Belle frontière… Je regardais avec bonheur les terres qui s’offraient à moi : de la neige à perte de vue. Toute cette blancheur me rappela vaguement les nuages sur lesquels j’avais vécus. Me sentant d’humeur joyeuse je décidai de rendre une petite visite aux Celestials sans aucune arrière pensée, simplement me balader sur ces terres si belles. Non pas que je les préférais à celles de Paradise, loin de là, mais elles étaient si différentes… Dans les terres Angels je trouvais le bonheur d’une meute, et dans celles des Celestials l’agréable solitude. Mais dans un cas comme dans l’autre, les terres sur lesquelles je me baladais m’étaient toujours agréables, sinon je n’y allais pas (sauf en cas de force majeur). Lâchant un rapide soupir, je regardai avec amusement le petit nuage qui se forma devant mon museau. Un vent me poussa légèrement et je regardai les flocons de neige avec défi : on veut se battre ? M’appuyant sur mes pattes arrière je soulevai mes pattes avant du sol et poussai un court hurlement. Fouettant l’air de ma queue, secouant ma tête, je sentis l’adrénaline monter en flèche dans mon sang. Détendant mes muscles à la vitesse de l’éclair je partis en avant dans un galop puissant et rapide. J’accélérai encore un peu, veillant à garder une certaine noblesse dans ma course. Mes muscles stimulaient par le froid mordant de Sibeska ne demandaient qu’à se réchauffer : j’allais leur donner matière à évacuer le froid. Très vite je remarquai une présence au-dessus de moi : un magnifique faucon blanc volant au-dessus de moi. Levant la tête je poussai un nouveau hurlement et il me répondit par un cri aigue. Haussant les sourcils j’agrandis encore un peu plus mes foulées et laissai mes pattes épouser les formes de la neige pour ne pas perdre équilibre. Le faucon répondit à ma provocation en battant des ailes avec plus d’entrain. Plus je courrais et plus je le sentais qui se rapprochait de moi pour profiter des courants d’airs que je créais. Bientôt le faucon ne fut plus qu’à 1 mètre au dessus de moi et je pouvais presque sentir ses ailes caresser ma fourrure blanche quand il accélérait la cadence. Parfois, quand je ralentissais je l’entendais pousser un nouveau cri pour me motiver. Sa compagnie fort agréable me permettait de tenir aussi longtemps à une telle vitesse. Pourtant bientôt dans mes poumons l’air devint plus froid alors pour mieux me fondre dans cet air glacial je fis baisser la température de mon corps. Soudain un accès de bonheur irradia mon corps. Bondissant toute seule je fis comme ces magnifiques chevaux libres : donnant des coups dans le vide je m’amusai à pousser des hurlements. Le faucon se mêla à ma danse, passant sous moi quand je bondissais, tournant autour de moi quand je me dressai sur mes pattes arrière. Je me sentais bien, je me sentais accompagnée d’un être merveilleux qu’était le faucon.

Notre course s’était terminé en jeu entre nous deux, j’essayai de l’attraper quand il passait tout près de moi. Je devais ressembler à une gamine mais non je n’étais que dans un moment où je me sentais entièrement construite : il ne me manquait aucune partie. Fatiguée, la langue pendante, j’arrêtai mes galipettes quand je vis le faucon prendre de l’altitude. Gémissant je secouai ma tête : mais il ne revint pas. Soupirant je cessai de bouger et fixai avec tristesse le bel oiseau s’éloigner dans le froid. Baissant la tête, je restais immobile pendant de longues minutes. Ma respiration se calma, mon sang se réchauffa, mon corps reprit sa température habituelle et je me retrouvais plus seule que jamais. Haussant les épaules je repartis en marchant sur ces terres neigeuses, ignorant le vent qui voulait une nouvelle course. Plus maintenant… Continuant à me balader en admirant le paysage, je remarquai alors un curieux amas de neige : des monticules blancs dépassaient du paysage, posant dans de drôles de formes. Penchant la tête sur le côté je m’approchais calmement pour découvrir par quel moyen cette neige s’était retrouvée… Sous cette forme. Ce fut quand j’étais à 10 mètres que je remarquai la présence d’un loup. A vrai dire je ne voyais que deux petits yeux verts scintillants car le loup en question était entièrement blanc, comme moi. La neige masquait nos odeurs respectives pourtant je ne doutais pas un instant qu’il soit un Celestial. Mes yeux bleu azure le fixèrent un peu avant que j’ose me montrer. Continuant de marcher avec décontraction je passai entre un monticule grand et un monticule… Bizarre. En souriant je m’arrêtai quelques instants, sans faire attention au loup que se tenait un peu plus loin.

« Qu’est-ce que ça représente ? »

Ma voix, claire et pure avait traversé le silence. Je me retournai vers le loup et plongeai mon regard azure dans le sien vert. Je lui fis un presque clin d’œil avant de détourner mon regard pour fixer l’horizon, avec l’envie de revoir ce beau faucon. Dans mes rêves les plus fous, il viendrait me chercher, me ferait pousser des ailes et je retrouverai mes origines d’ange, oubliant tout ce qui me rattache et m’enchaîne à cette terre…