en restait encore trop pour nous.
- Zut ! La situation n'a pas beaucoup avancé. Et je n'ai plus de pièges !
- Tu as voulu forcer le destin... On ne joue pas avec ces choses-là. Je t'avais prévu un échec et le voilà : nous perdons.
- Oh, ça va ! Et puis j'ai sauvé notre honneur.
- Tu oses encore parler d'honneur ? Tu as agi en traître ! Aucun loup n'aurait songé à faire une telle chose..
- Mais ça a marché. Le nombre d'adversaires diminuait rapidement, non ? J'ai dû épargner une dizaine de vies !
- Ouais, on peut dire ça comme ça..
- ...
- Au fait, comment se fait-il qu'aucun loup n'ait été piégé ?
- Ce sont des pièges solides. Un ours les brise facilement, mais un loup est trop léger. A moins, évidemment, d'y avoir été projeté avec une force égale au poids d'un de ces gros animaux.
- Donc, tu veux dire que c'était prévu ?
- Bien sûr ! Je ne pouvais pas prendre de risque.
Elle tourna les talons, fière d'elle. Je me retenais pour ne pas relever son arrogance. Elle nous avait quand même aidé. Mais j'étais inquiète. Malgré toutes ces précautions, la victoire nous était refusée.

Comme prévu (si je puis dire), nous perdîmes la bataille.
Il n'y eut que deux morts, dont un que je ne portais pas dans mon coeur, à cause d'une vieille histoire. Pour résumer, il avait failli tuer Kisha. Je ne le lui ai jamais pardonné. Heureusement, Flèche est venu la sauver et c'est là qu'ils se sont rencontrés...
Tiens, Tornade sort de la tanière de Guerre.
- Tornade, ça va ?
- Oh !... Oui, juste un petit quelque chose..
- Rien de grave ?
- ..Euh, non...
- Hein, dis-moi ?
- Je ne crois pas... Père veut te voir…
- Moi ?
Mais elle s'éloignait déjà. Je la regardais, consternée. Elle avait l'air très préoccupée, j'espérais que cela n'était pas important. Tiens ? Elle boîte... Bah ! Sûrement se sera-t-elle fait mal pendant le combat, à la chasse où en s'entraînant. Je ne sais pas pourquoi, mais je m'inquiétais. Je décidais d'aller voir notre père.
- Ah, Tempo, te voilà ! Je voulais te parler.
- Père, j'ai croisé Tornade... Elle avait l'air bizarre.
- En effet. Pour tout te dire, elle est venue me prévenir de quelque chose de grave ; et c'est de cela que je voudrais discuter.
Mon coeur battait à tout rompre. Je ne pouvais plus attendre, j'avais l'impression d'être coincée... C'était absurde ! Pourquoi tant de craintes ? Après tout, ce n'était pas la première fois que Guerre nous parlait de la sorte.
- Et qu'est-ce donc, Père ?
- Elle m'a avertie que des pièges auraient été installés sur le terrain où s'est déroulée la bataille.
- Ah...
- Ca ne va pas ?
- Oh... Si, si.. La surprise...
- Hum. Enfin, je voulais te demander si tu ne te serais pas aperçue de quelque étrange réaction de la part de nos ennemis ?
- N..Non ! Mais pourquoi ne t'en aurais-je pas parlé ? Tu es notre chef !
- Tu sais, veiller sans arrêt n'est pas facile. Quand la fatigue s'installe, on passe au-dessus de certaines choses... En tous cas, j'espère que cela te reviendra vite. Réfléchis bien et reviens me voir si tu as du nouveau. Oh, et n'en parle à personne...
Il se coucha, l'entretien était terminé. Je sortis sans bruit du terrier et me mettais à la recherche d'Avalanche.
Alou, aide-nous ! Oh là là... Comment va-t-elle s'en sortir ?
Je parcourais le camp le coeur serré. Et cette fois, j'avais mes raisons.

CHAPITRE 8 : LE NOBLE COEUR D'AVALANCHE

- Psst... Avalanche !
- Hum..
- Tu dors ?
- ..Tu crois vraiment qu'il est possible de dormir avec le boucan que tu fais ?
- Tant mieux ! Viens, il faut que je te parle.
- Quoi ! Maintenant ?
- Oui, dépêche-toi !
- Ca peut pas attendre demain ?
- Non !
- Pff... Mais demain, ne râle pas si je fais la grasse matinée !
- ...
- Wahh... Alors ? Que voulais-tu me dire de si important ?
- Viens ! Je préfère m'éloigner un peu..
- Ah ! Parceque, non-seulement tu me réveilles au milieu de la nuit, mais en plus je dois sortir et marcher dans le froid, les pattes dans de la boue glacée ?
- Je t'en supplie ! Tu dois savoir !
- Savoir quoi ?
- Viens ! Personne ne dois nous entendre...
Nous sortîmes dehors. Un vent violent nous ébouriffa le poil, mais je suivis néammoins Tempo un peu à l'écart du clan. Le froid ne semblait pas l'atteindre. Elle avançait sans bruit, tout droit, lentement. Elle se contentait de me lancer un regard noir quand je faisais casser une brache ou crisser des feuilles. Bientôt, elle trouva que nous étions suffisamment protégées pour nous arrêter. Moi, je n'étais pas de son avis : le vent m'atteignait toujours autant !
- Bon, dépêche-toi de me le dire, ton secret, que je retourne me coucher !
- Oh, calme-toi ! Je prends la peine de te prévenir, je me lève pour ça, je m'en suis sortie de justesse, et c'est comme ça que tu me remercie ?
- ..M'avertir de quoi ?
- Que tes pièges ont été découverts.
- Non... C'est pas vrai !
- Si. Tornade se battait contre un ours. Celui-ci est tombé par hasard dans un des trous et l'a emportée dans sa chute. Elle boitille légèrement, c'est tout. Mais elle a prévenu Guerre et celui-ci m'a demandé si je n'avais pas vu quelque chose...
Voyant le regard affolé d'Avalanche, je m'empressai de lui résumer mon entretien avec notre chef.
- Ouf ! J'ai eu peur, pendant un instant...
- Mais ce n'est pas fini ! Que faut-il faire ? Tu as une idée ?
- ..Nous ne pouvons pas lui mentir.
- Comment ça ?
- Réfléchis ! Si tu confirme que ce sont les ours, il ira les voir et...
- Oh, non ! Il se fera tuer !
- Si tu lui dis que tu n'as rien vu, il fera une enquête, tout le monde sera mis au courant, cela nous angoissera sans cesse et, pire, il y a des risques qu'un innocent soit accusé.
- Mais... alors, il ne nous reste qu'une solution...?
- Oui. Demain, tu retourneras voir Guerre et tu lui raconteras la vérité.
- Tu sais ce que tu risques ? Tu seras exilée ! Je ne veux pas te perdre !
- Tu as une autre idée ?
Elle me regarda avec des yeux ou la colère cachait la douleur. Troublée, je ne répondis pas.
- En posant ces pièges, je prenais un risque... Je ne peux pas permettre une injustice. J'assume l'entière responsabilité de ce qui peut, a pu, ou pourrait arriver.
Cette nuit-là, je n'aurais jamais pensé à critiquer sa "sagesse" dont je me moquais si souvent. Elle parlait avec le coeur et ses paroles avaient un sens profond, comme on oublie souvent de le faire. Je me retrouvais tout d'un coup petit louveteau, tapi dans un coin, impressionnée par tant d'assurance...
Je secouai énergiquement la tête pour chasser ce souvenir. Avalanche me regardait avec une détermination de fer. Rien ne pourrait la faire changer d'avis, elle était résignée.
- Bien... Je..je lui dirai demain...
- Bonne nuit.
Elle s'en alla. Je restai un peu, observant les étoiles. Son comportement m'avait donné à réfléchir. Elle avait trahi le clan, elle le savait. Mais c'était pour une raison nette. Et maintenant, elle se livrait à ce même clan, à son jugement...

suuuuuuuuuuuuper vite la suite !!

Et bien, te voilà servie !

