Une autre, une autre ^^

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CHAPITRE 12 : UN AVANT-GOUT DE LA TRAHISON

Sur le chemin du retour, Fleur-d'Argent semblait songeuse. Mais je ne la questionai pas, preferant la laisser tranquile. S'il y avait quelque chose qu'elle voulait que je sache, elle me le dirait. Nous marchames donc en silence jusqu'a apercevoir le camp. Elle marqua un arret avant d'y penetrer et je songeai qu'elle devait se sentir angoissee et repugnee, a l'idee de se meler a ces loups. Je la suivis, vaguement inquiet, surveillant les mouvements de chacun d'entre eux. Je vis un groupe de loups, un peu plus loin, qui nous devisageaient. Je reconnus Balaffre et ses complices et remarquai avec horreur, comme si c'etait particulierement choquant, qu'ils ne craignaient pas de se montrer ensemble. Mais, bien entendu, personne ne pensait qu'ils n'auraient pas du se trouver reunis. Un frisson me parcourut le dos lorsque mes yeux rencontrerent ceux de cette brute, braques sur moi : si Fleur-d'Argent venait a mourir, je serais certainement le suivant. Mais, a ma grande surprise, le loup marque par la guerre esquissa comme un sourire douloureux. Trouble, je lui adressai un leger signe de tete avant de filer a la suite de mon amie, qui ne semblait pas les avoir vus. Ce monstre tentait-il de disculper mes soupcons ? Cet air presque triste me perturbait cependant, il ne semblait pas joue...
Nous quittames a nouveau le camp et je devinai que nos pas nous menaient, a l'oppose de la riviere, vers la clairiere ou Legende etait mort. J'avais compris que Fleur-d'Argent aimait s'y isoler, pour penser ou bien se reposer. La louve blanche s'avanca en effet au centre de la clairiere et se laissa tomber dans l'herbe. Je me dis qu'elle avait besoin de calme et decidai de demeurer en retrait. Je finis par m'allonger a mon tour et levai les yeux vers le ciel en soupirant. Tant de choses s'etaient passees en si peu de temps que c'etait etrange de penser que nous avions un moment pour souffler. Comme si le simple fait d'avoir repere le complot nous assurait la victoire et la justice... Il nous faudrit cependant beaucoup de courage et d'attention pour le devoiler au grand jour. Mes yeux fouillaient le ciel sans que je m'en apercoive, comme s'ils y cherchaient quelque chose. Je repensai a Meteore... J'eus un sourire triste. Elle me manquait terriblement. Mais j'avais fini par comprendre que, meme sans elle, la vie continuait. Oui, je devais vivre. Pour honorer le sacrifice de ma soeur. Pour aider Fleur-d'Argent a oublier comme elle m'avait elle-meme aide a le faire.. Je fermai les yeux et inspirai profondement. Je remarquai alors que l'air ici etait parfaitement pur. Sans doute pourrions-nous rentrer chez nous dans quelques jours. Meme s'il falait attendre le printemps pour que tout repousse, il ne tarderait plus. Et je savais que tous voulaient retourner sur les terres de leurs ancetres. Celles de la meute de l'Oree.
Je me retournai pour en faire la remarque a la louve et un cri jaillit de ma gorge.
- Non !
Fleur-d'Argent avait disparu.