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CHAPITRE 9 : LA REVELATION

- Père ? Vous êtes là ?
- Oui, Tempo. Tu voulais me voir ?
- C'est à propos de notre discussion d'hier...
- Ah, je savais bien que tu retrouverais.
- Non... En fait, j'aurai pu répondre hier.
- Vraiment ? Mais, alors, pourquoi ne l'as-tu pas fait ?
- ... ..Pour tout vous dire, c'est Avalanche qui a installé ces pièges.
- Avalanche ?
- Oui, Père...
- Mais... Pourquoi ?
- Elle ne croyait pas à notre victoire... Elle a voulu nous donner une chance..
- Mais..
- ..Lors du combat, nous avons éliminé bien des ours grâce à cela. Nous avons finalement perdu. Mais s'il n'y a eu que deux morts, c'est grâce à elle !
- Co..Comment... Et si un loup se prenait dedans ?
- Justement, elle les avait étudiés pour qu'un loup soit trop léger et ne casse pas les branchages, contrairement à un ours. Mais Tornade...
- Je vois.. Cela a dû être difficile pour toi de venir me dire tout cela, non ?
- Pas tant que ça. Si je suis venue, c'est parce que j'ai parlé avec Avalanche et, à vrai dire, c'est elle qui m'a dit de parler.
- Elle ? C'est très honnète de sa part, mais sait-elle bien ce qu'elle risque ?
- Oui. Elle en est parfaitement consciente.
- Hmm... Je vois. C'est très noble, ce qu'elle fait. Vraiment... Bien, j'ai dit à Tornade de n'en parler à personne, faites-en de même. Autant ne pas décourager les guerriers tant que la guerre n'est pas finie, nous verrons cela après...
Il mit fin à l'entretien. Je sortais déjà quand il me rappela, plus nerveux qu'avant.
- Tempo... Ta mère veut vous voir.. Toi et Avalanche..
Le nez dehors, je lui jetai un regard en biais. Il avait l'air abattu, anxieux. Je décidai de ne pas m'attarder et lui dit au revoir.
Une fois dehors, je cherchai Avalanche. Il fallait que je lui raconte tout. Guerre n'avait pas encore prononcé de sentence, il avait même remis cela à plus tard. Cela leur laisserait le temps de réfléchir à de bons arguments.. De plus, il n'a pas paru très en colère contre ma soeur. Certes, elle avait bafoué l'honneur des loups face aux ours. Mais il avait jugé son attitude noble et digne de confiance. Peut-être avait-elle une chance ?
- Hmm... Je me demande bien ce que nous veut Cono.
- Pardon ?
Je sursautai. Avalanche était juste derrière moi. Elle avait attendu la fin de mon entrevue avec Guerre pour que je lui en fasse le récit.
- Ah ! Tu tombes bien, je te cherchai !
- Ca, je m'en doute un peu. Alors ? Comment ça s'est passé ?
- Mouais.. Je dirais même assez bien.
- Cool ! Il a dit quelque chose ? A propos de moi ?
- Non, il a dédaigné se prononcer avant la fin de la guerre... Oh ! si, il a dit quelque chose sur toi. Et c'est un bon présage ! Il a approuvé ton attitude. Il a semblé apprécier le fait que tu te dénonces.
- Chouette ! Je sais que je vais m'en sortir ! Tu n'as plus de soucis à te faire, je ne te quitterai pas !
- ...Je sais bien que ce sont de bonnes nouvelles, mais tu es, encore une fois, trop optimiste à mon goût. Je ne pense pas qu'il oublie l'affaire aussi facilement...
- Non, mais il peut faire semblant. Et puis, si nous gagnons la guerre, il n'aura quasiment rien à me reprocher. Je pourrai toujours plaider que c'est cela qui nous a donné la victoire. Et je pense aussi qu'il ne voudra pas gâcher la joie de nos fabuleux guerriers par une si triste nouvelle.
- Où vas-tu chercher tout ça ?
- Bah, je te l'expliquerai plus tard.
- Tant que j'y pense, il a dit que Cono voulait nous voir..
- Maman ?
- Oui. Et il paraissait autrement plus inquiet...
- Allons-y immédiatement. J'ai comme un mauvais pressentiment..
- Moi aussi. A ton avis, où est-elle ?
Instinctivement, nous nous dirigeâmes vers la rivière. On l'y trouvait toujours quand on avait besoin d'elle. Et, encore une fois, elle y était, assise sur une grande pierre plate qui surplombait les eaux claires. Dès que nous la vîmes, nous sûmes tout de suite que ça n'allait pas. Le regard vague, elle observait les gouttes danser sans même les voir. Elle ne semblait pas nous avoir entendues, perdue dans ses pensées. Ma soeur et moi échangeâmes un regard inquiet.
- Venez, toutes les deux.
Nous sursautâmes. Elle n'avait pas levé les yeux. Nous nous avançâmes vers elle à petits pas, aussi silencieusement que possible.
- Je... je dois vous parler.
Elle avait tourné la tête vers nous. Deux traits secs se dessinaient sur ses joues. Quelques gouttes salées y étaient encore et faisaient briller les longs poils blancs auxquels elles s'accrochaient. Ses grands yeux bleus semblaient fanés, tant ils avaient pleuré. Cependant, elle reprit d'une voix grave, presque morte.
- C'est délicat à dire.. Vous n'allez pas vouloir me croire, vous allez me détester, mais je ne peux éviter cela. J'ai gardé ce secret pour moi pendant trop longtemps, il est temps que je vous en fasse part..
Elle nous regarda au fond des yeux, comme quand elle voulait nous dire quelque chose d'important, quand nous étions petites. Elle insista, même silencieuse elle semblait nous mettre en garde. C'est comme si elle nous testait, attendant de voir si l'on était prête. Mais ni moi, ni Avalanche ne bougèrent. Quand son expression se relâcha, celle-ci murmura :
- Nous t'écoutons, nous sommes prêtes...
Alors Cono se tourna à nouveau vers la rivière. Elle ne pouvait nous le dire en face, elle semblait avoir honte. Quand elle parla, ce fut d'une voix complètement brisée, éteinte, étouffée de douleur et de tristesse. Elle ne nous dit que six mots, et tout s'effondra.
- ... ..Je ne suis pas votre mère.
Je faillis crier. Mon coeur sembla lâcher, mon sang s'arrêter. Avalanche aussi était tendue. Je le sentais, elle ne comprenait rien.
- Co... comment... Tu...
Cono leva la tête vers le ciel et observa les nuages courir sur le vent. Ils passaient au-dessus de nous sans faire attention. En rien, ils ne se doutaient de ce que nous ressentions. Même moi, je ne saurai le décrire.
- Vous êtes orphelines. Vous avez été trouvées dans la forêt.
Elle fit une pause et reprit.
- Et vous n'êtes même pas des loups.
Quoi ? C'est impossible !
- Tu mens !
Je relevai précipitamment les yeux et ne pus réprimer un petit cri. Avalanche s'était presque jetée sur Cono, comme sur un imposteur. Elle la dévisageait avec une telle colère... Cono, elle, était restée calme. On ne pouvait rien deviner de son visage de marbre. Etait-elle peinée par l'attitude d'Avalanche ? Etait-elle en colère ? Amusée, indifférente ? Impossible de le dire.
Tremblant de rage, Avalanche était prête à s'effondrer. Elle semblait perdre la raison. Je restai pétrifiée, transpercée de part en part par le couteau glacial de la vérité. Je ne comprenais que trop bien ma soeur. Comment accepter une telle chose ? C'est Cono qui nous a élevées, nourries. Elle a fait de nous des guerrières.
- Cono ! Comment peux-tu nous dire une telle chose ? Ce n'est pas vrai ! Cela ne peut pas être vrai ! C'est impossible, tu le sais ! Impossible ! Tu entends ? Notre mère, c'est toi, et pas une autre ! Alors cesse de nous raconter des bêtises ! Si c'est pour nous tester, tu l'as, ta preuve ! Nous n'accepterons personne d'autre que toi.
Avalanche soufflait bruyamment. Essoufflée par son discours, elle n'en pouvait plus.
- Dis-moi que ce n'est pas vrai... Je t'en prie..
Mais Cono ne nia pas. Elle regarda celle qui avait été sa fille pendant tant d'années. Incapable de la rejeter, elle ne pouvait cependant lui cacher éternellement son secret.
- Avalanche, je suis fière de toi. Tu es devenue une belle jeune fille. Tu es forte et courageuse. Intrépide, tu ne recules devant rien. Ne recule pas devant la vie. Ce n'est pas maintenant que tu vas la fuir. Tu es arrivée trop loin pour ça, ne fais pas demi-tour ou tu le regretterais..
- Non !
- Je savais que vous auriez du mal à vous y faire. Mais il le faut.
Je ne pouvais plus me retenir. Moi aussi, j'allais vomir un flot de paroles. Je tentais de reprendre mon souffle, de m'en empêcher. Mais il fallait que j'intervienne.
- Cono, pourquoi ne pas nous l'avoir dit avant ? Quand nous étions plus jeunes, que nous ne comprenions pas. Nous n'aurions eu aucun mal à l'accepter, si tu nous avais élevées comme cela. Qu'est-ce qui t'as retenue ?
- Moi je sais !
La fureur brillait dans ses yeux, comme un feu de braises.
- C'est parce que les autres ne nous auraient pas acceptées. Ils nous auraient rejetées, sous prétexte que nous n'étions pas comme eux !
- Cono, est-ce vrai ?
Elle semblait sur le point de pleurer. Je m'en voulais, mais je ne pouvais pas abandonner. Elle avait commencé à nous expliquer, elle devait finir.
- Oui...
- Mais, alors, pourquoi nous l'avoir dit... pourquoi maintenant ?
- Je... Il fallait que je vous le dise..
Elle se tourna spécialement vers Avalanche.
- Je savais que tu avais posé ces pièges.. Tu n'aurais pas dû, tu le sais, mais le pire c'est que cela vient de ton véritable instinct.
- Comment cela ?
Avalanche parlait désormais d'une voix claire et innocente. Surprise, toute trace de colère avait disparue.
- Cono, que sommes-nous au juste ?
Une fois de plus, elle plongea son regard dans le mien. J'étais paralysée.
- Vous êtes humaines.
- Quoi ?!
Je regardai Avalanche. Elle me regarda. Nous avions parlé en même temps. Nous, nous nous ressemblions.
Profitant de cet instant de silence, Cono reprit ses explications.
- Vous étiez abandonnées dans la forêt. Vous aviez faim, vous étiez sans défense. Même si vous n'étiez pas des loups, je ne pouvais pas vous laisser ainsi. Je vous ai discrètement ramenées au camp, dans le terrier de Guerre. Vous avez repris des forces et vous vous êtes très vite montrées très vives. Nous avons décidé de vous garder. De peur que les autres ne vous rejettent, nous vous avons habillées de peaux de loups.
Nous la regardions avec des yeux incrédules.
- Vous connaissez maintenant toute l'histoire.
- Wahou ! C'est vraiment notre histoire ? Mais.. c'est... c'est incroyable, ça ! On est vraiment des spécimens, alors...
- Et pourtant vous avez su vous trouver une place parmi nous.
- "Nous" ? Nous en faisons aussi partie, de ce "nous" ! Ne l'oublie pas !
Pour la première fois depuis que nous l'avons vue ce jour-là, Cono sourit.
- Tu seras toujours la même, Tempo...
Pendant un instant, la même lueur de malice pétilla dans nos regards. Puis elle redevint la sage louve que nous connaissions.
- Il se fait tard, vous devriez rentrer..
- Oui, au revoir.
- Au revoir... maman !
Cette nuit-là, je mis longtemps à m'endormir. Je repensais aux évènements de la journée. D’abord mon entretien avec Guerre, puis les révélations de Cono...
Notre meute avait vraiment son histoire.
Et nous, nous avions la notre.

Désolée pour ce double post. Voici le chapitre suivant (et oui, vos encouragements donnent des ailes à mes mains qui ne cessent de taper sur le clavier pour vous corriger ce texte depuis que je suis rentrée !), j'espère qu'il vous plaira bien qu'il soit très triste...

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CHAPITRE 10 : TOUT A UNE FIN

Pendant le reste de la trêve, nous ne fîmes plus allusion à cette nuit. Seuls quelques regards gênés de temps en temps. Tous continuaient à nous prendre pour des loups, et nous nous en sentions l'âme.
Et bientôt, la guerre reprit. Nous n'avions plus qu'une manche à jouer. Cette partie serait décisive : le vainqueur remporterait la guerre.
Les ours avaient rappelé des renforts. Ils étaient frais et nombreux.
Les loups étaient toujours les mêmes. Et pourtant, on avait du mal à les reconnaître. Un sentiment de haine si féroce se peignait sur leur visage... Ils avaient l'air cruel mais cette couverture cachait un coeur pur et tendre. Ils étaient prêts à tout pour garder leur territoire. Ils étaient même prêts à donner leur vie pour la réussite des autres. Ce n'était plus pour eux-mêmes qu'ils combattaient, mais pour la meute. Pour l'esprit de chacun. Parée de mes plumes, j'étais moi aussi prête à me sacrifier pour faire honneur au clan et racheter mes fautes.
Jamais je ne m'étais aussi bien battue. Je sautai trop haut pour les ours, qui n'arrivaient pas à suivre ma progression. J'étais maîtresse de mon combat.
Kisha se servait de ses talents de chasseresse ; elle se tapissait dans un coin, à l'affût du moment propice. Quand un ours se tenait vulnérablement à proximité de sa cachette, elle bondissait et l'achevait sans attendre. Cette technique, bien qu'un peu lente, était très efficace. Grâce à elle, le nombre d'ennemis diminuait régulièrement.
Tornade. Sa blessure avait complètement cicatrisé et elle disposait de quatre pattes, ce qui est nettement plus pratique que trois. Elle en usait avec soin. Se servant de sa vitesse, elle se faufilait entre les pattes musclées de nos adversaires, telle un souffle d'air froid, donnant quelques coups de dents par-ci par-là. Cette ruse avait le mérite de semer la zizanie au sein du clan adverse.
Ah ! Tonnerre ! Celui-là, il était digne de Guerre. C'est le plus fameux combattant de la meute. Sa force est égale à celle des ours, et il s'en servait pour mener des un-contre-un. Il s'était allié avec Eclair, une louve à la fourrure d'un beau brun uni et bien fourni. Celle-ci passait inaperçue au milieu des ours, camouflée par sa couleur. Occupée à tenir tête à Tonnerre (ce qui n'était pas facile), la bête ciblée ne remarquait pas la présence d'Eclair, qui avançait à "pas de loup". Une fois assez proche, elle se concentrait, prenait son élan et sautait sur le dos du mammifère. Quand celui-ci se rendait compte de ce qu'il lui arrivait, il était déjà trop tard. D'un puissant coup de mâchoires bien ciblé sur le point faible de la nuque, la louve l'abattait. Je trouve que Tonnerre et Eclair vont très bien ensemble...
Au fond, je remarquai un autre loup qui se démenait avait rage. Curieux, je ne le reconnaissais pas. Mais en m'approchant un peu, je vis qu'il s'agissait de Tempo ! Elle combattait avec la furie du diable. Je crois bien qu'elle n'a jamais pardonné aux ours d'avoir tué Flèche. En cet instant, je l'en félicitais. Elle tuait de nombreux ours et, grâce à elle, nous gagnerions peut-être.
La bataille était pénible et, de ce fait, parut se prolonger éternellement.
Enfin, au petit matin, Tonnerre se dirigea vers moi, un sourire de loup sur les babines.
- Les ours battent en retraite ! Nous avons gagné !
- Hourra !
La meute toute entière reprit ce cri. Après trois mois de lutte, nous étions les vainqueurs. Nous pouvions être fiers de nous ! Cette bataille, je ne l'ai jamais oubliée. Et je pense que les autres loups non plus. C'était un combat magnifique.
- Tempo ! C'est super !
- Oh, oui alors !
- Nous avons sauvé notre honneur ! Nous avons battu les ours !
- Je te l'avais bien dit, qu'on gagnerait... Mais où est Guerre ? Il devrait venir célébrer notre victoire !
- Peut-être n'en sait-il rien ? Il a dû aller se reposer, et il doit encore dormir.
Mais soudain, une horrible pensée jaillit en moi. Il aurait forcément été réveillé par les cris. A moins que...
- Vite ! Il faut le retrouver !
- Oh non... Tu ne penses pas que...?
- Je crains le pire..
J'espérais de tout mon coeur me tromper.
Malheureusement, j'avais eu raison de m'inquiéter. Quand nous le retrouvâmes, ce fut allongé sur le champ de bataille, gisant dans une boue teintée de sang.
- Père ! Père, oh non !
- Père, nous avons gagné ! Père...
- ..Je... je suis fier de vous... Vous avez bien... combattu.. Je... Ne vous in.. inquiétez pas pour moi... Mourir au combat... est un honneur..
- Non, Père, ne dites pas ça !
- Cela ne doit pas être trop grave.. Vous pourrez vous en sortir, vous l'avez toujours fait !
- Non, Tempo... Pas cette fois.. Pas cette fois... ..Ah !...
- Papa !
- A... Avalanche..
- Oui ? Qu'y a-t-il ?
- Je... je te fais confiance... A toi de voir... si tu le dis... Après la guerre... C'est ce que j'avais dit..
- Je.. Je dirais tout, père ! Tonnerre s'occupera de moi, ne vous en faites pas. Mais je vous en prie, ne partez pas ! Pas maintenant !
- Il.. faut partir.. un jour... Et ce jour est venu...
- Non ! Vous ne pouvez pas nous faire ça !
- Que va-t-on devenir ? Nous avons tous besoin de vous !
- T.. Tonnerre est prêt... Il me remplacera.. Il se choisira une femme.. Veillera sur vous... comme il l'a toujours fait..
- Tonnerre...
- Avalanche... Tu es sa soeur... Il ne l'oubliera pas... il sera.. indulgent...
- Père ! Arrêtez, vous vous fatiguez !
- ..A.. adieu...
- Père ! Père !!
Sa voix, déjà très faible, diminua encore pour ne devenir plus qu'un murmure. Puis, après un dernier soupir, il s'éteignit, comme une fleur se flétrit.
- Non ! Père ! Ce n'est pas possible ! Nooooon !!
- ...
- Père !...
- ..Pourquoi ?
Etranglées de sanglots, Tempo et moi pleurions la mort de notre chef, et d'un père formidable. Les autres nous rejoignirent et mêlèrent leurs larmes aux notres. Kisha et Tornade vinrent pleurer à nos côtés. Tonnerre, silencieux, nous soutenait.
- Père...

suuuuuuuuuuuuuuuuper j'ai trouvé sa mort moins triste que celle de flèche lol ^^
vite la suite!