J'avancais en trottinant, la truffe au sol, et je tachais d'aller le plus vite possible malgre le ridicule de ma position. Je m'eforcais de comprendre, sans succes. Je ne sentais que la trace de la louve. Pourquoi s'etait-elle eloignee, seule ? Ou allait-elle ?
Un coup de vent me porta son odeur : je la rattrappais. Je l'entendis meme parler, elle etait tout pres. Et elle semblait ne pas etre seule. Insinctivement, je ralentis et vins me tapir derriere un imposant bouquet de fougeres. Le vent etait tombe, elle ne devait pas me sentir. Elle parlait tout bas et je ne pus comprendre que le mot "temps", prononce d'une voix empressee. Elle me tournai le dos et je ne parvenais pas a voir a qui ele s'adressait, a cause des arbres. Mais en entendant le murmure d'une voix grave, je compris que c'etait un male. Je couchai les oreiles. Ma louve etait nerveuse et je me dis qu'elle devait s'attendre a ce que je la cherche. Le mouvement qu'elle fit pour se retourner ma confirma qu'ele etait pressee de partir. Mais a voir le regard qu'elle lanca a son interlocuteur, je sus qu'elle s'eloignait a contre-coeur. Et je ne sus pourquoi, mais ce regard me fit terriblement mal.
Je m'appretais a sortir de ma cachette, voyant qu'elle etait sur le point de s'enfuir, quand un bruit l'arreta net. Des pas. Je la vis regarder a nouveau vers celui dont j'ignorais l'identite et entendis la voix grave s'elever clairement.
- Attends !
Fleur-d'Argent avait a present des yeux inquiets, certainement craignait-elle de plus en plus que je la surprenne. Je froncai les sourcils. Cette voix, je la connaissais...
Je vis la louve blanche reculer de quelques pas et asociai un nom a la voix, a l'instant meme ou le male en question paraissait enfin a ma vue. Je retins un cri tandis que je braquai sur lui un regard horrifie : Balaffre ! Mon sang ne fit qu'un tour mais je me retins de bondir au secours de Fleur-d'Argent en voyant celle-ci se reprendre et le regarder calmement.
- Que veux-tu encore ?
Il grogna.
- Tu le sais tres bien. Ce n'est pas la premiere fois que je vous vois ensemble. Il traine toujours dans tes pattes...
- Je dois y aller. Et puis ca ne te regarde pas.
- Ca ne me regarde pas !
Il criait a present, un rictus mauvais etirant ses traits. Ma louve detourna le regard, et ce geste me troubla.
- Je n'attendais pas que tu te montres comprehensif, de toutes facons, siffla-t-elle.Tu en serais bien incapable...
- Comprenhensif ! Alors que j'ai toujours pris soin de toi !
Cette phrase me giffla comme un coup de vent sec. Je me souvins soudainement que Balaffre avait toujours ete attentionne a son egard. Que, depuis qu'elle etait toute petite, il avait ete l'un des rares a l'accepter comme nimporte lequel d'entre nous, qu'il allait meme parfois jusqu'a prendre ouvertement sa defense... Je la vis relever la tete, le foudroyant du regard. Elle s'appretait manifestement a repliquer mais je la vis avec surprise se raviser et, une nouvelle fois, elle detourna les yeux. J'entendis Balaffre murmurer quelque chose et je dus m'approcher un peu plus pour comprendre.
- Tu me decois...
Les feuilles rmuerent. Je compris qu'il etait parti. Fleur-d'Argent resta plantee la, visiblement ebranlee par la discussion. Puis elle pousa un soupir et s'eloigna a son tour, la queue basse. Ele sembla jeter un coup d'oeil autour d'elle et, haussant les epaules, s'en alla sans autre intention. Je devinai qu'elle ne prendrai pas meme la peine de retourner a la clairiere, se moquant bien, a present, de savoir ou j'etais.
Lorsqu'elle se fut eloignee, je m'assis, tremblant. Ainsi donc, elle avait rendez-vous avec Balaffre... Elle avait ose venir seule a sa rencontre, malgre tout ce qu'elle savait. Le souvenir de son sourire, qui m'avait tant trouble, me revint en tete et le doute m'envahit, amene par l'incomprehension dans laquelle j'etais plonge. Balaffre etait-il reelement responsable de la mort de Legende, puis de celle de Joker ? Nous serions-nous trompes a son sujet ? Ce "il" dont ils avaient parle... Etait-ce moi ? Il est vrai que je passais la plupart de mon temps avec elle mais, si le male ne cherchait pas a l'atteindre, en quoi cela pouvait-il le gener ? Une etrange idee me traversa l'esprit et me pinca le coeur... Seraient-ils amoureux ? Peu a peu, cette idee m'aparaissait de plus en plus evidente, tout collait... Mais alors... Tout ceci n'etait qu'un mensonge ? Une incroyable histoire a laquelle FLeur-d'Argent avait su me faire croire, invente de toute piece ? Le gout amer de la trahison m'envahit. Pourquoi tout cela, pourquoi tant de fourberie...
Je finispar rentrer a mon tour. Perdu. Blesse. Pret a me venger...

ohh non! Pauvre Jokinou!! =S Tu ne m'avais pas parle d'une partie comme ca ^^ s-u-p-e-r!

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CHAPITRE 13 : LA METAMORPHOSE

Decu et desoriente, je passai les jours qui suivirent a l'ecart, seul dans la foret. Je ne mangeais plus. Je n'avais plus gout a rien. Cette envie de survivre et de me battre qui, quelques jours plus tot, me donnait tant d'energie, avant disparu. Je repensais a ma mere, a Meteore, a ce frere que je n'avais pas connu, a mon pere... A quel monde avaient-ils echappe ? Un monde rempli de mensonge, de violence et de malheur ; un monde que je meprisais plus que jamais. Et qu'avais-je donc fait pour y demeurer ? Pourquoi n'etais-je pas parti les rejoindre, moi aussi ? A chaque fois, une seule reponse me venait a l'esprit.
Pour elle.

Cependant, loin de disparaitre, mon amertume n'avait fait que croitre durant ces quelques jours. Je devenais, sans le savoir, un peu plus fou chaque nuit passee seul. Sa scene dont j'avais ete temoin ne cessait de se rejouer dans ma tete, et plus j'y pensais, plus la haine grandissait en moi. Je m'etais mis a hair et a mepriser cette louve que j'avais si tendrement aimee. Je m'en rendis meme malade.
Puis, lorsque la deception et la folie eurent tout a fait raison de mon amour, je sentis grandir en moi ce desir de vengeance qui fait commettre, aux etres les plus doux, les crimes les plus atroces. Je n'avais plus qu'une idee en tete : la faire souffrir. Lui faire payer le prix de sa trahison. Il est ce ces sentiments qui font vivre une ame envers et contre tout, qui lui donnent toutes les forces du monde. Mais il est egalement de ceux qui vous detruisent le coeur, de ceux avec lesquels la raison ne saurait plus rivaliser. Et passer de l'un a l'autre est bien le plus grand pas qu'il fut jamais donne d'acomplir a qui que ce soit... J'etais devenu cruel, violent et hargneux envers le monde entier. Je me devais de l'etre envers celle qui m'etait la plus precieuse...