Lol.

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CHAPITRE 11 : UN NOUVEAU DEPART

Je m'en voulais. Je m'en voulais de l'avoir laissé mourir sans rien faire. Mais qu'aurais-je pu faire ? Le soigner ? Non. J’ai bien tenté de le retenir, de l'empêcher de partir, mais les mots ne guérissent pas. Je ne pouvais rien faire, sinon le regarder mourir, comme je l'ai fait. Je sentais qu'Avalanche aussi s'en voulait. Elle s'était abandonnée au chagrin, elle qui ne laisse jamais rien paraître de ses sentiments. Mais qui aurait pu se retenir, à sa place ? Seul Tonnerre en était capable. C'est ainsi qu'il nous a aidé à supporter cette tragédie.
Maintenant, selon la coutume, nous devions élire un nouveau couple dominant. Cono était en deuil, la mort de Guerre l'empêchait de conserver le pouvoir sans y être élue.
Tonnerre fut élu à l'unanimité chef de la meute, en compagnie d'Eclair. C'était un grand jour et, malgré la mort de mon père, tout le monde était heureux et acclamait les deux loups.
Mais Tornade semblait préoccupée.
- Dis, Tempo...
- Oui ?
- Tu es vraiment bizarre...
- Quoi ?
Qu'est-ce qu'elle voulait dire ?
- Pendant la guerre... Tu t'es déplacée sur tes pattes arrières, pendant un instant. Je n'avais jamais vu un loup faire une telle chose...
- Hein ? Euh... tu sais, j'ai toujours été un peu.. euh.. spéciale..
- Oui, mais j'ai essayé et c'est impossible ! J'aimerai que tu me montres comment tu fais.
C'était donc ça ! Je n'avais pas fait attention, et je m'étais conduite en humaine ! Heureusement, je crois que Tornade était la seule à s'en être aperçue.
- Ecoute.. euh...
- Tu ne veux pas ?
- Ce n'est pas si facile... Bon, je vais le faire.
Je fis attention à ne le faire que sur une courte distance, en faisant tout pour que cela se rapproche d'un saut. Mais quand Tornade essaya de le faire elle en fut incapable. Elle me regarda avec des yeux perplexes et je me sentis mal à l'aise. Si elle répandait la rumeur, Avalanche et Cono ne seraient pas contentes.
- Tornade, il faut que je te dise quelque chose...
- Quoi donc ? J’espère que ce n'est pas grave ?
- Cela dépend... En vérité, je ne suis pas un loup.
- QUOI ?! Qu'est-ce que c'est que cette blague ?
Comme elle ne me croyait pas, je poussai légèrement la peau de loup qui me recouvrait pour lui montrer mon corps. Sceptique, elle me regardait d'une drôle de façon et ne semblait pas vouloir me croire.
- Tends la patte. Comme-ça !
Je tendais ma main devant moi et attendais qu'elle pose sa patte contre la mienne. Elle le fit. Alors, pour bien lui montrer la différence, je remuais mes doigts... Elle sursauta.
- Que... que... qu'est-ce que c'est ?..
- Ma patte. Ou plutôt ma main.
- Mais alors... tu es humaine !
Elle semblait choquée. Je retins mon souffle. Si même Tornade ne l'acceptait pas, aucun loup ne l'accepterait. Heureusement, elle réagit plutôt bien.
- Mais, et moi ?
- Oh, ne t'inquiètes pas ! Toi, tu es bien une louve.
- Ce qui veut dire... que je ne suis pas ta soeur ?
- Nous ne sommes pas du même sang, mais nous avons été élevées par la même mère. Cela fait-il de nous des soeurs ?
- Pour moi, tu seras toujours ma soeur ! Quelle que soit ta nature !
J'étais heureuse. Plus que tout, j'avais redouté de la perdre, qu'elle ne m'accepte plus.
- Avalanche est comme moi.
- C'est une humaine ?
- Oui.
- ... ..Qu'allez-vous faire ?
- Faire...?
- Allez-vous... partir ?
- Cela dépend de vous.
- "Vous" ? Mais, tu es des nôtres !
Stoppée net, je réalisai que j'avais agi exactement comme Cono. Et dire que je l'avais critiquée sur ce point !
- Enfin, si les autres nous acceptent telles que nous sommes, nous nous ferons une joie de rester. Sinon, je pense que nous partirons.
- ...
- Viens, je crois qu'Avalanche est en train d'expliquer tout cela aux autres. Allons voir leur réaction.
Rien qu'en remarquant la stupéfaction de leurs visages, je devinais que ma soeur leur avait tout dit. Désormais, tout reposait entre leurs pattes.
- Je pense qu'elles devraient aller voir les sages afin de prendre la bonne décision.
Voilà une réponse digne d'un chef. Tous les loups acquiescèrent. Tonnerre n'en revenait toujours pas. Il nous dit "au revoir" comme on dit "adieu". Je pense qu'il ne croit pas à notre retour..
- Attendez-moi !
- Tornade !
- Je vous accompagne !
- C'est gentil de venir avec nous.
- C'est que... J'ai moi aussi une question à poser aux sages.
- Ah bon ?
Elle opina. Nous ne la questionnâmes pas plus. Après tout, si elle voulait nous dire de quoi il s'agissait, elle le ferait.

Après deux jours de marche, je commençais à décourager.
- Pff.. C'est bien Tonnerre, ça ! Il nous envoie à la recherche d'une montagne que personne n'a jamais trouvée ! Ca fait des heures que l'on cherche et toujours rien en vue !
- Tu sais, on ne voit pas grand chose avec ce brouillard.
- Ouais, c'est un coup à se perdre ! Si ça se trouve, c'est un truc pour qu'on ne puisse pas trouver cette fameuse montagne !
- Tu parles d'une épreuve ?
- Si c'est une épreuve, nous la réussirons et nous montreront que nous sommes dignes d'avoir une entrevue avec ces fameux sages ! Aux grands maux les grands remèdes...
Tornade, qui n'avait pas prononcé un mot depuis notre départ, sembla se réveiller. Elle s'arrêta pour humer l'air.
- Snif, snif !.. Je sens... une odeur de loup ! C'est par là, venez !
- Snif ?..
- Tu sens quelque chose, toi ?
Avalanche secoua la tête en signe de négation. Tornade était vraiment très douée ! Mais si ça sent le loup, elle a raison, c'est que la montagne est dans cette direction. Aucune meute de loup n'a son territoire dans les parages. C'est une région sacrée et, nous en venions d'en faire l'expérience, qui manque de visibilité.
- Tornade ! Tu es sûre que cela ne peut être une loup solitaire ?
- Impossible ! L'odeur est trop imprégnée. Non, il s'agit d'un ou plusieurs loups qui vivent ici depuis très longtemps !
Nous courûmes pendant quelques minutes, entraînées par Tornade. Enfin, une ombre noire se dessina dans le brouillard.
- Oh !... Regardez !
- Ouah, c'est magnifique...
La montagne, géant de pierre, avait surgit devant nous. Entourée d'un blanc immaculé aux allures mystérieuses, on aurait dit le milieu de l'univers...

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(Je corrige vite, en ce moment O_o)

toujours aussi cool !! bravo !!

EX-TRA-OR-DI-NAI-RE !

Jamais je n'aurais pensé que c'étaient des humaines !


Je suis épatée, et je te remercie des superbes moments que tu nous fait passer !

Merci
Et de rien. En fait, tout le plaisir est pour moi. XD
Non seulement j'ai adore ecrire cette histoire et reflechir au scenario avec ma meilleure amie, mais en plus, vous ne pouvez pas savoir comme c'est genial de voir que ca plait aux autres ! Rien que pour vous remercier, je vais me depecher de corriger la suite ^^
(En plus je viens d'ecrire une autre chanson en rapporte avec un moment qui arrive plus tard dans l'histoire, et comme je veux vite la poster je dois me grouiller de jouer les correctrices).

WAAAAAAAAAAA !

Géantissime !!!!!!!!!

Allez, rien que pour vous !

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CHAPITRE 12 : LES SAGES

L'ascension fut difficile. Un grand nombre d'éboulis parsemaient la pente. Alors qu'elle glissait sur l'un d'entres eux, Tempo décida de faire la grognon.
- Encore un piège pour qu'on n'atteigne pas le sommet !
- Oh, arrête de râler et accélère !
- Détendez-vous. Faites plutôt attention au terrain. Avalanche, éboulis droit devant !
Je l'évitais grâce à Tornade, mais Tempo n'y fit pas attention et dégringola de deux mètres. Tornade avait raison, il valait mieux regarder où l'on marchait plutôt que de se plaindre.
La montée continua en silence. Juste un cliquetis de pierres de temps en temps, commenté d'un râlement sourd.
Au bout d'un moment, Tornade, qui avait pris la tête, s'arrêta.
- Terminus !
- Chouette, j'ai les pieds en compote...
- Quoi ? Que se passe-t-il ?
Tempo, retardée par les glissements de roches, avait profité de cette halte pour nous rattraper.
- Tu vas être contente : finies les dégringolades. Nous sommes arrivées au sommet.
- Enfin ! Bon, une petite pause...
- On y va ?
- Bien sûr !
- Hey ! Attendez-moi !
- Alors, on traîne ?
- C'est pas juste !...
Un peu plus loin, trois loups, assis face à nous, semblaient nous attendre.
- Bonjour, mesdemoiselles.
- Bonjour...
- Qu'est-ce qui vous amène dans ce coin perdu.
- Attendez, vous êtes bien ceux que l'on appelle "les sages" ?
- En personne.
- Nous avions des questions à vous poser. Nous espérions que vous pourriez nous répondre.
- Et bien, posez vos questions.
Nous restâmes un instant sans bouger, puis je m'avançais en premier.
- Voilà, ma soeur et moi...
- Ah ! Mais vous êtes les filles de Cono ! Les petites humaines !
- Euh.. Oui..
- Ma question est la suivante : suis-je louve ou humaine ?
- Je ne sais pas..
- Qui sait ?
- Comment le saurions-nous si tu ne le sais pas toi-même ?
- Vous.. vous ne pouvez pas nous répondre ?
- Viens, je vais t'aider. Nous allons t'aider à trouver tes réponses toi-même.
- Comment cela ?

- Bien. Maintenant que nous sommes seuls, je vais t'expliquer notre manière de procéder. Tu m'as l'air bien sûre de toi, ce sera rapide. Nous allons chercher les réponses dans ton coeur.
- Dans mon... coeur ?
- Oui, c'est une façon de parler. Tu verras. Sans le savoir, tu vas répondre toute seule à ta question. Je vais juste te donner un petit coup de main...
Tu es prête ?
- Oui.
- Tout d'abord, toi, te sens-tu plus loup, ou plus humain ?
- Loup !
- Imagine que tu chasses.. Un lapin, par exemple. Tu as le choix entre un poignard ou une lance. Lequel choisis-tu ?
- Hmm... Le poignard. Il est plus facile à manier.
- Bien. Préfères-tu marcher ou courir ?
- Marcher.
- Tu préfères les chiens ou les renards ?
- Les deux sont des ennemis !
- Quel est ton animal fétiche ?
- Le vautour.
- Pendant le combat, tu te fais blesser gravement. Tu as la possibilité de fuir. Que fais-tu ?
A ce moment, je repensai à Tempo pendant la guerre. Elle n'avait pas hésité à mettre sa vie en jeu...
- Je continue.
- Cela fait.. 1, 2, 3 points loups, 1 point humain et 1 point nul.
- Cela veut dire que je suis un loup ?
- Oui. Tu as confiance en toi et tu connais tes limites. Tu peux retourner sans crainte dans ta meute.
- Chouette !
- Voici un petit récapitulatif des points de ta personnalité que j'ai découverts. Il pourra t'être utile un jour.
Si tu étais une arme, tu serais simple et efficace.
Si tu étais une allure, tu serais douce et calme.
Si tu étais un état, tu serais sauvage.
Si tu étais un sentiment, tu serais le courage.
- Merci ! Merci beaucoup !
- De rien. Cela faisait longtemps que l'on n'avait plus eu de visite. Comme tu as dû le remarquer, ce lieu n'est pas très accessible. Remarque, sinon, on n'aurait pas un seul instant de libre. Dans la vie il faut choisir.
- Vous avez raison ! Au revoir !
- A bientôt, petite.
Je parcourais le chemin qu'il m'avait fait suivre en sens inverse, le coeur léger. Le test avait eu lieu à part. Je vais pouvoir annoncer une bonne nouvelle à mes deux soeurs !
Quand j'arrivai, Tempo était déjà partie.
- Alors, Avalanche ? Comment ça s'est passé ?
- Très bien. C'était rigolo, il ne m'a même pas donné de réponse, il a fait en sorte que je la trouve moi-même sous forme de test. Puis il m'a fait un portrait chinois. Ils ont vraiment l'air de s'ennuyer... En tous cas, il était très sympathique. Et moi qui pensais que j'aurais à faire à un vieux loup grisonnant attaché aux coutumes et qui parlerait sous forme de métaphores !
- Ah ah ! Tu as eu de la chance ! La mienne avait sans cesse les sourcils froncés et je la sentais prête à me sauter dessus au moindre faux pas...
- Ah ! Tu es passée ?
- Oui, et j'ai eu la réponse que j'attendais. Beaucoup plus classique, mon "examinatrice" a consulté une sorte d'arbre généalogique de notre meute et m'a donné la réponse, simple et claire.
Je lui jetai un coup d'oeil interrogateur. Elle ne m'avait toujours pas parlé de sa question !
- Hmm.. Je suppose que tu te demandes quelle était ma question ? Je vais te le dire.
Je la regardai d'un regard assidu où se mêlaient la gêne et la curiosité. Elle sembla sur le point d'éclater de rire, mais elle se retint.
- Je lui ai simplement demandé quels étaient les loups dont vous portez la peau.
J'ouvrais des yeux ronds de surprise. Je n'y avais même pas songé !
- Et, sans vouloir être indiscrète, tu peux me dire de qui il s'agit ?
- Ta peau à toi est celle d'une louve appelée Féline. C'était une louve sans classe particulière, assez banale, hormis sa magnifique fourrure et sa beauté éblouissante. Les loups ne manquaient pas de lui faire la cour et ça faisait des envieuses ! Maintenant, je comprends mieux pourquoi tu es devenue la principale amie de la plupart des garçons de la meute. Avec une telle peau et un caractère comme le tien, ça ne pouvait pas manquer !
- Euh... ça n'a rien à voir !
- Ha ha.. Enfin. Tempo, elle, a la peau d'un loup plus particulier. Il était le fils de Balaffre lui-même et comptait lui succéder au trône. Mais un accident l'en empêcha. Mort bien avant son père, il n'a pas pu réaliser son rêve mais on lui fit l'honneur d'un grand et bel enterrement. Une fois sûr que l'âme de ce loup était partie se reposer pour l'éternité, Balaffre a fait déterrer le corps de son fils pour le garder. En luttant contre la pourriture, il en est venu à ne garder que la peau. C'est comme cela que Cono se l'est procurée, de génération en génération.
- Oh... ça, c'est une histoire !
- C'est vrai !
- Je n'ai jamais dit le contraire, j'ai juste dit que c'était extraordinaire.
- Oui, je n'en reviens pas que Cono ait pris un tel risque. Cette fourrure est tout de même très précieuse..
- Mais, j'y pense, quelle réponse as-tu eue ?
- Tu crois vraiment que je plaisanterai si j'avais eu une réponse négative ?
- Alors c'est bon ? Tu restes ?
- Oui, et pour de bon !
- Génial !
- Il ne reste plus que Tempo... Espérons qu'elle sera assez forte.