Cette triste nuit, mes pas me ramenerent vers le clan. Comme je le pensais, ils n'avaient pas bouge. Certes, l'air etait redevenu pur, a present. Mais les loups demeuraient abattus et fatigues. Ils attendaient encore un peu pour refaire le voyage en sens inverse. A premiere vue, la meute entiere semblait dormir, paisiblement. C'etait une nuit tres sombre, la premiere depuis l'incendie. Tous les autres soirs, des milliers de points lumineux avaient fait briller le ciel. Mais ce soir-la, d'epais nuages masquaient la lune et les etoiles ; c'est la raison pour laquelle j'avais attendu cette nuit pour agir. Comme une ombre, je m'avancai silencieusement entre les terriers. Je retins un grognement en passant devant celui de Balaffre : son odeur m'avait saute au museau. J'entendis murmurer a l'interieur, et si un loup n'en etait pas sorti a cet instant precis, m'amenant instinctivement a me cacher, j'aurais certainement bondi a l'interieur, crocs devoiles et bave aux levres. Malgre l'obscurite, je crus reconnaitre Cloud dans cette silhouette. Lorsqu'il eut file, visiblement inquiet a l'idee de se faire reperer, je repris ma marche jusqu'a la taniere de Fleur-d'Argent. J'eus un moment d'hesitation, durant lequel je me rappelai cette nuit passee a ses cotes. Mais la voix de Balaffre se fit a nouveau entendre dans ma tete et je grognai en penetrant dans la taniere. La louve releva lentement la tete, somnolente.
- Qui est la...
Sans un mot, je m'approchai d'elle. D'un geste vif, je la projetai violemment contre la paroi. Elle poussa un cri que la douleur etouffa, avant que le choc ne la rende inconsciente. La rage semblait decupler mes forces. Je pris la belle sur mon dos et m'enfuis dans la foret, traversant le camp aussi vite que possible, comptant sur les tenebres pour me camoufler. Cependant, j'entendis des loups reagir, certains semblerent meem me poursuivre. Mais, a les entendre s'agiter, ils semblaient plus deconcertes qu'inquiets. Je ne fis nullement attention a eux, et me contentai de trouver un rythme rapide mais regulier, afin de ne pas laisser tomber la femelle, ce qui m'aurait ofrce a m'arreter pour la remettre en-travers de mon dos. Tout ce que je voulais, c'etait atteindre le but que je m'etais fixe, au plus vite...
Fleur-d'Argent commencait a reprendre ses esprits lorsque je m'arretai et que je la laissai tomber sur le sol. Elle me regarda d'un air confus et effraye. Je la fixai froidement.
- Tu as voulu jouer avec moi, c'est mon tour...
Ses yeux s'ecarquillerent, elle m'avait sans doute reconnu a la voix. Mais je voyais bien que ma metamorphose la laissait petrifiee d'effroi. Alors je refermai mes crocs sur la peau de son cou et entrepris de la tirer jusqu'au bord du gouffre. C'etait la que Freedom avait trouve la mort. C'etait la que sa soeur irait le rejoindre. Parce que j'en avais decide ainsi...
Lorsqu'enfin elle comprit, il etait trop tard. Elle tenta de se debattre, de me hurler des paroles affolees. Mais je n'entendais rien. Je ne voyais que mon but qui se rapprochait de plus en plus, pas apres pas. J'etais plus fort qu'elle ; elle aurait beau se demener comme un diable, il me restait moins de trois pas. C'etait fini. Elle sembla le comprendre egalement et laissa tirer en me regardant, incredule, terrifiee...
Une ombre bondit dans la nuit noire. La choc me fit lacher la louve.
Je titubai.
Le sol se derobba sous mes pattes...

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CHAPITRE 14 : LE COMPLOT DEVOILE

Je voyais Fleur-d'Argent, la-haut, au bord de la ravine, horrifiee. Le cri qu'elle avait pousse resonnait dans ma tete. << Non ! >>. Non quoi ? Non...
Et il y avait ce loup, a ses cotes, febrile, qui me fixait de ses yeux d'or, froid, distant...
Moi, je tombais.
Puis, tout alla tres vite.
Des loups bondirent sur ces deux silhouettes qui s'eloignaient. Deux fois, encore, j'entendis la voix de la louve blanche.
<< Toi...! >>
Je devinais le combat qui se menait la-haut, mon esprit choisissant naturellement de penser a cela plutot qu'au sol duquel je me rapprochais de plus en plus.
<< NON ! >>
Puis, soudain, plus rien...

Tout etait noir, autour de moi. Engourdi, je ne ressentais rien, je ne bougeais pas... C'etait ca, la mort ? Un grand "rien" tout noir qu'il faut se contenter de regarder sans bouger, a tout jamais ? Mais si j'etais mort, pourquoi sentais-je cette douleur qui me devorait en silence...