CHAPITRE 13 : LE CHOIX DE TEMPO

- Voici ma question : dois-je partir de la meute ?
J'étais rassurée que l'entretien ait eu lieu séparément des autres. Le loup qui s'occupait de moi avait l'air compréhensif mais très strict. Je pensai que ce serait une bonne chose, qu'il me donnerait une réponse claire, sans me juger. J'avais tout faux.
- Tu ne sembles pas très sûre de toi. Douterais-tu de ton camp ?
- J'ai toujours vécu avec des loups, j'ai même été élevée par eux. Cependant, je sentais bien que je n'étais pas comme les autres. J'étais différente. Quand on m'a annoncé que j'étais humaine, j'ai beaucoup réfléchi et j'ai remarqué qu'Avalanche et moi avions des réflexes humains. D’ailleurs, plusieurs fois, des loups sont venus nous faire remarquer notre façon d'agir. Avant, je ne savais que répondre. Mais maintenant qu'ils savent ce que nous sommes, je crains que ce genre de "manies" ne les gênent. Il faut tout de même penser que les loups et les hommes ne se sont jamais réellement entendus. Les hommes chassent les loups... En fait, je me demande si mon côté humain ne ressort pas trop et je ne voudrais pas créer de troubles au sein de la meute.
- Hmm.. Tu as bien exposé ton problème. Donc, tu ne te sens pas à ta place ?
- En quelque sorte. Mais, d'un autre côté, il me serait impossible de vivre sans eux. Je ne supporte pas la solitude.
- Et les humains ?
- Cela les rendrait fous ! Je ne suis pas comme eux non plus. Ils me mettraient sous surveillance, m'analyseraient et autres choses. Ils ne seraient jamais capables de m'accepter. Je ne suis ni homme, ni loup, et pourtant je suis les deux...
- D'accord. En fait, ton problème n'est pas vis à vis de toi mais vis à vis des autres. Tu crains de les décevoir mais ne peux pas vivre autrement. Et tu te demandes si tu dois te sacrifier pour eux ou laisser passer ?
- Oui..
- La première solution est plus noble, nous sommes d'accord. Mais d'un autre côté, ils se sont tout de même attachés à toi et te perdre leur ferait sûrement de la peine. Dans les deux cas, tu risques de les troubler.
- Cela ne m'aide pas tellement...
- Et pourtant l'entretien est terminé.
- Quoi ? C'est... c'est tout ?
- Oui. Cette situation est très personnelle et la réponse te viendra du fond du coeur. je ne peux pas dicter ton coeur.
- Vous ne pouvez pas m'aider ?
- Mais je l'ai fait. Je t'ai aidé à éclaircir différents points et à résumer la situation, les choix et les risques. Mais la décision, tu devras la prendre seule. Et les conséquences... eh bien, tu verras !
- Bien, merci quand même. Au revoir..
- Au revoir, et j'espère que tu sauras faire le bon choix !

- Alors ?
- Oui, quel est ton résultat ?
J'étais retournée au point de départ où Tornade et Avalanche m'attendaient déjà.
- C'est dur à dire... il ne m'a pas donné de réponse.
- Comment ça ?
Je leur racontais toute l'entrevue dans les détails afin qu'elles m'aident, mais elles ne purent pas faire grand-chose.
- Ouh là ! C'est tordu, ton truc !
- Bah, c'est pourtant clair. Tu fais ce que tu sens que tu dois faire. Autrement dit, tu peux revenir avec nous.
- Ce n'est pas si simple, Avalanche. Je ne suis pas sûre de moi.
- Quoi ? Tu ne veux pas rentrer ?
- Si, mais..
Elle me regardait avec de grands yeux étonnés.
- Ecoute, je crois que je vais partir..
- Tu... tu vas partir ? Mais, tu disais que tu ne voulais pas que l'on se sépare, tu disais que tu ne supportais pas la solitude !
- Oui, c'est vrai. Mais, comme tu l'as fait auparavant, je fais passer le bonheur de autres avant moi. Je me sens plus un poids qu'autre chose, pour le clan. Désolée.
- Non, ce n'est pas vrai...
- Tu ne peux pas faire ça ! Tu n'as pas le droit ! Je.. je ne peux pas imaginer la meute sans toi !
- Tu t'y feras..
- Et Tonnerre ? Hein ? Il comptait sur nous pour l'aider !
- Il ne croyait pas à notre retour.
- ... ..Et Cono ?
Là, je m'arrêtais. Cono, notre mère, tenait encore à nous. Je n'osais imaginer la peine qu'elle ressentirait en apprenant mon départ. Je ravalais mes larmes.
- Non, Avalanche. Tu ne me feras pas changer d'avis.. Je n'ai pas le choix...
- Mais...
- Laisse.. Tu sais comme moi qu'elle se force à le faire. Essayer de l'en empêcher ne fera que rendre la chose encore plus pénible pour elle. Tout ce que tu peux faire, c'est lui dire adieu.
- Merci, Tornade.. Je suis peut-être une humaine, mais je sais que ma famille, c'est vous. Ce sont les loups, c'est la meute..
- ...Tempo !
Tornade se rua sur moi et me lécha le visage à grands coups de langue. Avalanche, elle, regardait, les yeux noyés.
- Au revoir, grande soeur.
Nous nous étreignîmes et, tandis que je tournais des talons, elle me murmura un "Au revoir...". Je savais qu'elle espérait que je revienne, mais mon choix était fait.
- Adieu ! Je ne vous oublierai jamais !
- Nous non plus !
- Bonne chance !
Et sur ces mots, je m'en allais, seule, à tout jamais.

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Et cette fois, je vais pouvoir poster mon poeme...

oOOooOOooOoOOoooOOhhh !

arrête ! c'est trop triste... j'en ai presque pleuré ...

tempo vas la rejoindre !

elles ne peuvent pas vivre séparées !

C pa possible...

nooooooooooooon trop triste !!!
mais tellement bien écrit

la suite!

Et voila pour vous, 4 chapitres d'un coup ! ATTENTION : ce post contient LA FIN de l'histoire, alors profitez-en bien...

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CHAPITRE 14 : RETOUR A LA MEUTE

Nous laissâmes passer quelques minutes, puis Tornade et moi descendîmes de la montagne. Les trois sages nous regardaient partir d'un air grave et je n'osais pas leur dire au revoir.
Après quelques heures de marche, tristes et silencieuses, nous atteignîmes le camp.
Il était évident que l'on ne nous attendait pas. Pas un loup ne nous salua. Ils semblaient tous extrêmement tristes.
- Mais qu'est-ce qu'ils ont ?
- Je ne sais pas.. Regarde, beaucoup de traces vont vers là. Pourtant, ce n'est pas un chemin très utilisé, d'habitude.
- Allons voir où cela mène.
Nous arrivâmes face à une grande pierre noire. Là, les traces s'arrêtaient.
- Je pense qu'ils se sont souvent rassemblés autour de ce rocher, ces derniers temps.
- Mais, n'est-ce pas la pierre du néant ?
- Si, j'en ai bien l'impression...
- Mais qu'a-t-il bien pu se passer pendant notre absence ?
- Je ne sais pas. Peut-être que quelqu'un a quitté la meute ?
- ..Tempo.
- Ils ne peuvent pas le savoir.. Mais quelque chose est sûr, c'est bien la grosse pierre où l'on inscrit le nom de ceux qui s'en vont.
- Approchons-nous pour voir...
Nous nous approchâmes afin de lire ce qu'il y avait de gravé sur cette roche. Quelle ne fut pas notre surprise d'y découvrir l'inscription suivante :
"Tornade, Tempo et Avalanche, parties chercher la Grande montagne, ne sont jamais revenues."
- Est-ce que c'est une mauvaise blague ?
- Non, je ne crois pas. Rappelle-toi, nous nous sommes perdues à l'aller. Et tu te souviens comme ils étaient tristes, à notre départ ? Je suppose que notre retard, plus la conviction de ne plus nous revoir leur ont fait douter de notre retour.
- Et bien allons leur faire remarquer que nous sommes là. Etre prise pour morte, ce n'est pas très gai !
- Oui, allons trouver Cono.
- Je propose que l'on cherche d'abord Guerre...
- Euh... Tempo ?
- Oui ? Ah, c'est vrai, j'oubliais... Allons donc voir Tonnerre.
Tornade supposa qu'il devait occuper la tanière du chef, celle qui fut le gîte de Guerre, avant.
- Tonnerre ?
Pas de réponse. Je renouvelai mon appel, sans plus de succès. Nous décidâmes de rentrer. J'avais à peine posé une patte à l'intérieur que j'entendis une voix qui n'était pas celle de Tornade derrière moi.
- Je peux vous aider ?
Je me retournai et vit Eclair.
- Euh.. Je... Nous voudrions voir Tonnerre..
- Vous ne le trouverez pas ici, il est parti chasser avec quelques autres loups...
- Kisha !
Elle se tourna vers Tornade, qui avait pensé à notre amie.
- Oui, en effet, Kisha est avec lui.
- Partir à la chasse sans moi ! C'est la première fois qu'ils ne m'attendent pas ! Merci, Eclair !
Je m'élançais en direction de la forêt, Tornade sur les coussinets. Nous n'eûmes pas à aller bien loin. Je les aperçus bientôt à l'orée de la forêt, revenant avec un gibier abondant. Ce n'est qu'à ce moment que je me rendis compte à quel point il était tard. Voilà pourquoi personne ne nous avait reconnues. Avec ce soleil couchant, j'avais peine à les différencier.
- Tonnerre ! Kisha !
C'est elle qui me reconnut en premier.
- Mais, je ne rêve pas... C'est Avalanche ! Avalanche !
Nous nous sommes rejointes en quelques instants.
- Comme je suis contente de te revoir !
- Et moi donc !
- Je pensais que je ne te reverrai plus jamais...
- Oui, j'avais remarqué.
- Ah ! La pierre...
- Et vous avez osé partir à la chasse sans moi ! Sans m'attendre !
- La meute finissait par avoir besoin de nourriture. Et puis nous ne savions même pas si vous reviendriez un jour..
- Tonnerre !
Je me ruais sur lui. J'étais si heureuse de les retrouver ! De son côté, Tornade se livrait au même manège que moi.
- Alors tu es revenue...
- Et Tempo ?
D'un coup, mon visage perdit toute sa joie. Pour la première fois depuis qu'elle nous avait quitté, j'avais envie de pleurer. Les autres s'en aperçurent et n'osèrent pas parler. Tonnerre m'entraîna devant.
- Elle est partie ?
- Oui...
- N'aies pas peur de pleurer, je suis là...