Je m'etranglai. Apres avoir crache un peu de sang, les sensations me revinrent petit a petit. Mes yeux s'ouvrirent lentement, peniblement. Je me rendis compte d'une lumiere vive, mais je voyais encore flou. Mes oreilles bourdonnaient. Je ressentais beaucoup d'agitation, sans pouvoir entendre toutes ces voix que j'imaginais parler. Je me rendis enfin compte de ma respiration, penible et saccadee, qui m'oxygenait a peine. Et enfin de cette cuisante douleur de tout mon etre, si grande que je voulus hurler. Mais si je parvins difficilement a ouvrir la gueule, aucun son n'en sortit. Je sentis un contact frais sur mon visage, qui me sortit peu a peu du brouillard. Une jeune louve me lechait febrilement. Je parvins a trembler legerement ; elle se redressa vivement.
- Il s'est reveille !
A nouveau, je tentai a nouveau un mouvement, mais c'etait peine perdue. Si je semblais etre a nouveau capable de voir, d'ouir, et peut-etre meme de parler correctement, je demeurais inapte a tout ce qui m'aurait pris le peu d'energie physique qu'il semblait me rester. Ma tete me torturait, j'avais l'impression qu'elle allait exploser. En fait, je savais que c'etait un peu ce qui avait du arriver. Mais, aparemment, le choc ne m'avait pas tue sur le coup. En tous cas, posee au sol, tout ce qu'elle me permettait de voir se resumait a des pattes, au bout desquelles je devinai se trouver des loups. Relevant les yeux sans bouger la tete, je constatai la veracite de mon hypothese.
Beaucoup me regardaient.
D'autres, un peu plus loin, soutenaient une louve qui pleurait. Les nuages avaient disparu et la lumiere que j'avais tout d'abord sentie, je voyais a present qu'il s'agissait de la clarte de la lune. Je mis un bon moment a reconnaitre la louve en question. Je reposai mon regard sur mes compagnons qui me devisageaient. J'etais las et epuise. Ma chute, la lutte, en haut... Tout cela passait et repassait dans ma tete. J'articulai quelques mots a grand peine.
- Que s'est-il passe ?
Les loups echangerent des regards en silence, puis tous se tournerent vers Fleur-d'Argent, qui pleurait toujours. Autour d'elle se trouvaient des corps, visiblement sans vie -ses assaillants ? On m'avait donc remonte en haut de la ravine. Mais je sentais ma vie s'essouffler autant que mes inspirations, et je voulais comprendre.
Je vis Tonnerre s'approcher de Fleur-d'Argent et lui murmurer quelques paroles en pressant son flanc contre le sien, pour la reconforter. Mais la louve avait cesse de pleurer et gardait le visage severe, demeurant de marbre face a ces attentions. Ses yeux fixaient l'un des cadavres.
- Apoca...
Elle redressa la tete et se mit a crier d'une voix qui melait la haine et la douleur. Un bien effrayant melange...
- Il s'appelait Apoca !
Seul le silence repondit a son cri. Les loups presents ne semblaient pas fiers. Elle les devisageait tous avec froideur, semblant les accuser un par un.
C'est alors que nos regards se croiserent. Elle me fixa longuement, son expression se fit moins dure. Seuls le chagrin et le regret passaient dans mes yeux. Je lui rendis ce regard desepere, que je connaissais si bien. Puis, lentement, elle s'avanca vers moi. Elle se baissa pour deposer une leche sur mon crane supplicie. La douleur se fit moins intense un bref instant, avant de revenir. Ma louve me regardait toujours et je dus fuir ces yeux si tristes et brillants de larmes qui me parlaient, muets, silencieux.
- Je suis desolee...
Sa voix n'etait qu'un murmure.
Je decidai de me confesser, de lui dire ce que j'avais sur le coeur.
- Je t'aime.
Chaque mot que j'osais prononcer me tuait presque, tant j'avais mal, physiquement et mentalement. Elle prit du temps pour repondre, choisissants les mots les plus justes.