CHAPITRE 15 : LA FUITE

Je m'étais perdue dans le brouillard. Ou bien je l'avais fait exprès. Je ne sais plus trop... Je n'avais pas grand chose à faire, alors je cherchais à gagner du temps. Gagner du temps... Avant quoi ? Avant de disparaître définitivement dans la forêt ? Je n'en savais rien. J'avais bien dû tourner en rond pendant plusieurs heures. Les autres étaient loin. Je me décidais à prendre la route sérieusement.
- Je ne passerai pas par le camp. Je ne ferai que le longer. Ensuite, je m'enfoncerai dans la forêt jusqu'à un terrain où les loups ne vont pas, trop éloigné. J'y creuserai un terrier, je chasserai et mangerai un morceau. Ensuite, j'improviserai...
Je ne sais pourquoi je parlais tout haut. Après tout, j'étais seule. Peut-être pour me donner du courage ? Dans ma tête, tout s'embrouillait, tout devenait flou, confus. Je pensais qu'en exposant mes projets à vive voix, je les prendrais plus au sérieux. Mais c'est à peine si je me rendais compte de ce que je disais. Cependant, je savais ce que je devais faire.
J'errai encore un moment dans une nappe blanchâtre avant de déboucher sur la plaine, tout à fait dégagée. La forêt se trouve là-bas, tout droit. Mais j'allais devoir faire un détour afin d'éviter les ours. Même s'ils nous ont laissé notre territoire, ils habitent toujours la plaine et seraient trop contents de pouvoir se venger de leur défaite. Je devais faire attention.
Une bosse assez haute bordait la plaine tout du long. Je passais de l'autre côté afin de me cacher d'éventuels ennemis et continuai mon chemin. Bientôt, j'arrivais de l'autre côté de la plaine. La route montait légèrement, mais ce n'était rien comparé à la Grande Montagne. En haut, je me retrouvai sur un terrain vaste et dégagé. Je reconnaissais aussitôt le lieu où s'était déroulée la guerre. La vie y avait repris, comme si rien ne s'était jamais passé. J'entendis même un oiseau chanter. Je tournais la tête pour voir le feuillage d'un arbre s'écarter, dévoilant une petite boule de plumes, parée de deux ailes colorées. A ma droite se trouve le chemin qui longe la falaise et mène, à une demi-heure de marche, à une petite montagne. Kisha allait souvent y jouer avec son frère, malgré les interdictions d'Akitaine, leur mère. Et là, derrière les buissons, se trouve la meute. Si j'osais... je jetais un rapide coup d'oeil. Les loups semblaient extrêmement tristes.
Se serait-il passé quelque chose ? Ils regardent une drôle de pierre avec des noms dessus.. Oh ! Cette pierre, je la reconnais ! Voyons voir.. le dernier nom, c'est T.. Tem... Tempo ! Non, ce n'est pas vrai ! Ils ne sont pas aussi tristes à cause de ça, quand-même ? Ils ne comprennent pas que c'est mieux ainsi ! Il vaut mieux que je parte. J’irais vivre dans la forêt, loin de tout le monde ! Je fais ça pour qu'ils soient heureux et ils pleurent ! C'est injuste !
Je m'enfuis alors dans la forêt, à tout jamais.

CHAPITRE 16 : LE VIDE

Je l'avais remarquée, ce jour-là. Quand elle se cachait dans les buissons. Je l'ai vue comprendre, puis s'enfuir.
Et je n'ai plus rien vu.
Plus rien entendu.
La vie était comme dépourvue de sens, et le monde semblait dépourvu de vie. Je savais qu'elle était partie dans l'idée de ne plus revenir. Je l'avais lu dans ses yeux.
Depuis ce jour, un vide s'est installé dans mon coeur. La vie, peu à peu, a repris son cours normal. Mais ce n'était pas pareil. Lors de la fête d'Agnou, Tornade me racontait qu'elle se sentait seule. Désormais, c'était elle qui devait s'occuper du rituel.
Le temps passait. Cono vieillissait. Je m'inquiétais pour elle.
- Comment te sens-tu, aujourd'hui ?
- Bien, merci...
- Ta voix est faible.. Oh ! Maman, j'ai peur ! J'ai peur pour toi ! Si peur...
- Ma chérie, ne t'inquiètes pas pour moi... Chaque être est fait pour naître et mourir. Quand un être meurt, un autre naît. Et la vie continue, en cycle, encore et toujours. Les dieux nous permettent de vivre, pourquoi ? Nul ne le sait. Mais nous devons les en remercier. Et quand nous avons accompli ce qu'ils attendaient de nous, ils nous rappellent auprès d'eux. Alors, à ce moment, nous savons quel était le but de notre vie. Je ne suis, comme toi, qu'une simple existence qui subit les caprices des dieux.
- Mais qu'allons-nous devenir, sans toi ?
- Vous avez Tonnerre. Il vous protègera. Et puis, vous avez grandi. Regarde Etoile. Il est beau et fort, lui qui était si petit. Tornade vit avec Givre, désormais. Ils ne tarderont pas à se marier. Tonnerre et Eclair sont encore un jeune couple mais elle attend déjà des enfants. Et toi, tu es une belle jeune fille. Bientôt, tu trouveras ta place. Tu n'as pas à passer ta vie à t'occuper de moi. C’est fini, vous n'avez plus besoin de moi. Je vous ai élevés et je suis fière de vous. Ma tâche est finie, ne penses plus à moi. Plus tard, tu comprendras. Quand tu auras une famille, tu sauras t'occuper d'eux et tu ressentiras la même chose que moi...
- Oh, maman ! Ne dis pas de choses comme ça ! Comment pourrais-je ne pas penser à toi, qui m'as sauvée, alors que tu t'en vas ?
- Je ne... mourrai pas avant d'avoir revue Tempo. Quand elle rentrera, je ne veux pas qu'on lui annonce que je suis morte. Je veux revoir son sourire..
Je ne disais rien. Mais je continuais à me faire du souci pour elle, son état s'aggravait vite. Et puis je savais que Tempo ne reviendrait pas. Alors je lui disais "Oui, oui.." et je m'en allais. Souvent, j'allais dans la forêt. Et j'attendais. Je ne sais pas ce que j'attendais. Je crois que je cherchais Tempo, mais sans l'appeler, sans aller assez loin pour la trouver. Je savais que je ne la verrais pas. je ne voulais pas la voir. Mais je continuais à chercher quand-même. Un miracle..
- Tempo, pourquoi es-tu partie ?
Le temps passait et le vide était toujours là, grandissant, oppressant.