- Je sais. Mais j'avais feint de ne pas l'avoir compris.
Ma gorge se noua.
- Car tu en aimais un autre...
- Oui.
Nous nous tumes, chacun reflechissant a ce que cela signifiait.
- Pourquoi tous ces mensonges ?
Elle me regarda.
- Personne ne devait le savoir...
- Mais pourquoi... toutes ces histoires..
Elle me regarda, vaguement deconcertee. Elle ne semblait pas comprendre.
- Si tu aimes Balaffre, pourqu...
Je m'interrompis, a la vue de cet eclair de haine dans son regard. Elle ferma les yeux.
- Balaffre est mort...
J'observai le silence. Voila donc la cause de sa douleur.
- ...Tue par celui que j'aimais.
J'ecarquillai les yeux.
- Mais.. Je vous ai vus dans la foret !
Elle me regarda froidement.
- Et tu t'es donc enfui, comme un lache, sans seulement chercher a comprendre !
Elle soupira.
- J'avais rendez-vous avec Apoca, ce jour-la. Un solitaire que je voyais depuis peu en secret...
Inevitablement, je songeai a sa mere, Soleil-Noir. Elle avait commis les memes erreurs, avait goute a un amour defendu. Et elle l'avait paye de sa vie.
Fleur-d'Argent reprit son recit.
- Balaffre, qui me surveillait, nous a surpris. Toi, tu as du nous voir a ce moment. Apoca etait alors parti.
Je revis la scene dans mon esprit. C'etait possible.
- Il m'a fait la morale. Il savait que je connaissais ses intentions, mais il jouait toujours le jeu. Comme quoi il etait loyal, fidele et devoue a sa meute. Comme quoi il avait soi-disant pris soin de moi. Tout cela ne servait qu'a faire illusion, sauver les apparences de la crapule qu'il etait...
Je finis par lui poser la question qui me derangeait le plus. Je savais que la reponse ne serait pas joyeuse.
- Cette nuit, qu'est-il arrive...
Elle marqua un moment de silence. Je vis au regard accusateur qu'elel me lanca qu'elle se rememorait tout..
- Tu avais decide de te venger la meme nuit qu'ils avaient decide de se debarrasser de moi. Ils t'ont suivi et, lorsqu'ils eurent compris tes intentions, deciderent de te laisser faire. Mais Apoca etait la aussi, et il a voulu me sauver...
Sa voix s'etrangla. Je savais qu'elle ne pourrait en dire davantage. De toutes facons, la suite, je la devinais. En voulant la sauver, le male m'avait moi-meme pousse dans le vide. Voyant son plan dejoue, Balaffre egagea la bataille, epaule de ses compagnons qui s'etaient mis a le suivre aveuglement, naivement. Cependant, les cris de Fleur-d'Argent avaient du reveiller le reste de la meute. Les loups accoururent et durent se battre contre leurs compagnons. Les conspirateurs etaient morts. Apoca aussi...
Je soupirai.
Ce soupir fut mon dernier.

EPILOGUE

Les loups ne pouvaient plus, a present, tourner le dos a la conspiration. Ses acteurs etaient morts, la page etait tournee. Mais une nouvelle page restait a ecrire : l'oubli. Le passe est si dur a oublier... Certains loups avaient ete blesses durant le combat. L'entre d'entre eux etait morte. Elle s'appelait Tempo.
Ce fut Fleur-d'Argent qui mena le cortege des funerailles. La mere de sa mere, son plus cher ami, le loup qu'elle aimait... Tous trois prirent place aux cotes de Freedom et Legende, dont la mort venait soudain de prendre une nouvelle signification. Ecoeuree, Fleur-d'Argent quitta la meute au petit matin.
En milieu de journee, l'Alpha reunit les loups. Ils se mirent en route pour retrouver leur ancien territoire, fuyant ces terres maudites. Ils trouverent une foret qui renaissait de ses cendres. S'inspirant de la nature, ils ne reparlerent plus de l'incendie, ni de la periode qui preceda leur retour. La vie reprenait.
Mais si, dans son coeur, chacun savait qu'il n'oublierait jamais.

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"The End".