CHAPITRE 17 : SOLITUDE

Je ne sais combien de temps j'ai passé dans cette forêt. Des années... Mais je ne pouvais plus en supporter d'avantage. Après tout ce temps, la Solitude me guettait. Les autres me manquaient.
- Non ! J'avais juré de ne plus y penser !
Je ne devais pas y penser. Je ne pouvais pas retourner là-bas.
- Ils ont dû s'y habituer, m'oublier.
J'avais quitté la meute, je ne voulais plus y retourner. C'était fini. C'était du passé ! Mais le passé ne part jamais, et les souvenirs reviennent et nous ramènent lentement vers ceux qu'on aime. Ils me faisaient envie plus qu'autre chose, c'était insupportable ! Pourtant, sans souvenirs, on n'est plus rien.
Je m'effaçais peu à peu. J'avais sûrement déjà disparu de leur coeur. Je disparaissais de celui de la forêt...
- Non !!
Me couper de tout souvenir, c'était comme ne plus exister. Et la Solitude, elle, n'attendait que cela. Au départ, je devais résister jusqu'à ce qu'elle insiste. Et choisir où aller. Mais mes idées ont changées. Je ne peux plus retourner chez moi. Il ne reste qu'une voie : les hommes. Mais ceux-la, je n'y pensais même plus. C’est comme s'ils n'avaient jamais existé. Je savais désormais quel camp prendre, mais je ne pouvais le faire.
- Ahh !..
C'en était trop. Je me lançais en courant au travers de la forêt. Peu m'importait la destination, je l'acceptais. Je fuyais la Solitude.

Avalanche se retourna. Elle avait quitté Cono une heure auparavant. Elle s'était enfoncée dans la forêt pendant trois quarts d'heure et retournait au camp quand un cri attira son attention. Plus loin, elle entendait des brindilles qu'une course folle faisait craquer. Elle n'eut pas le temps de réagir qu'un paquet de fourrure noire, à peu près de sa taille, crocs et griffes dehors, déboucha à toute allure dans la clairière.

Le souffle coupé, je dévisageais la louve qui se tenait devant moi. Elle était belle et élancée. Mais dans cet magnifique animal blanc, je croyais reconnaître ma soeur, mon amie d'enfance.
- A.. Avalanche ?
- ...
- C'est bien toi ?
- ..Tempo !
Elle m'avait sauté dessus si soudainement que cela m'avait fait peur. Si méfiante quelques instants plus tôt, elle roulait avec moi dans l'herbe tendre.
- Je n'arrivais pas à te reconnaître ! Tu.. Je t'ai vraiment prise pour une louve, tu as tant changé !
- Toi aussi ! Je.. je n'espérais plus te revoir... Je n'en reviens pas de t'avoir enfin retrouvée !
- Tu.. tu ne m'as pas oubliée ?
- Bien sûr que non ! Et les autres non plus. Je viens tous les jours dans cette forêt, espérant trouver une trace qui me prouve que tu es en vie. Pourtant, je n'ai jamais osé aller plus loin que cette clairière. Tu as voulu partir, c'était ton choix, je devais le respecter.
- Il faut croire que le destin en avait décidé autrement.. Tu sais, je l'ai trouvée, ma réponse. je ne peux pas vivre loin de la meute, je souhaite revenir.
- Alors Cono avait raison.. comme toujours. Elle disait que tu reviendrais, qu'elle t'attendait.
- Maman ! Comment va-t-elle ?
- Viens, le temps presse.
Elle tourna les talons et s'élança sur un sentier de terre, parsemé de feuilles mortes. Comme c'était bon de courir avec elle. Mais elle semblait triste. La mine grave, elle ne dit mot de tout le trajet et courut d'un pas pressé. Arrivées près de la meute, elle bifurqua brusquement. Surprise, je trébuchais. Elle s'arrêta et m'aida à me relever.
- Que se passe-t-il ? Où va-t-on ?
- Maman est proche de la fin. Elle est vieille et fatiguée. Nous l'avons installée sur la grande pierre plate, au-dessus de la rivière. Elle t'attendait pour mourir, elle tient à te revoir...
- Maman ? Oh non ! Pas elle !
- Je t'en prie, ne pleures pas. Pas maintenant. Fais-le pour elle. Elle m'a dit vouloir revoir ton sourire et elle attend la mort sans peur, ne la déçois pas.
- J'essaierais.
Je crois que jamais je n'avais couru aussi vite. J'avais peur d'arriver trop tard. Dans cette course pour la vie, chaque seconde comptait. A tout prix, je voulais la revoir...
- Maman ! Maman !
- Tem.. Tempo... Oh !.. Je savais que tu reviendrais... Comme tu as grandi.. Tu vas pouvoir vivre heureuse, maintenant que tu es rentrée.. Maintenant.. je peux mourir...
Adieu...
Elle s'allongea lourdement sur la neige blanche et s'éteignit, heureuse.

CHAPITRE 18 : LA VIE EST ETERNELLE

Tout est allé si vite... Tant mieux. Je crois que Tempo n'a pas eu le temps de comprendre ce qui arrivait. Elle n'a pas versé de larme. Après l'adieu de Cono, Tempo est restée là, immobile. Elle cherchait à comprendre. Avant qu'elle n'ait eu le temps de comprendre, je l'éloignais. Elle n'a pas dit un seul mot. Je trouve que la forêt l'a aidée. Elle est plus calme, plus réaliste, elle comprend mieux. On ne pouvait rien faire pour elle.
Je marchais tout droit vers le terrier de Tonnerre. Tempo me suivit puis bifurqua à droite.
- Je vais prévenir Tornade !
Les loups la regardaient passer comme on regarde un revenant. Tout comme moi, ils ne s'apprêtaient pas à la revoir. Et pourtant...
- Tonnerre ?
- ..Qu'est-ce qu'il y a ?
- Une bonne nouvelle, accompagnée d'une bonne.
- Commençons par une bonne nouvelle : les petits sont nés.
- Les... Eclair ? Oh ! Félicitations !
Encore une fois, Cono avait eu raison. La vie continue.
- Viens les voir..
Ils étaient adorables ! Il y en avait sept. Un garçon gris, un fauve, un autre brun et noir, une femelle grise, une autre brune, et deux blanches. Certains mourront dans le mois à venir mais les autres avaient l'air robuste. Ils devaient tenir ça de Tonnerre, tandis que les femelles ont toute la finesse d'Eclair.
Mais je n'avais pas oublié la véritable raison de ma visite, et Tonnerre non plus.
- Alors, quelles sont donc ces informations que tu devais me donner ?
- Tonnerre ! Maman est...
- ...morte.
Pour une fois, Tonnerre tituba. La nouvelle, annoncée si directement, lui avait fait un sacré choc. Tornade, qui venait d'arriver, avait commencé la phrase sans ménagements. Mais il s'en remettait déjà.
- Il faudra.. l'enterrer.. avec tous les honneurs possibles. J'aurais voulu lui annoncer la naissance de mes petits...
- "Une vie s'éteint, d'autres s'allument". Tu n'aurais pas pu.
- C'est.. elle qui t'a dit ça ?
- Oui.
- J'espère qu'elle sera heureuse, là-bas...
- Oh ! Ne t'inquiètes pas pour ça.. Elle a dû retrouver Guerre, Flèche et bien d'autres loups. Peut-être chasse-t-elle en compagnie des dieux.. Et puis, elle est morte heureuse. Cette autre chose, que je voulais t'annoncer, c'est ça qui lui a permis de mourir sans crainte...
- Coucou !
Tonnerre tourna la tête en direction de l'entrée du terrier pour découvrir Tempo.
- T.. Tempo !
- Et oui, c'est moi ! Je voulais te demander la permission... de revenir.
- Accordé !
Tonnerre lui sauta dessus et la barbouilla à grands coups de langue. Ils riaient aux éclats et leur joie était contagieuse.
- Mais, ce sont tes petits ? Ils sont adorables ! Félicitations à tous les deux !
- Merci...
La voix faible d'Eclair nous parvint du fond du terrier. Allongée sur le flanc aux côtés des petits, elle semblait encore faible. Mais cela lui passerait.
- Il faut prévenir tout le monde que Cono est partie...
- ...Et que Tempo est revenue !
- Cela fait du bien d'être à nouveau tous ensemble !
Tornade avait raison : c'était super ! La vie reprit, comme avant. Avec ses jeux et ses rires, ses amours et ses peines. Le vide était parti. La mort nous accompagnait en amie, échangeant une vie contre une autre, avec justice.
Depuis toujours, le monde tourne et les coeurs battent.
Toujours, le monde tournera et les coeurs battront.

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Et voila, c'est fini... Mais ne vous inquitez pas, le Tome II est en cours de realisation ! Il suffira d'etre patient.
(Vous pouvez toujours relire celui-la ^^)

suuuuuuuuuuuuuuuuuuper vivement la suiiiiiiiiiiiiiiiiite

c'est géant !

bravo, bravo ! :!: :!: :!: :!: :!:

Michi !
(et merci aussi de les avoir mis en post-it)

lol!!.... Alors tempo...:l_laugh: